Ce n'était pas une surprise. Du moins pour ceux qui suivent les travées des sommets de l'Union africaine en général, et du fonctionnement des modes d'élection au sein de l'Organisation africaine. Le ministre des Affaires étrangères du Tchad, Moussa Fakhi Mahamat, est le nouveau président de la Commission africaine, et il prend de facto la succession de la Sud-Africaine Nkozasana Dlamini-Zuma, l'ex-épouse du président Jacob Zuma, et qui va présenter sa candidature pour les prochaines élections présidentielles à Pretoria. Le Tchadien Mahamat a remporté cette élection par 39 voix, après plusieurs tours devant cinq adversaires, dont la plus coriace aura été la ministre des Affaires étrangères du Kenya, Amina Mohamed. Au dernier tour, le nouveau Commissaire de l'UA était en duel avec la ministre kenyane des affaires étrangères. Trois autres candidats étaient également en lice pour la présidence de la Commission africaine (Secrétariat général), à savoir les chefs de la diplomatie du Botswana, Pelonomi Venson-Moitoi, de la Guinée équatoriale, Agapito Mba Mokuy, et le Sénégalais Abdoulaye Bathily (70 ans), plusieurs fois ministre et actuel représentant spécial du secrétaire général de l'Onu pour l'Afrique centrale. Le nouveau président de la Commission africaine était ministre des affaires étrangères du Tchad depuis 2008. Fakhi Moussa Mahamat, âgé de 56 ans, est un proche d'entre les proches du président tchadien Idriss Déby Itno, président sortant de l'Union africaine. Appartenant à l'ethnie musulmane Zghawa, celle du président, Mahamat est un fin connaisseur des grands dossiers internationaux, et il compte renforcer la lutte contre le terrorisme en Afrique. Soutenu par plusieurs pays, dont l'Algérie, il devra conduire les nouvelles réformes de l'Union. Le président de la République de Guinée, Alpha Condé, a été élu, lui, président de l'Union africaine. Ouvert peu auparavant, le 28ème Sommet de l'UA a désigné Alpha Condé comme successeur du président tchadien, Idris Deby, à la tête de l'UA. La présidence de l'UA revient d'ici le prochain sommet, conformément au système d'alternance, à la région ouest africaine dont les pays s'étaient mis d'accord pour la candidature unique du Guinéen Alpha Condé. En outre, les chefs d'Etat et de gouvernement ont également désigné le vice-président et les huit commissaires qui composent la Commission africaine. Les réformes de l'Organisation ainsi que d'autres thèmes liés à l'économie et le développement ont été également abordés en plénière par les dirigeants africains, qui accordent une grande importance aux projets socioéconomiques de l'organisation, en particulier ceux inscrits dans le cadre de l'agenda 2063. D'autre part, les questions de sécurité et de paix sont également à l'agenda des travaux de la 28ème session ordinaire, dont le thème est 'Exploiter les dividendes de la démographie grâce à des investissements dans la jeunesse''. Pour autant, le gros de cette conférence au sommet est réservé à la demande d'adhésion du Maroc à l'Union africaine. Rabat a fait sa demande officiellement au mois de septembre dernier, et ratifié les instruments de son adhésion en votant en faveur de l'acte constitutif de l'Union africaine, quelques semaines avant le début du sommet. Le Roi Mohamed VI et une forte délégation marocaine sont sur place pour appuyer cette demande, qui doit cependant être acceptée par la moitié des pays membres de l'UA, soit 28 pays à la majorité simple des voix. Mais cette adhésion devait être discutée lors d'une réunion hier lundi en fin de journée, à huis clos, des chefs d'Etat et de gouvernement. En outre, l'adhésion marocaine à l'UA pourrait également être reportée à la prochaine conférence au sommet du fait des réserves formulées par le conseiller juridique de l'UA, selon lequel cette demande d'adhésion est 'en contradiction'' avec l'acte constitutif de l'UA sur l'inviolabilité des frontières, c'est-à-dire la violation des frontières de la RASD, pays membre de l'Organisation. Les débats se poursuivaient hier lundi en fin de journée, sans qu'il y ait une décision dans un sens ou dans un autre.