Bonne nouvelle pour les sans-papiers maghrébins en Allemagne. Le Bundesrat ou la chambre haute du Parlement allemand vient de rejeter le projet de loi visant à débouter plus facilement les demandeurs d'asile algériens, marocains et tunisiens. Adopté l'an dernier par les députés de la chambre basse, le Bundestag, ce contretemps si ça se trouve (ses concepteurs peuvent toujours faire appel devant une commission spéciale) est perçu comme un revers pour la chancelière Angela Merkel, en difficulté sur ce dossier. L'opposition du Bundesrat était prévisible dans la mesure où les Verts et la gauche radicale, Die Linke, avaient déjà signifié leur veto à ce texte controversé. Un sursis donc en perspective pour une communauté longtemps tolérée mais devenue hautement suspecte après la nuit de la Saint-Sylvestre de 2015 à Cologne et, surtout, depuis l'attentat perpétré en décembre dernier à Berlin par le Tunisien Anis Amri, débouté, dans un premier temps, de sa demande d'asile mais qui n'avait jamais été expulsé d'Allemagne en raison de la lourde démarche administrative. Le Bundesrat vient de mettre Merkel devant une posture de faiblesse devant les pays nord-africains, elle qui avait initié une forte offensive à l'endroit d'Alger, Tunis et Rabat pour au moins les contraindre à rapatrier leurs ressortissants en situation irrégulière. En face, et lors de la visite du Premier ministre algérien en Allemagne, Sellal avait donné des assurances de rapatriement pour peu que l'identité de l'émigré soit formellement établie. Le Tunisien Youssef Chahed est moins engagé, affirmant que son pays n'a rien à se reprocher. Des attitudes qui n'engagent certainement pas à l'optimisme côté allemand puisque aucune assurance ne lui a été donnée formellement pour clore ce dossier à fort risque électoral. Berlin, pour avoir les moyens de sa politique migratoire, cherchait avant tout à se débarrasser de sans-papiers devenus gênants à force de faits divers sordides. En inscrivant les trois capitales maghrébines sur la liste des pays dits «sûrs», Merkel voulait une caution politique et surtout humanitaire pour renvoyer ces contingents de harraga chez eux sans même avoir à motiver le refus d'accorder l'asile. Pourtant, le choix de la chambre haute du Parlement, qui s'appuie sur les recommandations des associations de défense des droits de l'homme, renvoie une piètre image des pays du Nord-Afrique où sont dénoncés des discriminations, des atteintes à la liberté d'expression et des cas de torture.