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Pourquoi les guerres et les crises poussent-elles les peuples à briser les chaînes de l'humiliation et de la servitude ? (1ère partie)
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 12 - 11 - 2016

Comment comprendre sur le plan historiciste les conflits qui font rage au Moyen-Orient ? Relèvent-ils d'une histoire chaotique de l'humanité ? Ou, au contraire, obéissent-ils à un mouvement rationnel de l'histoire ? Ce qui nous amène à nous questionner sur le devenir du monde.
Le premier élément qui apparaît et cela nous est donné par la nature même du monde physique qui relève d'une intelligence extrême par la situation de la Terre, notre planète sur laquelle nous évoluons, nous vivons et qui est d'une constitution et d'une régularité parfaite. La Terre tourne autour d'elle-même à une vitesse maximum à l'Equateur de 1700 km/heure, et autour du soleil de 108.000 km/heure. Et pourtant, nous ne ressentons rien dans notre corps céleste, ni rotation de la Terre sur elle-même ni autour du Soleil, ni comment ce corps céleste est suspendu dans l'espace intersidéral, mises à part les forces d'attraction et d'équilibre interplanétaires. Et nous avons été comme immobiles et l'humanité a longtemps cru pendant des millénaires que la Terre est plate et ne tourne pas. Et même depuis Copernic (1473-1543) et Galilée (1564-1642), cette thèse de la rotation de la terre autour d'elle-même et autour du Soleil, l'héliocentrisme, n'a été reconnue qu'à la deuxième moitié du XVIIIe siècle, soit environ 260 ans. Et qu'est-ce que 260 ans par rapport à 3000 ans ou plus ?
De même, pour les innombrables guerres et conflits armés qui ont jonché notre histoire, à l'instar des mouvements célestes du monde physique et des découvertes, ont-ils un sens ? L'histoire de l'humanité évolue certainement avec une intelligence parfaite sauf que nous n'avons conscience parce que nous sommes entraînés dans une guerre de tous contre tous, dont l'unique enjeu est le maintien d'un acquis de l'un sur l'autre ou la lutte pour ce même acquis. Une lutte de l'homme contre l'homme. Comme l'énonce Bourdieu " Tout être humain ou groupe d'humains est d'être guidé par ses seuls intérêts et d'écraser, dominer le reste du monde pour les satisfaire. Le propre de tout conflit humain, c'est que son issue est indécidable. On n'entend par là qu'il n'y a pas d'autre procédure pour rendre compte de cette issue que le déroulement effectif dans l'histoire. Certes l'histoire "tranchera" - c'est dire qu'elle décidera. Mais, de même jamais un coup de dé n'enlèvera le hasard, jamais les décisions de l'histoire n'aboliront l'indécidabilité propre à la lutte des hommes. De cette lutte, les résultats ne peuvent être déduits d'aucun principe universel, Raison, Nature ou autre. L'issue est en général une différence, celle qui distingue le vainqueur du vaincu - cette différence est toujours arbitraire. De là qu'elle peut toujours être remise en question et éventuellement changer de sens ou de signe, dès lors que le conflit dont elle avait provisoirement stabilisé l'issue repart de plus belle.»
Cette approche nous interpelle dans le sens que l'on doit tester notre humanité, comme nous comprenons de plus en plus les lois immuables du monde physique depuis Copernic, Galilée qui nous ont fait comprendre que la Terre n'est pas plate, mais tourne autour d'elle-même. Et cette avancée scientifique explique pourquoi le jour et la nuit, pourquoi la Terre tourne autour du Soleil, et donne un sens scientifique à la succession des saisons. Dès lors pourquoi s'en priver. Raisonnons ! quel est le sens de guerres ? Indécidables les guerres ? oui, puisqu'elles sont contingentes, mais compréhensibles ensuite ? oui ! Toute évolution globale de l'humanité va dans un sens positif, i.e. dans le progrès du monde. Cette vérité saute aux yeux. Est-ce que l'homme du Moyen-Âge ressemble à l'homme moderne ? Evidemment non, s'il lui a été possible de l'entrevoir. Par contre l'homme moderne peut comprendre l'homme du Moyen-Âge, parce que l'homme moderne a évolué et est passé par des stades historiques. Ce qui n'a pas été le cas de l'homme de ce temps passé. Donc l'histoire de l'humanité a un sens, et évolue toujours vers une élévation de l'intelligence, de la pensée, et facilite toujours plus la compréhension de l'évolution du monde. Aujourd'hui, le monde musulman, le monde intermédiaire entre l'Occident et l'Extrême-Orient, concentre sur lui toute l'attention du monde. Pourquoi ? Quelle est le sens de ce monde musulman dans la dynamique de l'histoire du monde ? Et s'il concourt à avancer le monde ? Sans que le monde musulman n'en prenne conscience. Ou s'il en prend conscience, il est plus affecté par les crises et les guerres que toute rationalité historique perd son sens. Ce qui n'est pas le cas pour les grandes puissances qui sont conscientes de l'impact du monde musulman dans le nouveau paradigme du monde.
