Les importations des agrumes et légumes frais sont désormais interdites. La Banque d'Algérie a adressé récemment aux banques de la place une note les ins-truisant à la «suspension immédiate» des domiciliations bancaires des opérations d'importations des agrumes et légumes frais. «Consécutivement à la décision d'interdiction de l'importation des agrumes et légumes frais prise par le ministère de Commerce, les banques et les établissements financiers sont instruits de procéder à la suspension immédiate de toute domiciliation bancaire de toute opération d'importation de ces produits », lit-on dans une note de la Banque d'Algérie datée du 23 janvier 2017, cité hier par l'agence APS. Par la même occasion, la Banque d'Algérie a enjoint aux Présidents directeurs généraux et les Directeurs généraux des banques et établissements financiers de « veiller à une application rigoureuse de cette note ».
La semaine passée, le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville et ministre du Commerce par intérim, Abdelmadjid Tebboune avait donné des instructions pour l'interdiction de l'importation de toute sorte d'agrumes durant la période de récolte.
Celui-ci avait motivé sa décision par la nécessité de réduire la facture des importations vu la disponibilité de produits locaux de même qualité. L'Algérie compte une superficie globale de 66 millions d'hectares d'agrumes, qui a produit 12 millions de quintaux d'agrumes en 2015. La wilaya de Blida fournit 40% de la production nationale d'agrumes, soit 4,4 millions de quintaux. Le pays a importé en 2015 d'Espagne, du Maroc et d'Egypte pour 11 millions de dollars d'agrumes, selon les chiffres fournis en février 2016 par le président de la chambre d'agriculture de la wilaya de Blida, Medjadji Tahar, cité par l'agence APS. C'est là « un chiffre qui nous interpelle », avait-il affirmé, pour « sonner l'alarme » car c'est une somme importante, a-t-il soutenu, «qui aurait pu être destinée aux producteurs locaux afin de développer leurs plantations, ou exploitée dans le développement de l'économie nationale.
» Mis à rude épreuve par l'érosion de ses recettes tirées de la commercialisations des hydrocarbures ainsi que par la hausse de ses déficits, dans le sillage de la chute des prix du pétrole, l'Etat a multiplié les mesures en vue d'endiguer l'emballement des importations dont la facture a presque triplé en dix ans. C'est le cas notamment de l'adoption depuis le début de l'année 2015 des li-cences d'importation pour une vingtaine de produits dont la facture pèse lourde-ment sur la balance commerciale (véhicules, ciment, aliment du bétail). Mais, le gouvernement peine à réduire de manière significative ses importations. En témoi-gnent les données sur l'évolution du commerce extérieur communiqués récemment par les services des Douanes.
En effet, les importations de l'Algérie se chiffraient à 46,72 milliards de dollars en 2016 contre 51,7 milliards de dollars en 2015, en baisse de seulement 9,62%, selon un récent bilan des Douanes. Un chiffre qui de-meure loin de l'objectif tracé par l'Exécutif (15%) de réduction de la facture globale des importations sur l'exercice 2016.