Les syndicats des transporteurs privés (SNTT/UGTA et UNAT) ne décollèrent pas. Ils lancent un préavis de grève générale pour dénoncer l'octroi par l'entreprise de Transport d'Oran (ETO) de la concession d'exploitation de six lignes de transport urbain et suburbain, à «un opérateur privé connu à travers le territoire national et qui dispose de solides soutiens dans les rouages de l'administration». «Une AG des délégués des transporteurs se tiendra, ce samedi, à la gare routière d'El Bahia pour décider des actions à entreprendre dans les prochains jours. Nous sommes déterminés à aller jusqu'au bout de notre mouvement de la contestation pour appuyer notre principale et unique revendication à savoir : l'annulation des résultats de l'avis d'appel d'offres national lancé par l'ETO. Le gagne-pain de centaines de transporteurs privés est menacé par cet opérateur qui va injecter 150 bus dans les lignes de transport urbain et suburbain», déclare le coordinateur régional de l'Union nationale des transporteurs algériens (UNAT). Les délégués des syndicats des transporteurs affirment, dans leur préavis de grève, que le «débrayage» est désormais l'ultime recours après épuisement de toutes les voies amiables pour trouver une issue favorable à leur revendication «légitime». Les organisations syndicales ont, en effet, adressé depuis janvier dernier, plusieurs correspondances aux services concernés, mais en vain. Il est à rappeler que tout a commencé quand l'Entreprise de transport d'Oran (ETO) a lancé un avis d'appel d'offres national (n°04/DG/ETO/2016) pour choisir un opérateur pour desservir des lignes urbaines (4G, P1, B, 51) et suburbaines (Oran / Boutlélis et Oran /Aïn El Turck). Les délégués des transporteurs avaient, énergiquement, dénoncé «une manœuvre pour introduire un opérateur privé connu à travers le territoire national et qui dispose de solides soutiens dans les rouages de l'administration». «Cet opérateur privé convoite des lignes de transport urbain et suburbain qui sont saturées. Ils ont certes changé les noms des lignes pour nous tromper, mais nous sommes conscients de la gravité de la situation. Dans ces temps d'austérité, nous avons appris que cet opérateur aura droit à un contrat de trois ans avec une rémunération de 17.500 dinars par jour et pour chaque bus», confie un membre du bureau local du syndicat national des transporteurs SNTT / UGTA. Et d'ajouter : «La tutelle a gelé depuis plusieurs années les autorisation pour les lignes de transports urbain et suburbain, en raison de la saturation du secteur. La quasi-totalité des transporteurs privés sont des jeunes chômeurs qui avaient bénéficié du dispositif ANSEJ pour lancer leur activité. Les lignes convoitées par cet opérateur sont surexploitées et il n'y a pas de place pour un concurrent de taille qui va écraser les petits transporteurs». L'opérateur privé, en question, est un grand investisseur qui détient un grand parc de bus et desserve plusieurs lignes urbaines, suburbaines et inter-wilayas, à travers le territoire national. Il s'est implanté dans la capitale où il a obtenu des autorisations pour le transport urbain et suburbain. Le secteur du Transport par bus ou par taxis est au bord de la saturation à Oran. Les premières victimes de cette saturation sont les jeunes bénéficiaires du dispositif ANSEJ qui exercent dans un créneau «rassasié». Plus de la moitié des nouvelles sociétés, créées dans le cadre de dispositif ANSEJ sont menacées de disparaître en raison de l'anarchie qui prévaut dans ce secteur. La quasi-totalité des nouvelles sociétés des jeunes bénéficiaires du dispositif ANSEJ ont été injectées dans des lignes saturées. Nombreux jeunes bénéficiaires sont en situation de cessation de paiement. Ils arrivent difficilement à rembourser leurs crédits bancaires.