Le colloque international «Le GRAS, 25 ans après : les patients à l'épreuve des soins» se tiendra du 27 au 29 octobre 2016 à la bibliothèque de la faculté des sciences sociales (Université Oran 2). Il représente un défi important pour le GRAS, promu en 2012, Unité de recherche en sciences sociales et santé, lui permettant de valoriser ses recherches menées de façon régulière et tenace depuis 25 ans. Le colloque international est important pour tous les chercheurs en sciences sociales et les professionnels de santé qui souhaitent comprendre profondément les logiques, les contraintes et les attentes des patients socialement diversifiés, à partir d'enquête de terrain, pour rompre avec les jugements rapides, les étiquetages faciles et les préjugés sur ces derniers. Les cinq thématiques abordées font notamment référence aux transformations du statut du patient dans le système de soins et dans la société depuis l'indépendance, les inégalités socio-sanitaires dévoilées par les patients au cours de leurs différentes expériences de soins, les épreuves quotidiennes traversées par les malades chroniques (cancer, diabète, etc.) pour tenter de se soigner, les interactions entre soignants et soignés dans les différentes structures étatiques et privées (violence, négociation, jeux de pouvoir, etc.) et enfin la confrontation entre les savoirs médicaux et profanes. Le colloque international a nécessité un travail de préparation de deux ans. Il regroupera 32 intervenants (Algérie, Belgique, France, Cameroun, Côte d'Ivoire, Maroc, etc.). On notera une triple originalité du colloque. La première a trait à la production des actes scientifiques contenant toutes les communications intégrales des intervenants. Ils seront remis aux participants durant le colloque. La deuxième originalité du colloque international, et non des moindres, est la remise d'un document inestimable comprenant toute la production scientifique du GRAS (1991-2016) qui permettra aux chercheurs et aux praticiens de la santé d'accéder à des synthèses concises des ouvrages et articles produits pendant 25 ans. Demain, les responsables sanitaires ne pourront pas dire que rien n'a été fait dans le domaine de la recherche en sciences sociales et santé ! Tout a été mémorisé et disponible à l'Unité de recherche en sciences sociales et santé. Le travail de fourmi mené depuis 25 ans par les différentes équipes du GRAS sera l'objet d'une comparaison avec les recherches menées dans d'autres pays. La troisième originalité du GRAS est d'avoir réussi le pari d'organiser le colloque international en invitant des chercheurs internationaux de haut niveau, sans aucune dépense publique, après l'interdiction des responsables nationaux de la recherche de faire usage de l'argent pourtant disponible dans le budget de l'unité de recherche en sciences sociales et santé. Les organisateurs ont été contraints d'innover, de bricoler, pour trouver un soutien financier extrêmement modeste auprès d'une société privée, les obligeant à changer de lieu d'hébergement moins coûteux, à graver sur CD les actes du colloque, à penser à préparer de façon autonome les pauses-café, en cotisant entre les chercheurs. Le travail invisible, ingrat et non-reconnu (on est loin d'une culture de la reconnaissance), a été mené en partie grâce aux doctorants qui ont soif de savoir. Mais force est de noter que la «politique» de la recherche a navigué, sans une vision profondément adaptée à la société algérienne, entre le populisme autorisant sans compter l'ouverture d'un nombre impressionnant de laboratoires, pour bifurquer brutalement aujourd'hui vers l'autre extrême qui consiste à s'inscrire dans un autoritarisme restrictif sur le plan financier, laissant les chercheurs livrés à eux-mêmes. L'effet pervers est de radicaliser leur désengagement.