La position officielle, à propos de l'immigration illégale, exprimée par la voix du ministre de l'Intérieur, rejoint par certains aspects des avis développés sur cette question par le Secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, dont les termes crûment manifestés ont provoqué, le 8 juillet dernier, un tollé au sein des organisations de défense des droits de l'Homme et autres partis politiques, notamment en considérant que ces étrangers (ndlr, les Subsahariens) en séjour illégal comme « source de crime, de drogue et de plusieurs autres fléaux ». Des déclarations qui ont fait des vagues sur un plan local et international mais qui n'ont pas fait fléchir la position officielle de l'Algérie à ce sujet. M. Ouyahia n'a pas exprimé un avis personnel, en dénonçant ces étrangers, en séjour illégal, on s'en rend mieux compte lorsqu'on colle ces déclarations à celles du ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, qui a affirmé, le 10 juillet ; que « les migrants clandestins constituent une menace pour la sécurité nationale », et maintenant ; le ministre de l'Intérieur, soulignant lors d'une intervention publique, jeudi dernier, que la sécurité territoriale est « un facteur déterminant dans la concrétisation de la sécurité internationale ». Le souci majeur des autorités algériennes est très clairement exprimé, à travers ces positions officielles, qui ne diffèrent, l'une de l'autre, que par le ton, parfois livrées à l'état brut et d'autres fois, enveloppées dans un discours diplomatique. Mais la finalité est la même, bien évidemment, exprimant de vives inquiétudes face à ce « fardeau qui pèse, de plus en plus, lourd, sur l'Algérie du fait de l'immigration illégale », dixit M. Noureddine Bedoui. Dans son allocution, prononcée à l'occasion de la conférence, sur « les défis de la sécurité et l'approche en matière des droits de l'Homme: la réconciliation nationale, en Algérie, comme exemple », organisée par le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) à l'hôtel El Djazaïr, jeudi dernier, M. Bedoui a exhorté les partenaires internationaux à tenir compte de cette lourde charge, estimant, dans ce contexte, que les droits de l'Homme « sont un problème global qui nécessite une coordination complète ». La problématique de la menace que fait peser l'immigration illégale sur la sécurité territoriale est soulevée, avec acuité, par le ministre de l'Intérieur, qui a relevé que l'Algérie « en dépit des dangers sécuritaires qui la guettent » veille à « une approche humanitaire », dans le traitement de la question de l'immigration illégale. « Nous supportons un fardeau de plus en plus lourd et nous agissons, positivement, en dépit de tous les défis, même si nous pensons que nos partenaires internationaux doivent en tenir compte », a affirmé le ministre de l'Intérieur. Rappelant que les droits de l'Homme, ne sont pas « une question d'arbitrage ou de recensement de cas différents, les uns des autres, mais plutôt une problématique globale, nécessitant une coordination complète » entre toutes les parties concernées. L'Algérie pays d'accueil après avoir été un pays de transit M. Bedoui ajoute, encore, que «l'aspect humanitaire dans le traitement de la situation des victimes des tragédies générées par les conflits est tout aussi important». Il a soutenu, dans ce sens, que l'Algérie suivait la même approche en ce qui concerne toutes les questions liées aux droits de l'Homme, « une approche basée sur le principe du traitement des causes et non les symptômes », affirmant que sa position, vis-à-vis de la question de l'immigration illégale, en était « la meilleure preuve » en dépit du fait qu'elle soit devenue un pays d'accueil après avoir été un pays de transit. Soulignant que « le défi sécuritaire était le baromètre pour mesurer le respect des droits de l'Homme, par les nations » et qu'il s'agit-là d'une équation « qui ne peut être appréhendée, à travers des cas différents et des constats ne s'appuyant sur aucune réalité concrète ». M. Bedoui a affirmé que le gouvernement algérien a adopté les normes les plus exigeantes, en vigueur dans ce domaine. « Nous n'hésitons, nullement, à coopérer avec nos partenaires internationaux, dans ce domaine et nous appréhendons la question, en étant confiants et libérés de tout complexe », a-t-il souligné. Evoquant la longue expérience de l'Algérie, dans ce domaine, M. Bedoui a rappelé que face à ce genre de défis, l'Algérie a, de tout temps, fait preuve de modération et évité tout excès de zèle, y compris durant les années où le terrorisme sévissait en Algérie. « Nous sommes confrontés à cette question, depuis le début des années 90 et nos services font bien la différence, entre les droits de l'Homme et le maintien de la sécurité pour protéger les citoyens et leurs biens », devait souligner M. Bedoui, insistant sur le fait que « l'Algérie est un Etat de droit qui a beaucoup appris de son expérience qui remonte à l'ère coloniale ». S'agissant de la réconciliation nationale, axe principal de cette conférence, M. Bedoui a estimé qu'elle constitue l'un des fruits de cette longue expérience qui nous a appris, a-t-il ajouté, que cette réconciliation « ne peut émaner que du peuple et de son génie collectif ». Le ministre de l'Intérieur a tenu à préciser, dans ce sillage, que la réconciliation nationale, plébiscitée par le peuple « n'est pas synonyme de peur ou de renoncement mais plutôt une démarche globale visant à réconcilier tous les enfants de la Nation, sans exception », ajoutant que « ce n'était pas toujours facile et que les plaies n'auraient pu être soignées, sans l'adhésion du peuple autour des institutions de la République ». « La question des droits de l'Homme, préoccupation majeure à l'étranger, est pour l'Algérie un stade dépassé car son aspiration était de loin plus noble : surmonter la division et rétablir la cohésion nationale », a lancé M. Bedoui, dans le but évident de faire parvenir un message aux ONG et autres capitales occidentales qui ne cessent de critiquer l'Algérie, à la moindre occasion, sur ce point des droits de l'Homme.