Si le plan d'action de Tebboune paraît à priori plein d'enthousiasme et surtout de bonnes intentions, on attend de lui qu'il le concrétise matériellement et qu'il ne fasse pas comme tous ses prédécesseurs. En effet, les grands axes de son gouvernement ne diffèrent pas des feuilles de route de Sellal, Ouyahia et Belkhadem pour ne citer que ceux-là et le risque d'assister à des remakes de gestion approximative est grand connaissant les vieux réflexes qui commandent les leviers décisionnels du pays. Evoquant la moralisation de la vie publique, Tebboune n'invente rien et cette promesse avait déjà été faite par Sellal qui avait fait de la bonne gouvernance et la moralisation de la vie publique, ainsi que de la relance de l'économie, le renforcement du service public et la résorption des fléaux sociaux, les priorités de son gouvernement. Et tout le monde connaît les résultats de ces mandats successifs. On ne peut que prêter du crédit à l'action de Tebboune en croisant les doigts qu'elle épouse ses déclarations de bonne volonté. Il est clair qu'on peut accorder à l'homme le bénéficie du doute mais l'urgence nationale veut que les réformes ou du moins les correctifs soient menés au pas de charge. Le temps joue contre l'ancien ministre de l'Habitat qui n'a, pour ainsi dire, que moins de deux ans pour réhabiliter l'économie du pays et son image. Ce déficit du temps ne doit pas nous faire oublier qu'il existe des lignes rouges à ne pas dépasser, des dispositions à respecter. Et pour peu que les promesses du Premier ministre d'assainir la chose publique trouvent un début de concrétisation, il est fort à parier que les intérêts colossaux touchés par cette action ne passent à l'offensive. Assistera-t-on alors à des contre-feux ? Et de quelle nature ? Le gouvernement évoque de nouveau la lutte contre la corruption, les conflits d'intérêts et d'incompatibilité dans l'exercice des mandats et fonctions, ce qui est théoriquement le bienvenu. Reste maintenant à connaître le degré de la volonté politique de passer aux actes. En évitant de demander des comptes à la gestion antérieure, Tebboune, et aux yeux de beaucoup de monde, ne s'engage pas pleinement sur cette voie de la rédemption pour tout un pays car il est impossible de bien travailler sur des ruines encore fumantes. L'idéal, dans une première tentative de rétablir la confiance entre les Algériens et leurs institutions, est d'exiger des comptes sur la gestion des responsables en parallèle d'un plan d'action d'urgence. Tebboune ne le fera certainement pas, conscient que la démarche est suicidaire avant d'être utopique.