La crise financière qui secoue l'Algérie s'étend bien au-delà de ses frontières et semble impacter directement son partenaire historique la France. L'une des conséquences directes de la décision prise par le ministre du Commerce par intérim, Abdelmadjid Tebboune, fin janvier dernier, est cet appel à l'aide lancé par le président de la Région Provence-Alpes-Côte-d'Azur qui a saisi le Premier ministre, Bernard Cazeneuve, pour sauver la filière de la pomme des Alpes d'une faillite imminente. Christian Estrosi, alerté par les professionnels de la filière, a reconnu que le marché algérien «totalement bloqué» est indispensable pour la survie du secteur. «Plus aucun producteur de pommes des Alpes ne peut exporter sa production», déclare l'ex-maire de Nice. Il en appelle directement à l'implication «en urgence» des plus hautes autorités françaises auprès de leurs homologues algériens «sinon nos producteurs mettront tous la clé sous la porte», prévient-il. Le marché algérien est qualifié par un Estrosi, inquiet, de «stratégique», absorbant plus de 40 % des ventes de pommes des Alpes. Si Estrosi est dans son rôle en appelant Paris à sauver son agriculture, il commet presque un impair en exigeant de l'Algérie d'instaurer un quota de 20 000 tonnes de pommes des Alpes «minimum», soit 15 millions de chiffre d'affaires pour permettre la survie des exploitations alpines qui connaissent des problèmes de trésorerie très importants». Rappelons que l'interdiction de l'importation des agrumes et légumes frais durant la période de récolte est effective depuis le 23 janvier dernier, date de l'émission d'une note de la Banque d'Algérie (BA) à l'adresse des banques et institutions financières de surseoir aux domiciliations bancaires des opérations d'importations de ces produits agricoles. Cette «suspension immédiate» répond à la décision d'interdiction prise, le 22 janvier dernier, par le ministère du Commerce, représenté, par intérim, par le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune qui avait donné des instructions pour l'interdiction de l'importation de toute sorte d'agrumes durant la période de récolte, «quelle qu'en soit l'origine». Intervenant lors d'une réunion de coordination élargie au ministère du Commerce, Tebboune a insisté sur la nécessité de réduire la facture des importations vu la disponibilité de produits locaux de même qualité. L'Algérie veut réduire ses factures des importations inutiles et superflues alors que le pays a toujours toléré une politique inadaptée en termes de commerce. A titre illustratif, sur les dix premiers mois de 2016, il a été importé pour 139,4 millions de dollars de bananes et pour 50,95 millions de dollars de pommes. 34 millions de dollars ont été dépensés pour les amandes, durant la même période, ainsi que 17,3 millions de raisins secs, 5,2 millions d'abricots secs, 10,15 millions de pruneaux secs et 19,3 millions de dollars d'ail. La crise induite par la chute drastique des prix du baril du pétrole a également touché par ricochet Alstom, considéré comme le principal partenaire français dans le secteur du rail. En effet, actionnaire de l'usine Cital avec l'Entreprise de constructions de matériels et d'équipements ferroviaires (Ferrovial) et l'Entreprise du métro d'Alger (EMA), la société française est une des victimes collatérales du gel de certains projets de réalisation et d'extension de tramway. L'usine d'assemblage et de maintenance de tramways d'Annaba, appartenant à la Compagnie Industrielle des Transports Algériens (Cital) vient d'annoncer la réduction de près de 80% de son chiffre d'affaires. Austérité oblige, elle a été contrainte de réduire fortement ses activités, après avoir été amputée de la fabrication de 53 attelages. C'est le directeur du projet Tramways et câbles de Cital, Brahim Bouchrit, qui avait annoncé, au micro de la chaîne 3 de la Radio algérienne, que cette réduction de l'activité de l'usine allait entraîner une diminution de près de 80% de son chiffre d'affaires, estimé à l'origine à 17 milliards de dinars.