Le double anniversaire du 24 Février, création de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) en 1956, et la nationalisation des hydrocarbures en 1971 a été fêté à partir de Djelfa «un choix qui marque la place importante des zones rurales de l'Algérie durant la Guerre de libération», selon le message circonstanciel du chef de l'Etat. Si le discours présidentiel de 2016 a porté davantage sur le secteur des hydrocarbures, celui de cette année, lu en son nom par le conseiller à la présidence de la République, Mohamed Ali Boughazi, s'est concentré sur les travailleurs algériens. Bouteflika, rappelant l'historique de l'UGTA, son combat pour la libération avec «le martyr symbole Aissat Idir» mais aussi son engagement «durant les années de braise et de la tragédie nationale». Une période «douloureuse et meurtrière qui a coûté à l'Algérie des dizaines de milliers de victimes, des centaines d'usines détruites et des milliards de dollars de pertes». Il rendra hommage au SG assassiné, Abdelhak Benhamouda, qualifié de «symbole de ce martyre et de ces sacrifices». Abordant le sujet de la décennie noire, le message n'a pas manqué de rappeler l'option de la Concorde civile et de la paix et la réconciliation nationales choisie par le monde du travail. Le président de la République s'est voulu consensuel, brassant large et évitant toute polémique, profitant de l'occasion pour appeler les Algériens à ne pas désespérer face à la crise qui secoue le pays. «Un appel à la résistance face aux soubresauts de la crise financière actuelle», lit-on encore. Bouteflika convoque la conscience des travailleurs sur «les retombées d'une crise économique qui secoue les pays avancés accompagnée d'un recul des cours du pétrole et des fluctuations de son marché mondial», nonobstant l'engagement de l'Algérie auprès de l'OPEP «qui ont permis récemment d'apporter une légère amélioration des prix des hydrocarbures». Bouteflika, même s'il concède l'impact négatif de cette crise sur la cadence du développement, dira qu'il a été «contenu grâce aux mesures clairvoyantes prises tout au long de ces dernières années». Il appellera aussi à s'émanciper de l'hégémonie des hydrocarbures à travers «une relance solide et multidimensionnelle de l'économie nationale» et diversifiée à l'image «des capacités agricoles, touristiques, minières, industrielles et autres de notre pays». Face à cette crise, Bouteflika rassure quant à la volonté de l'Etat «à préserver le pouvoir d'achat des travailleurs et la prise en charge de la couche démunie» tout en s'efforçant à «la régulation du marché et la protection des consommateurs de la spéculation, de l'érosion de leurs revenus et de la dégradation de leur niveau de vie». Des aspects dénoncés par les Algériens qui ont vu dans les trois dernières lois de finances une attaque en règle contre leur niveau de vie. Aujourd'hui, le citoyen doit faire face à une spéculation effrénée touchant même les produits subventionnés, ce qui a fait réagir le gouvernement, à travers son ministre par intérim du Commerce, qui a sévèrement mis en garde les spéculateurs de tous bords. Le chef de l'Etat a également plaidé l'évolution «du capitalisme national intègre et du partenariat étranger équitable en tant que partenaires stratégiques des travailleurs pour le développement économique», appelant à «accepter plus aisément les réformes nécessaires pour l'amélioration des conditions d'investissement dans notre pays». Il met aussi en garde la nation «de ne pas prêter attention aux thèses dogmatiques et discours pessimistes».