Les marchés seront très attentifs à partir de janvier prochain à l'application par les pays Opep et non-Opep des accords de limitation de production. Les prix du pétrole étaient en hausse hier. Les cours du baril de Brent ont atteint un pic de 57,500 dollars, avant de se stabiliser au-dessus de la barre des 56 dollars. Au cours de l'après midi, le baril de Brent était coté à 56,52 dollars. Il a connu une hausse de plus de 4% par rapport au prix du baril de Brent à l'ouverture de la séance. La hausse est de plus de 2 dollars par rapport au prix de clôture de vendredi dernier. Elle est d'environ 3 dollars après les prises de bénéfices des spéculateurs. Les marchés ont donc réagi positivement à l'annonce, le 10 décembre dernier, de l'accord entre les pays membres de l'Opep et 11 pays non-Opep sur une réduction par ces derniers de leur production, au total, de 558 000 barils/jour. Cette hausse soutenue par les résultats de l'accord de Vienne de samedi interviennent après les prises de bénéfice des spéculateurs qui avaient fait chuter les prix du baril jusqu'à 53 dollars un ou deux jours avant cette réunion. Ces prix sont au-dessus de la fourchette des 50-55 dollars, l'objectif de prix de l'Opep en 2017. Il convient de rappeler que l'Opep avait décidé, en novembre dernier, de réduire sa production de 1,2 million de barils/jour. L'alignement de 11 pays non-Opep à l'accord de Vienne bien que légèrement en deçà des 600 000 barils/jour visé va porter le niveau de réduction de la production à près de 1,8 million de barils/jour. Cette large limitation de la production, conjugaison des efforts des pays Opep et non Opep, si elle est effective à partir de janvier prochain, va maintenir la tendance haussière au cours du premier semestre 2017 et aboutir plus rapidement à un rééquilibrage de l'offre-demande, l'excédent de brut sur les marchés étant estimé aujourd'hui à 1,5 million de barils/jour. Mais les marchés resteront attentifs l'an prochain à l'application ou non des décisions de réduction des pays Opep et non-Opep. Le courtier Goldmann Sachs en doute. Il juge, en particulier, que la participation de la Russie au plan de la réduction est importante mais elle n'atteindra pas le niveau de limitation de 300 000 barils/jour promis selon cette institution financière. Des analystes voient, en outre, un risque de maquillage des chiffres de réduction : des déclins naturels de production de gisements présentés comme réductions de production. La balle est dans le camp des producteurs Opep et non-Opep S'ils ne veulent pas voir les prix du pétrole chuter à 40 dollars, voire à 30 dollars le baril en 2017, les pays membres de l'Opep et les non-Opep doivent respecter leur quota. En tout état de cause, pour prévenir une telle situation dangereuse, l'accord de Vienne du 30 novembre dernier a prévu un comité de surveillance chargé de voir si chacun des pays, membres de l'Opep et des non-Opep, signataires de l'engagement à réduire sa production, respecte les décisions de Vienne. À cet effet, un comité dit de monitoring a été constitué. Il est composé de représentants de l'Algérie, du Koweït, du Venezuela pour les pays Opep et des représentants de la Russie et d'Oman pour les non-Opep. La présidence du comité est tournante Elle sera assurée d'abord par le Koweït, puis par la Russie. L'Algérie, sur ce point, tente de montrer l'exemple. Le ministère de l'Energie a annoncé hier que l'Algérie met en œuvre l'accord d'Alger : une réduction de la production d'hydrocarbures liquides de 50 000 barils/jour. En effet, le ministre de l'Energie a instruit, indique ce département sur facebook, l'agence de régulation des hydrocarbures de faire procéder par les contractants (les exploitants : Sonatrach seule, ou Sonatrach avec partenaires) de gisements d'hydrocarbures une réduction de la production d'hydrocarbures liquides de 50 000 barils/jour à répartir équitablement entre tous les contractants à partir de janvier prochain pour une période de six mois. Cette période pourra être reconductible, lit-on dans le texte. Les prix du pétrole actuels se situent ainsi à hauteur du niveau projeté dans la loi de finances 2017. Mais en cas de non-respect des quotas de l'Opep et des réductions des non-Opep, les cours du pétrole risqueraient de chuter l'an prochain. K. Remouche