Nombreux sont les malades algériens souffrant généralement de maladies dites complexes qui nécessitent un transfert à l'étranger, mais qui n'obtiennent pas le « OK » de la part de la Commission médicale nationale (CMN). En témoigne le cas du petit Fouad qui a bénéficié d'une prise en charge en Turquie, chez le groupe Acibadem, mais son transfert s'est fait grâce à un appel via Facebook et avec le concours d'âmes charitables. Une question se pose, qui sont les malades qui doivent bénéficier de la prise en charge de l'Etat pour des soins à l'étranger, étant donné que le petit Fouad a une maladie rare dont le traitement est quasiment impossible en Algérie ? Pourtant, les responsables du ministère de la Santé et ceux de la sécurité sociale ont toujours affirmé que les transferts pour soins à l'étranger sont autorisés dans le cas où il n'y a pas de possibilité de soigner la pathologie en Algérie ! Fouad souffre depuis sa naissance de « l'ostéoporose », connue sous le nom de maladie de Schönberg et des « os de marbre ». Cette maladie entraîne un dysfonctionnement des ostéoclastes. Il s'agit d'une maladie entraînant le décès de l'enfant avant 10 ans en l'absence de traitement. Le père du petit Fouad Hellal, que nous avons rencontré à l'hôpital Acibadem à Istanbul, a affirmé qu'il a été contraint de lancer une quête d'argent via Facebook pour soigner son fils en Turquie, après le refus de lui délivrer un avis favorable pour une prise en charge à l'étranger. Il a souligné que les médecins en Algérie l'ont informé qu'ils ne pouvaient lui faire une greffe de moelle osseuse qu'après quatre ans ; mais quatre ans passés, ils l'informent qu'il n'y a pas de service spécialisé traitant la maladie de Fouad. A six ans, l'enfant commençait à avoir de sérieux handicaps. Inquiet pour le sort de son fils qui commençait progressivement à perdre l'audition et la vision, en raison de la compression des nerfs par la formation exagérée de tissus osseux au niveau de la base du crâne, il décide de faire un appel à solidarité à travers les réseaux sociaux, plus précisément, à travers Facebook. Son fils avait besoin en urgence d'une greffe de moelle osseuse pour d'abord stopper les conséquences fâcheuses dues à la formation exagérée du tissu osseux au niveau du crâne et éviter à terme une mort certaine. La greffe de la moelle osseuse peut être faite avec de la moelle d'un donneur (allogreffe), ou la moelle osseuse du patient (autologue). Les coûts peuvent aller de 3000 à 4000 $ pour une greffe autologue, jusqu'à 676.800 $ pour les allogreffes. Ayant contacté plusieurs hôpitaux français au départ et d'autres hôpitaux turcs, le père de Fouad a opté pour le groupe Acibadem, qui offre des forfaits pour les patients des pays du nord de l'Afrique et des pays du Maghreb, notamment pour les Algériens. La transplantation de la moelle osseuse du père au fils a coûté en tout et pour tout, séjours compris, 85 000 dollars. C'est trois fois moins que les prix pratiqués dans les hôpitaux français et deux fois moins que ceux proposés dans d'autres hôpitaux en Turquie, précise le père du petit patient algérien. Mais, faut-il le souligner, même à ce prix, le père de Fouad avait besoin d'aide financière. Il a donc passé un appel de solidarité via Facebook. Il a pu grâce à la générosité des Algériens, notamment les proches et les habitants du quartier d'El Hamiz et de Dar El Beida, à Alger, collecter la somme exigée. Le transfert des 85 000 dollars s'est fait via la banque CPA, directement vers l'hôpital d'Acibadem à Istanbul, et ce, sur la base d'une dérogation. Le petit Fouad a effectué sa greffe, il se porte bien, et le personnel médical d'Acibadem le prépare pour une autre opération pour lui restaurer l'audition. Les appels de solidarité ne manquent pas sur Facebook ; des dizaines de pages Facebook ont été créées pour appeler à l'aide, relatant la détresse des malades, notamment des enfants atteints de maladies complexes et qui ont besoin d'être transférés à l'étranger, pour des soins. Certes, la greffe d'organes s'effectue depuis des années en Algérie, mais elle accuse un grand retard. Il y a une chance sur mille d'être greffé dans notre pays, ce qui pousse généralement les Algériens à se soigner à l'étranger à leurs propres frais, et ceux qui n'en ont pas les moyens, font la quête à travers les réseaux sociaux et les chaînes de télévision privées. 200 dossiers traités par semaine Les Algériens continuent de solliciter les structures hospitalières turques, vu les moyens dont ils disposent et les coûts qui sont nettement inférieurs à ceux pratiqués ailleurs en Europe. Le groupe Acibadem, à lui seul, traite une moyenne de 200 dossiers de patients algériens, qui sont transmis via leur bureau de liaison installé à Alger. Les patients algériens sont traités pour des maladies d'oncologie, pour neurochirurgie et pour la chirurgie cardiaque (complexe). Dernièrement, des demandes de patients ont été formulées pour la transplantation d'organes. Sur quinze patients étrangers, deux patients algériens sont déjà hospitalisés à Acibadem. A priori, la Turquie fait beaucoup mieux en matière de transplantation d'organe comparativement à l'Algérie, qui avance à petit pas et en comparaison aux autres pays arabes. Les centres de transplantation d'organes qui se sont multipliés en Turquie, depuis 2010, effectuent une moyenne de 1 300 greffes de foie et 3 000 greffes rénales en une année. Le groupe Acibadem à lui seul effectue une moyenne de 200 transplantations de foie et 100 transplantations rénales en une année. Le taux de réussite est de 92 %, alors que le seuil fixé par l'Etat turc est de pas moins de 80 % ; « chaque centre qui fait moins de 80 % de réussite dans la transplantation d'organes, sera interdit d'activité, c'est la fermeture carrément », nous dira le chef de service d'hématologie à Acibadem, le professeur Ramzi Amir. Le professeur a affirmé que 70 à 80 % des transplantations d'organes en Turquie se font sur la base de donneurs vivants. Et regrette le fait qu'un cas sur 50 « 1/50 » des transplantations se fait seulement sur des prélèvements d'organes sur des cadavres. Le professeur a affirmé que la majorité des Turcs refusent toujours les prélèvements d'organes sur les cadavres de leurs proches, souvent par conviction religieuse. C'est d'ailleurs le cas de tous les pays musulmans, y compris l'Algérie, où en dépit de l'existence d'un texte de loi régissant cette opération, outre les avis de religieux l'autorisant également, les prélèvements se font très rares. A noter en outre qu'avec toutes les avancées enregistrées en Turquie en matière de transplantation d'organes, beaucoup de patients turcs sont sur la liste d'attente. 25 000 d'entre eux attendent une greffe rénale, 2 500 dans l'attente de greffe du foie, 750 en attente d'une greffe du cœur et 70 dans la liste d'attente pour une greffe de poumon. Des bureaux d'Acibadem à Oran et à Constantine dès 2017 Les responsables du groupe Acibadem Health ont décidé d'ouvrir des bureaux de liaison à Oran et à Constantine d'ici 2017. Le nombre croissant de patients algériens les a poussés à renforcer leur présence en Algérie, et ce, après avoir déjà installé un bureau de liaison à Alger. Les responsables d'Acibadem ont affirmé que les besoins médicaux des Algériens sont différents d'une région à une autre. Les malades qui arrivent de l'Ouest, notamment de la ville d'Oran, sollicitent les hôpitaux turcs pour la grande chirurgie et la chirurgie robotique. Ceux qui viennent de Constantine ont besoin le plus souvent de la radiothérapie et le Pet Scan.