Cette année, les candidats au baccalauréat devraient passer leur examen dans de bonnes conditions. Et, surtout, loin du climat malsain de la triche, un phénomène devenu, hélas, une menace sur l'ensemble du système scolaire national. Inutile de nous rappeler les moments de grande déception de milliers de candidats à l'annonce d'une seconde session l'année dernière, ni le scandale politique que cela avait provoqué. Dans cette affaire d'une grande gravité pour un pays aux traditions bien établies en matière d'enseignement et aux grands chevaliers de l'école algérienne dont Mouloud Feraoun n'était pas le moindre, le gouvernement d'alors, mis devant le fait accompli, a décidé de ne pas pénaliser les candidats et qu'il y ait une session de rattrapage. La ministre de l'Education nationale, qui avait affirmé qu'il ne devait pas y avoir de fraude, a été confondue devant l'énormité du scandale, mais elle n'a pas démissionné. Bref, cette année encore, si les parents des élèves qui vont passer le baccalauréat se 'tiennent le ventre'', au ministère de l'Education nationale on veut calmer les choses et rassurer. Un des conseillers de la ministre affirme ainsi que cette année il n'y aura pas de fraude, et que tout a été verrouillé, sécurisé, avec de meilleures conditions de travail pour l'équipe devant confectionner les sujets du bac dans une 'maison'' surveillée plus et mieux qu'une caserne militaire. Cela aura bien sûr coûté beaucoup d'argent au contribuable. Ces mesures de sécurité draconiennes qui n'auraient peut-être pas lieu d'être si le système éducatif algérien fonctionnait normalement, avec une réforme tous les 40 ans, au lieu de ces 'réformettes'' tous les cinq ans qui ont fini par déstabiliser autant les enseignants, obligés de travailler périodiquement sur de nouveaux manuels, que les élèves, tiraillés entre un système pédagogique au contenu dépassé par la révolution numérique, et leur déplorable réalité. Au final, l'école algérienne produit du 'copier-coller'', des diplômés dont la formation de base est défaillante et qui veulent coûte que coûte avoir leur place dans la société. Dès lors, il est pour le moins présomptueux de vouloir lutter contre un phénomène, la fraude, quand l'ensemble du système scolaire national est défaillant dans la prise en charge des élèves, à partir de la 1ère année primaire. La preuve en est que cette année, la gangrène a même touché l'examen de 6ème année, avec des sujets mis sur la Toile quelques minutes seulement après le début des épreuves. Grave! Que le phénomène touche des enfants, à peine âgés de 12 ans, et que le ministère de l'Education nationale estime qu'il n'y a pas de quoi fouetter un chat. Le bac en Algérie est-il ainsi voué aux gémonies de la fraude? L'école algérienne est-elle à ce point malade, ou est-elle victime des expériences successives depuis 1990, et que les élèves d'aujourd'hui sont en train de payer le prix de la démagogie, de la fuite en avant et l'absence de sanction contre les responsables des échecs. Faut-il alors s'étonner que le scandale de 2016 reste encore inexpliqué, opaque, comme s'il s'agit d'un secret d'Etat. Presque une année après, les auteurs ou les commanditaires de la fuite généralisée lors du bac 2016 ne sont ni connus, ni identifiés, officiellement. Trois 'lampistes'' de l'ONEC, dont le directeur, ont été arrêtés, puis relâchés. Avait-on voulu étouffer un scandale d'une ampleur inouïe en les arrêtant, quitte à les relâcher ensuite ? Des questions mais les réponses on ne pourra jamais les avoir.