Installé à Tamanrasset, le CEMOC, le Comité d'état-major opérationnel conjoint des pays du Champ, comme son intitulé le suggère, est effectivement en exploitation et fonctionne correctement, un an et demi après sa création, indique El Djeich, dans son édition No 579 d'octobre 2011. La revue de l'armée algérienne précise que le CEMOC, qui est actuellement sous le commandement du général malien Kanekomo Adamu, premier chef des unités de combat communes, dispose d'un état-major doté de quatre cellules, à savoir les Opérations, le Renseignement, la Logistique et les Transmissions. Le CEMOC est également nanti d'un mécanisme d'alerte, de renseignement et d'analyse, dénommé l'Unité de fusion et de liaison (UFL), chargée de fournir au CEMOC les renseignements sécuritaires, tactiques et opérationnels nécessaires à la conduite d'opérations conjointes entre les forces terrestres et aériennes algériennes, maliennes, nigériennes et mauritaniennes. Le CEMOC comme l'UFL sont dirigés par une présidence tournante. Les unités conjointes sont déployées aux frontières des Etats membres. Comme le général Kanekomo Adamu l'a lui-même indiqué, le théâtre d'opération recouvre une bande désertique d'une longueur de 1 956 km et d'une profondeur de 933 km, s'étalant d'Ouest en Est et vers le Sud, et recouvrant de vastes espaces en territoires algérien, mauritanien, nigérien et malien. Cet arc de crise est appelé Zone commune d'activité opérationnelle. Cette zone de déploiement et d'intervention, largement ouverte, est entrecoupée en son cœur par les monts maliens de Tigherghar et de Tadhak, plus à l'Est par l'Adrar-Bous au Niger et, en Mauritanie, par la région de Chegga. Le CEMOC a notamment à sa disposition deux «plateformes d'aéronefs», accueillant notamment des hélicoptères de reconnaissance, de surveillance, de manœuvre et de combat, à Bordj Badji Mokhtar et à In Guezzam, dans l'Extrême-Sud algérien. Cette flottille est appuyée par un avion de surveillance aérienne doté d'équipements les plus sophistiqués. Ce dispositif est complété par un PCA, un Poste de commandement avancé à Bordj Badji Mokhtar et par le Secteur opérationnel d'In Guezzam. Chaque plateforme d'aéronefs compte un bataillon d'infanterie autonome muni d'équipements modernes, indépendamment d'autres unités opérationnelles dont la nature et les effectifs ne sont pas précisés. Outre l'installation d'unités de combat, de surveillance et de recherches en profondeur, dont le niveau d'interopérabilité sera, au fur et à mesure, amélioré, le CEMOC s'est attelé à la mise en place et à l'activation de réseaux de transmission, de cartes opérationnelles et de sécurité, à partir des sources des quatre pays membres. Il a veillé également au suivi des activités et à l'actualisation de l'état des effectifs des groupes terroristes opérant dans la Zone commune d'activité opérationnelle. D'un point de vue pratique, cela consiste à préparer notamment des modèles de documents opérationnels pour les commandements des unités du CEMOC et, last but not the least, la planification de patrouilles de reconnaissance aériennes et de patrouilles mixtes ou conjointes terrestres. Il s'agit aussi d'organiser des séances de coordination, de planification, d'organisation et d'évaluation entre l'état-major du CEMOC et ses différentes unités déployées, à l'exemple de celles qui ont réuni l'EM CEMOC et l'état-major des forces nigériennes, le 25 mai 2010, à In Guezzam, et le 20 octobre de la même année, à Bordj Badji Mokhtar, et, neuf jours après, à In Guezzam, avec le commandement d'état-major des forces maliennes, bien avant, le 28 mai 2010. Par touches successives, le CEMOC s'installe dans ses murs, déploie ses unités et ses activités, enregistrant des «progrès considérables en matière de coordination dans la lutte contre le terrorisme entre les pays du Champ de la région du Sahel», selon les propres termes du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération malien. Soumeylou Boubeye Maiga a toutefois souligné lors d'un passage à Alger qu'il reste au CEMOC «d'établir des liens opérationnels sur les questions liées aux opérations militaires conjointes», façon de dire qu'il restait encore assez à faire pour améliorer les capacités opérationnelles de la force d'intervention rapide commune et le degré d'opérabilité entre forces algériennes, maliennes, nigériennes et mauritaniennes engagées. D'une manière générale, le CEMOC a pour missions de suivre, analyser et coordonner les actions dans la Zone opérationnelle conjointe. De mener des opérations de recherche et de localisation nécessaires à l'élimination des groupes terroristes et leurs réseaux d'appui et de logistique, ainsi que les réseaux connexes de trafic en tous genres. Il lui est assigné aussi l'obligation de suivi de l'évolution de la situation sécuritaire dans la zone commune d'intérêt et d'intervention, et de planifier et d'exécuter des opérations coordonnées avec les autorités des pays où ont lieu les opérations. Au cœur du CEMOC, l'UFL. L'Unité de fusion et de liaison, créée le 6 avril 2010, est une structure de veille stratégique et tactique, dont la délicate mission est de fournir le CEMOC en renseignements opérationnels, ce que le CEMOC qualifie lui-même «d'informations sécuritaires, tactiques et opérationnelles nécessaires à la conduite d'opérations conjointes de lutte contre le terrorisme et les différentes activités de contrebande».Le CEMOC est ainsi un résultat inéluctable du développement et de la diversification des activités terroristes menées par des groupes se réclamant d'Aqmi. Sa conception et sa mise en œuvre, précisément la création de mécanismes militaires et sécuritaires opérationnels entre les quatre pays de la zone sahélo-saharienne les plus exposés et les plus touchés par le terrorisme transfrontalier, sont devenus possibles après notamment la Conférence ministérielle de coordination des pays du Sahel africain d'Alger (16 et 17 mars 2010), la réunion extraordinaire des chefs d'état-major des pays du Champ, le 26 septembre 2010 à Tamanrasset, et, enfin, la rencontre extraordinaire du Conseil des chefs d'état-major des pays membres du Comité d'état-major opérationnel conjoint, à Bamako, du 28 au 30 avril 2011. Une montée en cadence qui a permis d'augmenter les flux et les échanges de renseignements, de même que la qualité et l'efficacité de la coordination sécuritaire entre partenaires. Ce qu'un éditorialiste de la revue El Djeich appelle sobrement «la concertation et la coordination continues». N. K.