Au fil des décryptages par un consortium international de journalistes des 11 millions de documents fuités du cabinet d'affaires panaméen Mossack Fonseca', les Algériens découvrent, depuis une année, avec une certaine stupeur que des hommes publics ou leurs parents sont cités dans le scandale des Panama Papers. Après le fils de l'ex-PDG de Sonatrach Mohamed Meziane, c'est au tour de Ali Haddad et l'ex-ministre délégué au Trésor Benouari, d'être épinglés par les dernières révélations du journal Le Monde', qui a eu accès à ces documents fuités. Dans son édition de mardi 16 mai, le quotidien français accable Ali Haddad. Selon Le Monde', le patron de l'ETRHB serait le bénéficiaire d'une compagnie, la Kingston Overseas Group Corporation' (KOGC), enregistrée par le cabinet panaméen Mossack Fonseca', en novembre 2004, aux îles Vierges britanniques. Cette compagnie offshore et non déclarée est administrée par son fondé de pouvoir, Guy Feite, un Français établi au Luxembourg. Selon des documents en possession des journalistes du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) sur lesquels ont travaillé plus de 100 rédactions, le revenu déclaré de KOGC, au titre de l'année précédant l'ouverture du compte, en février 2008, était de seulement 67.000 livres sterling (environ 88 000 euros), alors que le revenu prévu pour les 12 mois suivant l'ouverture de ce compte était de 2,43 millions de livres sterling. Mais, avant l'ouverture de ce compte, une autre compagnie gérée par Guy Feite, Campbell Management Inc'., a été désignée pour administrer KOGC. En outre la KOGC, spécialisée dans les investissements immobiliers, est elle-même, depuis janvier 2005, l'administratrice d'une autre compagnie offshore, panaméenne, celle-là, également fournie par Mossack Fonseca' à Guy Feite : M'arkham Financial Services Corp'. Cette dernière est, depuis le 23 avril 2009, associée, dans une autre coquille vide, domiciliée au Nevada, aux Etats-Unis : Marbury International Business Group LLC'. Un montage parfait avec comme nom celui du patron du groupe ETRHB Haddad, qui n'est apparu, selon les journalistes de l'ICIJ, qu'à l'occasion d'un inventaire réalisé par Mossack Fonseca', qui a contraint Guy Feite à communiquer' dans un courriel datant du 13 avril 2010' les noms des bénéficiaires économiques de quelque 70 compagnies administrées par sa société, la Compagnie d'étude et de conseil (CEC). CEC a' alors' informé son fournisseur de compagnies offshore qu'Ali Haddad était le bénéficiaire économique de KOGC. Selon des documents de l'ICIJ, il a acheté, également en décembre 2011, l'Hôtel Palace (ex-Ritz) de Barcelone. Aginyo, Invesiones y Gestiones Inmobiliarias, S.L'., société qui appartient à Ali Haddad, l'a acheté à la société espagnole Inmobiliaria Sarasate' pour 67,6 millions d'euros, selon Le Monde. Le patron de l'ETRHB est également associé, avec un partenaire turc, Ahmet Kamil Erciyas', qui possède l'entreprise Erciyas Celik Boru, laquelle a des sociétés écrans aux Etats-Unis. Interrogé par un site électronique algérien, Ali Haddad, par ailleurs, président du FCE (patronat) a, simplement, répondu qu'il n'est pas au courant de ces sociétés. « Je ne suis pas au courant de ces sociétés offshore et celui qui veut écrire est libre de le faire », a-t-il dit. Benouari menace Le Monde' de poursuites judiciaires Par contre, Ali Benouari a, vivement, réagi aux informations du quotidien français Le monde'. L'ex-ministre du Trésor a répondu aux affirmations du quotidien français sur sa page Facebook, et l'a menacé de poursuites judiciaires pour diffamation s'il ne lui présente pas d'excuses publiques. M. Ali Benouari, qui a été candidat à la dernière élection présidentielle, a indiqué que Le Monde' est parti 'd'une information brute et sans signification particulière pour affirmer que sa société, Beroll' Group SA', enregistrée aux îles Vierges britanniques, a eu pour but de masquer la cession, au profit de Khalifa Bank, des actions qu'il détenait dans le capital de la banque Société Générale Algérie (SGA). M. Benouari, qui n'a pas démenti l'information, en elle-même, et qu'il a bien créé Beroll Group SA', immatriculé dans un paradis fiscal, en passant par les services du cabinet Mosscak Fonseca', estime que Le Monde' a mis en place un scénario « autour d'un fait brut, un scénario quasi-rocambolesque, dont les soubassements politiques sont d'une évidente clarté . » Il estime, en outre, que son cas est différent de celui des autres Algériens, qui auraient, selon lui, enfreint la réglementation sur les changes. En fait, il a, simplement, expliqué qu'il n'est pas résident fiscal en Algérie, et qu'il paie ses impôts en Suisse et que de ce point de vue, « il ne peut être accusé » de quoi que ce soit. Sous le titre « les petites cachotteries de l'ancien ministre algérien Ali Benouari », Le Monde' croit savoir, sur la base des documents fuités de Mossack Fonseca', qu'il est passé par les services de ce cabinet d'affaires basé, à Panama City, pour « créer une compagnie offshore, Beroll Group SA', enregistrée aux îles Vierges britanniques. » Cette compagnie a été dissoute un an et demi plus tard, le 31 octobre 2001, et était « destinée à servir de paravent à la cession, au profit de Khalifa Bank, des actions qu'il détenait dans le capital de Société générale Algérie (SGA), la filiale locale du groupe français Société générale. » « Ali Benouari, selon Le Monde,' ne voulait pas que cela se sache. » « 'Après réflexion, M. Ali Benouari ne souhaite pas apparaître comme administrateur de la société en marge. C'est pourquoi je vous prie de procéder à la désignation d'un administrateur local. Ce dernier fournira un pouvoir en blanc. La procuration sera faite soit en faveur de M. Ali Benouari soit, le cas échéant, en mon nom. Dès qu'une décision sera prise, je vous le ferai savoir »', indique une correspondance adressée, le 22 février 2000, par Pierre Richa, patron de la société fiduciaire Pierre Richa & Partners', à l'antenne genevoise de Mossack Fonseca'. Les documents fuités des Panama Papers montrent que le cabinet panaméen avait désigné deux administrateurs locaux, avant de les remplacer par Ali Benouari, sur demande de Pierre Richa. « Le nom du nouvel administrateur est Ali Benouari, d'Algérie, résidant à Genève. Veuillez préparer une décision pour l'ouverture d'un compte bancaire, à Genève », a demandé Pierre Richa dans une autre correspondance, adressée à Mossack Fonseca en août 2000. Ali Benouari a été ministre chargé du Budget en 1991, sous le gouvernement d'Ahmed Ghozali. Le Monde' promet de lui répondre face à ses menaces de porter plainte contre le journal.