Aussi, pour comprendre les événements d'aujourd'hui, comme la tragédie syrienne, irakienne, yéménite et dans d'autres parties du monde musulman, prenons pour commencement de l'analyse les guerres depuis la deuxième moitié du XVIIIe siècle, depuis que le pape Benoît XIV, surnommé le " pape des lumières ", a levé, en 1757, par un décret, l'interdit sur les ouvrages favorables à l'héliocentrisme. Les historiens devraient marquer cette date de début des Temps modernes.
Qu'en est-il de ces guerres qui se sont succédé pour donner le monde d'aujourd'hui ? Qu'augurent-elles les guerres en Irak, en Syrie, au Yémen, en Libye ? Qui sont toutes sous-tendues par les mêmes enjeux, les mêmes causes politiques, économiques et confessionnelles, que les guerres historiques passées - les mêmes intérêts, i.e. soit la survie pour un régime politique finissant soit la politique de domination ?
1. Premier cycle de guerre des Temps modernes. 1755-1815: les monarchies européennes de droit divin face aux contingences de l'histoire
Les alliances entre les monarques européens se faisaient et se défaisaient au gré des intérêts des uns et des autres. Le monde va se modifier. Il sera le théâtre des luttes entre les grandes monarchies d'Europe qui se targuaient, faut-il le rappeler, de droit divin, pour leurs peuples. Mais si les guerres de succession étaient incessantes - les monarques européens avaient tous un lien de parenté -, la "Guerre de Sept ans" va changer le cours de l'histoire des monarchies d'Europe.
Elle eut pour cause un conflit sur la mainmise des colonies d'Outre-mer. Une guerre qui débuta en 1755 dans les colonies et mit en prise les colons français du Canada et de Louisiane avec les colons anglais des Etats côtiers de la Nouvelle Angleterre, de Virginie, du Maryland, de Pennsylvanie…Il était de même dans les autres colonies européennes dans les autres continents (Inde, Afrique). Les monarchies se battaient pour arracher les conquêtes des autres. Des luttes donc pour l'hégémonie que leur puissance militaire leur octroyait sur les autres peuples colonisés et les richesses qu'elles retiraient de ces lointaines contrées. Mais cette lutte pour la domination affaiblissait les vaincus. Et c'est ce qui s'est passé pour la France pour qui la guerre qui a duré jusqu'en 1763 a été coûteuse et a eu des répercussions néfastes sur son économie. Elle a entraîné malheur et misère à la classe paysanne et des artisans, tandis que la classe aristocratique trop fermée et trop coûteuse saignait les finances publiques de la France. C'est le Tiers-état qui payait cette situation d'extrême inégalité, le poussant dans la pauvreté, le dénuement, la famine et la mendicité.
Cette fin de guerre a ceci de particulier est qu'elle a eu lieu alors que s'opérait déjà une mutation des consciences avec les "idées nouvelles" qui avaient pris naissance en Angleterre, en France, avec le philosophe anglais Locke qui érigeait en dogme la "souveraineté du peuple" basée sur les droits innés de l'homme (droit à la liberté, droit à la propriété). Que le pouvoir politique issu et surveillé par le peuple doit respecter en vertu d'un contrat social. Le libéralisme qu'il énonçait entendait que " Les hommes de l'état de nature étant des propriétaires sont engagés dans des échanges économiques pour subvenir à ce qui leur manque. Le rôle de l'Etat est justement de garantir ces échanges, sans qu'il intervienne dans l'ordre naturel des échanges. Il suit que le pouvoir politique trouve son origine dans le consentement de ceux sur lesquels s'exerce son autorité. Il est au service de la société et exerce son droit de gouverner pour arbitrer et corriger ceux qui tendraient à lui nuire.»
