Trois constats établis par le Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme (CAERT). Primo : entre 2.000 et 2.500 terroristes fuyant le Yémen, la Syrie ou l'Irak menacent directement les pays du Sahel et l'Algérie. Ces hommes de Daech, défaits militairement par les troupes régulières particulièrement en Syrie, lors de la bataille d'Alep, ont trouvé un terrain de repli grâce, dit-on, aux couloirs humanitaires imposés par Washington, l'Otan et leurs alliés du Golfe. Ils se rabattront certainement sur la Libye et surtout au Mali où la lutte antiterroriste menée par Paris a montré ses limites avec le retour sur la scène des groupes terroristes d'Al Qaïda. Le Niger reste aussi une éventuelle base arrière des fuyards encouragés par le manque de moyens matériels et humains pour faire face aux terroristes. De ces zones, ils pourront frapper l'Algérie ou encore la Tunisie et se disperser dans l'immensité géographique du désert. «Ces terroristes convergent vers le Sahel et tentent de s'organiser», a averti le commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union africaine. Deuxio : l'interconnexion entre terrorisme, trafic de drogue, trafic d'armes et traite des êtres humains n'est plus à faire. Les experts africains de la sécurité appellent à une plus vaste coopération internationale et à une implication directe des puissances occidentales qui concentrent toutes leurs forces dans la région du Moyen-Orient. Le Sahel, et partant l'Afrique, peut facilement devenir le nouvel Eldorado du djihadisme international. Place forte de quelques indépendants et de la franchise régionale d'Al Qaïda, la région offre des avantages indéniables sur le plan géographique et des ressources naturelles. Le pétrole du Nigeria et de la Libye ou l'uranium du Niger sont autant d'atouts économiques pour les groupes armés renforcés par une relative faiblesse des moyens de lutte antiterroriste. Tertio : alors que les 1.600 attentats terroristes recensés dans le monde en 2016 ont fait quelque 14.000 victimes, le continent africain continue de souffrir de l'indifférence des médias internationaux. Le traitement médiatique entre un attentat isolé en France et une tuerie en Somalie ou un attentat à la voiture piégée en Irak n'est pas le même. Les morts occidentaux ont plus de valeur et de poids que les victimes africaines ou arabes. Une vérité plus qu'un constat dont a déjà souffert l'Algérie lors de la décennie noire.