Le scrutin des élections législatives ayant rendu ses très controversés résultats, la vie politique et même l'action gouvernementale sont figées dans l'attente d'un changement d'exécutif auquel en toute logique le chef de l'Etat va procéder. Pour ceux qui sont en attente de ce changement, la question est de quelle sorte il sera, sachant que Bouteflika peut tout aussi bien procéder à un renouvellement de fond en comble de la composante gouvernementale en sursis, ou se contenter d'en débarquer quelques figures qui à un titre ou à un autre lui ont fourni prétexte à mettre fin à leurs fonctions. A priori, l'information faisant état que la présidence piloterait des tractations visant à convaincre des partis hors de la majorité présidentielle issue des urnes à accepter de prendre part au nouveau gouvernement est l'indice que Bouteflika voudrait que celui-ci revête une coloration partisane dont le spectre élargi créerait l'illusion qu'il serait parvenu à constituer ce « front intérieur » dont il plaide en faveur de son érection depuis sa réélection pour un 4ème mandat, au motif qu'il est la réponse patriotique à opposer aux milieux internes et étrangers qui complotent contre l'intégrité et la sécurité de l'Algérie. Si tractations il y a dans ce but, le nouveau gouvernement sera effectivement mosaïque au plan partisan car ne font pas défaut les partis qui veulent en être, notamment le MPA, TAJ, Moustakbel et l'ANR qui ont mené une campagne électorale en ne scellant pas leur adhésion au projet de constitution d'un gouvernement à composante partisane plus large que celle réduite du sursitaire et partagée entre ministres encartés au FLN et au RND. Faudrait-il encore que l'élargissement de la majorité présidentielle dont on prête à Bouteflika l'intention obtienne l'assentiment d'autres formations que celles citées plus haut pour que se crée l'illusion voulue par lui. Celles-ci ne se cachant pas en effet qu'elles sont dans le soutien au président de la République et à son programme, leur intégration dans sa majorité parlementaire et leur entrée dans l'exécutif gouvernemental ne suffiront pas pour établir la réussite du projet envisagé par lui. D'où il en résultera l'échec de la tentative si d'autres formations qu'elles refusent de s'y associer. A l'exception du MSP qui semble tenté de revenir au gouvernement et qui fait durer le suspense sur sa décision avec pour tactique d'obtenir plus qu'on lui aurait proposé, tous les autres partis s'étant situés dans l'opposition ont clairement fait connaître leur refus d'entrer dans une recomposition du paysage politique qui à leurs yeux ne va pas plus loin qu'une opération visant à les compromettre et à les discréditer auprès de l'opinion publique. Face à cela, l'autre option à laquelle Bouteflika se résoudra c'est celle d'un nouveau gouvernement donnant l'apparence du changement en étant constitué en majorité de nouvelles têtes mais venant de la mouvance présidentielle constituée par le duo FLN-RND ou des partis dont le soutien ne fait pas défaut. Quant à savoir le sort qui est réservé au Premier ministre Abdelmalek Sellal, le fait que le président l'aurait chargé de mener les tractations en cours selon les informations ne peut que laisser entrevoir qu'il sera probablement appelé à se succéder à lui-même quel que soit le scénario qui présidera au changement gouvernemental imminent.