Dans cette fin du premier tour de la campagne présidentielle française, fort confuse, tout reste très ouvert. D'autant que quel que soit le (ou la) candidat élu au second tour, il est peu probable qu'il (ou elle) disposera d'une majorité parlementaire. Sur les onze candidats, quatre sont nettement en tête du peloton aujourd'hui mais dans les sondages, très peu d'intentions de vote les séparent. Ils sont à quasi égalité, entre 19 et 23%. Si l'on en croit le sondage quotidien Opinionway-Orpi publié mardi, Emmanuel Macron serait en tête des intentions de vote pour le premier tour de la présidentielle avec 23%, devant Marine Le Pen (22%), François Fillon (20%) et Jean-Luc Mélenchon (19%), Selon un autre sondage réalisé par l'Ifop-Fiducial publié le même jour, Emmanuel Macron (23%) reste en tête devant Marine Le Pen (22%), mais dans cette dernière enquête, Jean-Luc Mélenchon avec 19,5% devance François Fillon (19%). Mais tous ces écarts entre les différents candidats se réduisent fortement du fait des marges d'erreurs des estimations des sondages.... Autres facteurs d'incertitudes à quatre jours du 1er tour de l'élection présidentielle, le taux de participation et donc le nombre d'abstentionnistes (qui semble légèrement en baisse), l'incertitude affichée par de nombreux électeurs dont beaucoup déclarent qu'ils ne se décideront que dans l'isoloir lui-même. La dernière semaine a vu quelques inflexions des campagnes Marine Le Pen, malgré un discours parfois volontairement « social », a, après un certain tassement dans les sondages, choisi de réincarner fortement les valeurs traditionnelles de l'extrême-droite, notamment par de vives attaques contre l'immigration. Sa crédibilité est néanmoins atteinte par de nombreuses « affaires ». C'est évidemment aussi le cas du candidat de la droite traditionnelle, le plus mal placé du quarté dans ce domaine, François Fillon qui, du fait de tous les scandales qui l'ont touché ces derniers mois, a du mal à rassembler, même dans son propre camp. Du coup, l'ancien premier ministre a souhaité rallié l'électorat catholique conservateur. Le jeune Emmanuel Macron, « ni droite, ni gauche », challenger, tient avec talent des discours exaltés mais ne dit pas grand-chose sur ce qu'il se promet de faire. Il reste en effet assez imprécis sur le contenu concret des mesures qu'il souhaite prendre dans le cadre de son programme « social-libéral ». Il a néanmoins réussi à séduire un grand nombre de responsables et de députés qui viennent tant du centre, du Parti socialiste et même de la droite. Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France insoumise, a connu la plus forte progression. Jugé le meilleur orateur de la campagne, il a réussi à organiser les plus grands rassemblements publics de cette première phase de l'élection présidentielle. Mais il n'a pas d'allié. La percée d'Emmanuel Macron et de Jean-Luc Mélenchon ont fortement affaibli le Parti socialiste : son candidat, Benoit Hamon, crédité en début de campagne de 18% des voix, a chuté de dix points. La crise du parti socialiste à gauche ne doit pas masquer les difficultés de l'autre grand parti traditionnel, à droite, Les Républicains : si François Fillon échoue, les règlements de comptes entre juppéistes, fillonistes, sarkozistes et autres tendances pourraient là aussi faire imposer la machine . Dans l'ensemble, nombre d'électeurs semblent insatisfaits de cette campagne électorale et de ses débats. Il est vrai que les élections présidentielles précédentes se résumaient in fine à un affrontement droite / gauche incarné par l'alternance au pouvoir d'un parti majoritaire de la droite (UMP, Les Républicains) et du Parti socialiste (et ses alliés ponctuels). La division droite / gauche continue bien sûr d'exister mais elle se double, sans recouper les mêmes frontières, d'un affrontement entre les pro-européens (Macron, Fillon, Hamon ) et les eurosceptiques (Le Pen, Mélenchon) qui n'écartent pas une sortie de l'Euro, voire de l'Union européenne. Enfin, cette élection a manifesté dans l'électorat la montée d'un fort sentiment « les élites contre le peuple ». L'international se réinvite dans l'élection Un des grands paradoxes de cette campagne a été la quasi absence de débats sur les relations internationales. Même sur la question de l'Europe, les relations avec l'Allemagne, les conséquences de la sortie de la Grande-Bretagne, les réformes nécessaires à apporter pour améliorer un système complexe d'une UE à 27 pays, aucune de ces questions n'a réellement été abordée ni dans les débats télévisuels, ni dans les meetings publics. Encore moins effleurée la nature des relations avec le nouveau pouvoir américain et son très fantasque et imprévisible président Donald Trump. Ce dernier semble tenté par de nombreuses opérations militaires et la France reste alliée aux USA notamment dans le cadre qui pourrait être contraignant de l'Otan. Pas plus de clarté sur les échanges avec Vladimir Poutine, la Russie étant puissance frontalière avec l'Europe. Aucun candidat n'est revenu sur les conflits de l'Ukraine et les sanctions prises contre Moscou toujours en vigueur, alors que les Occidentaux et la Russie sont pour grande partie alliés en Syrie contre Daesh. Mais ni les conflits au Moyen-Orient (Syrie, Irak, Yémen) ni les interventions militaires français à l'extérieur, notamment en Afrique n'ont fait l'objet de commentaires par les candidats. Le terrorisme djihadiste a, comme on pouvait le craindre, tenté de s'inviter dans la campagne présidentielle française : deux jeunes hommes «radicalisés», arrêtés mardi matin à Marseille par les services antiterroristes, avaient l'intention de commettre un attentat dans les tout prochains jours. «Les deux hommes radicalisés, nés respectivement en 1987 et 1993, de nationalité française, avaient l'intention de commettre à très court terme, c'est-à dire dans les tout prochains jours, un attentat sur le sol français», a déclaré le ministre de l'Intérieur Matthias Fekl. Des armes, trois kilos d'explosifs, une vidéo où les deux terroristes se réclamaient de Daesh, un drapeau de la même organisation ont été saisis.