Le désengorgement de Constantine a poussé les pouvoirs publics à créer des villes nouvelles dont la gestion pose de graves problèmes. «Constantine, capitale de la culture arabe» semble avoir accordé des dividendes remarquables à la ville en matière de réalisations de nouveaux édifices, mais surtout d'hygiène. Constantine est devenue belle, propre et élégante. Le monument aux morts, entre autres exemples, belle œuvre de l'histoire, n'est plus cet endroit qui empeste l'urine. Ses ponts sont illuminés, ses sites historiques sont imposants et ses quartiers et rues propres. L'on apprend que Constantine a alloué un budget d'un milliard de dinars pour la création de 4 EPIC de wilaya (établissement public à caractère industriel et commercial) et 26 autres communaux pour les besoins de l'hygiène de son environnement, ramassage des ordures ménagères, l'entretien des espaces verts et l'éclairage public). Constantine n'a pas été trop secouée par la dernière tentative d'attentat devant le siège de la sûreté urbaine, il y a quelque temps. «C'est un acte isolé, » estiment les autorités locales. L'avènement des élections législatives du 4 mai prochain ne semble cependant pas l'emballer outre mesure. « Le vote dans les grandes villes n'a jamais été facile, » estiment des observateurs. Aussi « il dépend de la capacité des partis politiques à convaincre les citoyens de cet exercice, » pensent-ils. Une quinzaine de mosquées fermées à Constantine Constantine n'en fait pas trop cas même si la campagne électorale commence demain, dimanche. La ville semble bien dans sa peau « rénovée » après le ravalement de ses façades et surtout la réalisation de plusieurs projets socioculturels importants. Quoique la population est frustrée de voir une quinzaine de ses mosquées fermées. En attente de rénovation depuis l'année «Constantine, capitale de la culture arabe », les mosquées l'ont été pour probablement ne pas subir encore les épreuves du temps et du manque d'entretien. Les Constantinois se plaignent de ne plus avoir de lieu de prières. Seule l'imposante mosquée l'Emir Abdelkader leur offre ses espaces. En ces temps d'austérité, il n'est pas sûr que d'autres budgets soient débloqués. Sinon, la nouvelle ville de Ali Mendjli n'aurait pas été ce fardeau qui greffe lourdement les minces finances de la daïra d'El Khroub. Pour désengorger Constantine, le gouvernement n'avait pas trouvé mieux il y a quelques années que de construire la ville nouvelle de Ali Mendjeli et caser les populations des bidonvilles constantinois ainsi que celles bénéficiant des différents modes de logements. «Des bidonvilles en ternîte, on est passé aux bidonvilles en béton,» rétorque un investisseur. «Ali Mendjeli est une petite ville qui a grandi d'un coup, elle n'a qu'un seul accès, ce n'est que ces derniers temps qu'une étude a été faite pour lui en ouvrir d'autres,» nous disent des responsables. Ali Mendjeli a été construite à cheval sur deux communes, El Khroub et Ain Smara. «Mais c'est El Khroub qui la gère sans qu'on ne lui accorde aucun moyen supplémentaire,» nous fait savoir son PAPC, Abdelhamid Aberkane. D'une conception urbanistique sans âme et inintelligente, Ali Mendjli est occupée déjà par plus de 300 000 habitants, Constantine en abrite 500 000 et la commune d'El Khroub près de 400 000. Ali Mendjli souffre du manque d'infrastructures. Elle possède 94 écoles pour 32 000 élèves. «On n'a pas les moyens de la gérer, il nous est même interdit de recruter des administrateurs, on ne nous donne pas de voitures pour pouvoir nous déplacer sur les lieux, nous devons appliquer à la lettre de telles directives, impossible de bouger,» se plaint Aberkane. Quand le gouvernement érige des cités dortoirs Le P/APC explique que «quand le désengorgement de Constantine s'est fait sur la daïra d'El Khroub, une fois de nouvelles habitations construites, le marché à bestiaux de la commune s'est retrouvé au centre de la ville, il a fallu un conseil du gouvernement pour examiner une telle situation, on vient d'obtenir très péniblement une autorisation pour le délocaliser. » Le Professeur Aberkane avoue que « l'intercommunalité n'est pas maîtrisée du tout, c'est miné d'avance, on n'arrive pas à gérer la ville. » El Khroub est devenu, dit-il « un réservoir de logements sans aucune mesure d'accompagnement.» Il appelle au renforcement de la participation des élus pour éviter les antagonismes dans la gestion de la cité.» Le PAPC explique qu' «une fois le diagnostic fait, c'est le thérapeutique qu'il faut mais le changement se fait tellement vite qu'on n'arrive pas à allier les deux.» Il est persuadé qu' «il faut pour certains territoires, des solutions particulières qui ne sont pas dans les standards.» C'est, pour lui, une question «éminemment politique.» Le gouvernement ne s'est pas contenté «d'enfoncer» El Khroub en lui collant la nouvelle ville de Ali Mendjli mais il lui en a rajouté deux autres, Massinissa qui est déjà habitée et Ain Nhas en cours de l'être. Véritables plaies « architecturales », les trois nouvelles villes sont d'horribles citées dortoirs où se côtoient dangereusement des populations hétérogènes en perte de repères. C'est sous une pluie fine et glacée que les invités du CapDel ont visité le tombeau de Massinissa surplombant la nouvelle ville et lui aussi en attente depuis longtemps de «remise à niveau» de son site. L'on rappelle que lors de sa visite à El Khroub au début des années 2000, le président Bouteflika avait demandé au ministère de la culture de débloquer un budget pour réaménager le site sur lequel il est érigé. Les responsables n'ont fait alors que déplacer gauchement quelques pierres. « Un deuxième budget lui a encore été attribué mais le site est resté tel qu'il a été depuis la nuit des temps Abdelhamid Aberkane appréhende les conséquences de situations de gestion aussi complexes. Il faut lui reconnaître que ce n'est pas un élu quelconque. Deux fois ministre, de l'Enseignement supérieur et de la Santé, PAPC depuis dix ans, il sait de quoi il parle et de ce qu'il craint. Il reste cependant optimiste. A la clôture de l'atelier du CapDel, il a déclaré avec une grande émotion qu' «à El Khorub, nous sommes fiers d'avoir attiré l'attention de l'administration centrale.» Disponible qu'il a toujours été, il affirme que «nous vous promettons que nous allons exploiter cette rencontre pour réagir très vite( ).» L'on ne saura pas s'il briguera un troisième mandat dans les élections locales de l'automne prochain. Il évitera de répondre à notre question en esquissant un large sourire.