D'ultimes tractations sont menées par le syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo) pour amener les responsables des caisses de sécurité sociale et le gouvernement à ne pas supprimer la majoration de la marge bénéficiaire sur les médicaments génériques, dont ceux produits localement. En effet, le Snapo, pour protester contre cette décision de la Cnas et de la Casnos de supprimer cette majoration sur la marge bénéficiaire appliquée depuis 2011 pour encourager la production locale de médicaments, a appelé à une grève générale avec fermeture des officines de ses quelque 10.000 adhérents demain mercredi entre 8 heures et 13 heures. Hier, dans une déclaration à la radio nationale, le président du Snapo, Messaoud Belambri, a indiqué qu'il a rencontré dimanche le ministre de la Santé et a discuté avec lui sur ce dossier. «Le ministre de la Santé m'a annoncé que le gouvernement, sur décision du Premier ministre, tiendra jeudi un conseil ministériel sur ce problème de la majoration des marges bénéficiaires des pharmaciens d'officine». Selon le Dr Belambri, la réunion ministérielle se penchera exclusivement sur ce dossier, en particulier la décision des caisses de sécurité sociale d'annuler la majoration de la marge bénéficiaire décidée en 2008 par le président Bouteflika pour encourager la production locale de médicaments. «La rencontre avec le ministre de la Santé a été positive», a indiqué, par ailleurs, le président du Snapo, qui a souligné qu'«on est confiants» quant au règlement du problème. Il a également annoncé qu'il devait rencontrer durant la journée d'hier lundi le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, autour du même dossier, avant «une réunion technique» dans la même journée, a-t-il ajouté, avec les directeurs généraux de la CNAS et de la CASNOS. «On espère que ce dossier soit pris en charge», a-t-il souligné, et que le système de la majoration de la marge bénéficiaire, précise-t-il, «ne soit pas annulé». Le bras de fer Snapo-Caisses de sécurité sociale a commencé il y a quelques semaines, lorsque les caisses de sécurité sociale avaient annoncé leur intention de supprimer la majoration de la marge bénéficiaire des pharmaciens. Celle-ci avait été instaurée en 2011, comme un système de majoration conçu pour soutenir la production locale de médicaments et de produits génériques. Et, dans les faits, le prix final du médicament intègre une majoration de 10% pour chaque produit générique commercialisé et une autre majoration de 10% pour chaque produit fabriqué en Algérie, soit 20%. Dans de récentes déclarations à la presse, le président du Snapo a expliqué que si cette disposition d'annulation venait à être appliquée, elle concernerait 358 DCI (dénominations communes internationales), alors que plus de 1596 médicaments fabriqués localement sur un total de 2029 sont inscrits à la nomenclature du système Chifa, soit 80% des médicaments fabriqués localement vont perdre une incitation à la dispensation. «Qu'est-ce qu'on aura laissé dans ce cas à la production nationale ? C'est une véritable mise à mort si on considère que depuis l'adoption du principe des incitations, la production a connu un bond de 25% en 2009 à 46% à décembre 2016», s'interroge le Dr Belambri, inquiet des problèmes de trésorerie rencontrés par les pharmaciens d'officine. Au mois de mai dernier, il avait déjà tiré la sonnette d'alarme estimant dans un entretien à la radio nationale qu'il faut «faire une révision des marges bénéficiaires, qui sont en diminution depuis 20 ans de manière continue». «Notre revendication est qu'elle soit revue à la hausse ; il y a 10.500 pharmaciens et 36 millions d'Algériens qui sont pris en charge par les officines avec une augmentation incroyable des coûts. On a recruté et cela nécessite des frais, et cela pèse lourdement sur les pharmaciens d'officine. En outre, il y a 13 millions de cartes Chifa à gérer». Avec la mise en place de la carte Chifa, «cela a nécessité un recrutement très fort et une hausse des charges. Avec la gestion de la carte Chifa, a-t-il dit, il y a 3600 à 3700 officines qui ont des difficultés par rapport au prix du médicament». A moins de 24 heures de la grève annoncée par le Snapo pour protester contre l'annulation de la majoration de la marge bénéficiaire décidée par les organismes de la sécurité sociale, les discussions entre le ministère de la Santé, le gouvernement et les caisses de sécurité sociale avec le syndicat des pharmaciens pourraient aboutir à une solution, dans l'attente des décisions que prendra le conseil ministériel de jeudi que devrait présider le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune.