Mohammed VI a intercédé auprès du chef de l'Etat tchadien Idriss Deby, président en exercice de l'Union africaine (UA), pour une intervention auprès de la présidente de la commission de l'UA, la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma afin de transmettre aux Etats membres la demande d'adhésion de Rabat, déposée le 22 septembre dernier. Le roi estime que l'organe exécutif de l'UA prend tout son temps et que sa demande a été positivement traitée par Deby selon un communiqué du cabinet royal publié lundi dernier. En juillet dernier, Mohammed VI avait émis le souhait du retour de son pays au sein de l'UA, sans renoncer à «ses droits» sur le Sahara occidental. Cependant, la manière de Rabat de présenter son retour n'a pas été du goût de certains pays africains majeurs et le ton péremptoire et volontairement offensif du message du souverain marocain n'est donc pas passé actant un autre échec de la diplomatie marocaine qui pensait avoir mis l'Afrique sous lobby à la lumière de sa stratégie en direction du continent noir mise savamment en plan à travers un rapprochement avec les pays africains à coups d'effacement des dettes et de renforcement des relations bilatérales. Le retour du Maroc au sein de l'organisation panafricaine doit être validé par un vote, ce qui a fait dire à Alger, répondant à la demande de retour du Maroc sous conditions dans le giron africain, qu'aucune adhésion à l'UA ne peut être conditionnée après la lettre de circonstance de Mohamed VI qui devait être lue à l'ouverture du 27e sommet de l'UA qui s'est tenu à Kigali, mais qui a été zappée au grand dam du Sénégal. La réponse algérienne, tout en retenue, s'appuie sur l'acte constitutif de l'organisation continentale, comme l'avait expliqué le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel. Alger rappelle les fondements mêmes de l'UA loin d'évoquer la suspension d'un de ses membres qui ne peut se faire que lorsqu'il y a changement anticonstitutionnel dans un pays. Messahel évoque aussi la nature juridique de la volonté marocaine, précisant qu'on ne peut parler de retour mais d'adhésion dont les conditions sont dictées par l'article 29. Alger s'appuie sur la loi pour répondre au voisin alaouite lui rappelant qu'il faut l'accord de 28 pays, composant la majorité simple, pour que la demande d'adhésion soit acceptée, «mais sans conditions», encore une fois. Cet empressement marocain de retrouver son siège au niveau de l'UA coïncide avec les critiques essuyées par la candidate démocrate, Hillary Clinton, par le camp républicain après des révélations sur un nouveau don de 15 millions de dollars accordé par Rabat à l'ancienne secrétaire d'Etat américaine en échange de faveurs diplomatiques et économiques si on croit le site américain, Daily Caller. Des faveurs qui vont dans le sens d'un assouplissement de la politique des restrictions imposée par Washington aux investissements américains dans le Sahara occidental en raison de l'occupation illégale de ces territoires. L'argent accordé à la fondation Clinton, à l'époque où Hillary était secrétaire d'Etat, a permis à la compagnie publique marocaine OCP (Office chérifien des phosphates) d'intensifier son exploitation controversée des ressources minières du Sahara occidental occupé. Hillary Clinton aurait également tenté avec Lisa Jackson, l'ancienne chef de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA), de fermer une grande compagnie américaine de production de phosphate, Mosaic Compagny, basée en Floride au nom de prétextes environnementaux. La fermeture aurait en fait profité à l'OCP afin qu'elle développe ses activités en Floride en récupérant les parts de marché de Mosaic, selon la même source. Le républicain, Dennis Ross, représentant de Floride au Congrès américain a déclaré que « la Fondation EPA et Clinton doivent être entendus au sujet de leurs relations avec le gouvernement marocain et l'industrie du phosphate américain ». Ces informations viennent s'ajouter aux révélations de Wikileaks, la semaine dernière, sur un don de 12 millions de dollars attribué par le Maroc à la Fondation Clinton afin de pouvoir héberger l'édition 2015 de la conférence annuelle de la fondation à Marrakech. Un million de dollars supplémentaire a été versé par OCP pour couvrir les frais de la conférence. Le montant des dons marocains versés à la Fondation Clinton et révélés jusqu'ici, s'élève à 28 millions de dollars, selon Daily Caller.