D'autres penseurs, philosophes et écrivains comme Voltaire qui dénonça les abus du pouvoir, Montesquieu qui prôna le régime constitutionnel dans «L'Esprit des lois», Jean-Jacques Rousseau qui réclama le gouvernement par le peuple dans le " Le Contrat social " et des économistes éminents de l'époque tels Quesnay, Turgot, Adam Smith qui jetaient les bases d'une nouvelle économie politique, sont tous venus marquer cette époque-charnière de l'humanité, marquant le réveil des peuples. Donc un esprit nouveau naissait en Europe et dans les colonies européennes, amenant le premier mouvement révolutionnaire contemporain aux Temps modernes. C'est la proclamation de l'indépendance des Etats-Unis d'Amérique en 1776, à cette époque les " treize colonies anglaises d'Amérique " qui, après une guerre contre l'Angleterre, sont parvenues à se libérer de la tutelle britannique coloniale.
Treize années plus tard, cette libération des treize colonies anglaises d'Amérique va faire tâche d'huile et provoquer la " révolution de 1789 ", qui va changer le cours de l'histoire. Ferment révolutionnaire, elle sera un aiguillon d'espoir pour tous les peuples du monde. En réalité, c'est l'histoire de l'humanité qui est en train de progresser, ou l'œuvre du temps qui fait progresser l'humanité dans la perception de son existant dans un devenir sans cesse renouvelé par les forces même de progrès du devenir. L'humanité ne peut être ce qu'elle est, elle n'est que par ce qu'elle doit être, i.e. devenir à chaque seconde, à chaque heure, à chaque année, à chaque siècle qui passe. C'est là le secret de la " Création " et du " Temps ". Et c'est d'ailleurs là aussi le secret de l'homme : " Il naît, grandit, œuvre dans le Temps, puis vieillit et meurt. " De même, " un système politique naît, grandit, œuvre dans le Temps, puis vieillit et meurt. " Et tous deux participent au devenir du monde. Rien n'est éternel pour l'homme, tout est contingent, tout est occurrence selon la " flèche du Temps ".
Et on le voit dans la première coalition de l'Europe qui s'est formée contre la France (1792-1797), pour défendre la monarchie-sœur de la France. Il est évident qu'un pouvoir populaire en France devient un danger pour les monarchies européennes. Il était impératif de rétablir la monarchie en France. Mais l'histoire-Temps avait déjà tranché, non seulement un stratège en génie militaire allait émerger, un homme inconnu, Napoléon Bonaparte allait être celui qui aura à guider un peuple épris de liberté et de dignité et mettra en échec toutes les armées de l'Europe coalisées contre la France. Et on comprend que si les armées européennes ont été vaincues par une seule armée, en l'occurrence l'armée française, c'est que le désir de combattre n'était pas le même pour celui qui combat pour la liberté que pour celui qui n'a aucune cause à défendre, sinon de servir les monarques. Un combat pour une cause qui est intrinsèquement à lui et pour lui, alors que l'adversaire combat dans l'indifférence de la cause en tant que celle qui lui est extérieure et entre dans la servitude, non dans la conviction de cet être qui est dépassement et sacrifice pour et en soi.
Toujours est-il cette révolution de 1789 et les guerres napoléoniennes scelleront un nouveau devenir du monde.
2. Période transitoire pour les puissances et les peuples d'Europe. Le reste du monde, un «monde engourdi»
Avec la défaite de Napoléon et son internement définitif, une phase de l'histoire s'est terminée. Mais le germe révolutionnaire est planté en Europe. Le programme de reconstitution politique et de remaniements territoriaux par les anciens souverains chassés par la révolution et rétablis sur leurs trônes (Congrès de Vienne en 1815) aura à durer un temps. Pour s'opposer à tout mouvement national-libéral en Europe, les grandes puissances monarchiques ont proclamé un principe d'intervention, i.e. pourront recourir aux armes pour rétablir le pouvoir absolu partout où il sera ébranlé. Mais cette sorte de société de secours mutuel qui liait les souverains unis par le pacte de la "Sainte-Alliance" ne pouvait résister aux sauts de l'histoire.
Un mouvement national-libéral et la liberté de presse en France, acquis de la première révolution, vont jouer un rôle essentiel dans la " révolution de juillet 1930 ", entraînant l'abdication du souverain et son remplacement par un nouveau monarque ouvert aux idées libérales pour éviter le " spectre républicain ". Cette révolution fit crouler le chef d'œuvre du Congrès de Vienne. " Même la prise d'Alger par le corps expéditionnaire français, le 5 juillet 1830, ne sauva pas la couronne de Charles X ".
Si la révolution de 1830 n'a pas bouleversé l'ordre absolutiste en Europe, à l'exception du cas belge, une vague de révolutions populaires vont traverser l'Europe et déboucher sur une autre révolution encore plus grave. Le même processus qui revient dans cette horlogerie de l'Histoire.
A suivre...
*Auteur et chercheur indépendant en économie mondiale, relations internationales et prospective.


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