La règle 51/49% régissant l'investissement étranger en Algérie continue à être remise en cause, encore une fois, par les diplomaties étrangères. M. Johannes Hahn, Commissaire chargé de la Politique européenne de voisinage et des négociations de l'élargissement de l'Union européenne, a désapprouvé cette disposition, lors de son intervention dans une conférence de presse, tenue à Alger en marge de sa visite officielle, en Algérie, qui a duré trois jours. Pour le commissaire de l'Union européenne, cette disposition «est une règle protectionniste négative» qui ne favorise pas, selon ses propos, l'épanouissement des investissements étrangers en Algérie et n'attire pas les investisseurs. Le commissaire de l'union relativise en précisant «ça serait une incompréhension de penser que tout dépend de cette simple règle d'investissement. Plusieurs compagnies étrangères et européennes opèrent sur le marché algérien en dépit de cette règle». Mais, pour lui les investisseurs étrangers sont beaucoup plus favorables à des marchés qui leur accordent plus de facilités. Et de recommander plus de flexibilité par rapport à cette disposition de la part des autorités algériennes, et ce, pour attirer les investisseurs dans un marché qui a besoin, selon sa conception des choses, davantage de facilitations. Et d'affirmer que «50 % du business est plutôt psychologique». Concernant le déséquilibre structurel des échanges entre l'Algérie et l'UE, M. Hahn a reconnu que l'UE a imposé ses barrières non tarifaires pour les produits algériens destinés à l'exportation. Il explique que l'UE européenne a imposé la conformité des produits algériens aux normes et standards européens, ce qui constitue un frein, parfois, pour les exportations algériennes. Mais, rassure-t-il, l'Union européenne est prête «à aider les PME-PMI à se mettre aux normes afin de faciliter l'exportation de leurs produits vers le marché européen». Le commissaire de l'Union européenne a affirmé dans ce sens qu'il avait proposé au Premier ministre Abdelmadjid Tebboune, d'amorcer avec la partie algérienne «un dialogue économique de haut niveau en vue d'aborder l'ensemble de ces questions, d'identifier les difficultés et plancher de ce fait, notamment pour faciliter les échanges et les exportations algériennes vers l'UE». Pour ce qui est de l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne où la partie algérienne avait demandé un rééquilibrage, le commissaire de l'EU a affirmé que les discussions se poursuivent et qu'il est possible de trouver un terrain d'entente tout en définissant les priorités des deux parties. M. Hahn a recommandé toutefois à l'Algérie de redéfinir le rôle de l'Etat dans l'économie et la place que devrait occuper le secteur public. Et de solliciter la partie algérienne à améliorer le climat des affaires et du marché afin d'encourager les investisseurs étrangers et nationaux à investir davantage. Il affirme que le plus grand objectif de l'UE est d'avoir la stabilité dans le voisinage de l'Europe et cette stabilité ne peut se bâtir que sur une économie saine et stable. Et de poursuivre en précisant que cette stabilité doit également se bâtir sur «l'affrontement commun des défis auxquels nous sommes confrontés, notamment de la migration, de la radicalisation et du terrorisme». Justement, le représentant de l'Union européenne a annoncé la tenue d'un «dialogue de haut niveau qui sera initié avec l'Algérie en octobre prochain autour des questions sécuritaires, à Bruxelles». Soutien de l'EU à la diversification économique de l'Algérie Le commissaire Hahn a réaffirmé le soutien de l'UE à la diversification économique de l'Algérie. Il a tenu à préciser que 18 programmes de coopération ont été déjà réalisés et qu'ils ont atteint leurs objectifs. «L'UE continuera à soutenir l'Algérie dans ses efforts pour diversifier son économie et à améliorer le climat des affaires», a-t-il dit. Il a évoqué des projets en faveur de la croissance économique d'une valeur de 200 millions d'euros, couvrant plusieurs secteurs de l'agro-alimentaire, à la promotion des énergies renouvelables. Lors de sa visite, le commissaire Hahn a lancé un nouveau projet de jumelage portant sur le partage d'expertise dans le domaine des technologies de l'information et de la communication. Il s'agit d'un nouveau projet de Jumelage Institutionnel lancé entre l'Agence Nationale de Promotion et de Développement des Parcs Technologiques (ANPT) et un Consortium européen constitué du Ministère Fédéral de l'Economie et de l'Energie (BMWi) en sa qualité de chef de file et de la Fondation Sophia Antipolis (FSA) de France en tant que partenaire junior. Financé à hauteur de 1 400.000 euros par l'Union européenne (UE) et géré par le Ministère du Commerce à travers l'Unité de Gestion du programme P3A (UGP3A), ce jumelage s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de l'Accord d'association. Lancé pour une durée de 24 mois, ce jumelage institutionnel devrait permettre d'aborder l'étude des meilleures pratiques des deux pays membres du Consortium européen susceptibles d'être adaptées au contexte algérien. Le commissaire Hahn a également souligné l'adhésion prochaine de l'Algérie au partenariat de recherche et de l'innovation dans la région méditerranéenne (PRIMA), suite à la récente conclusion, le 11 juillet dernier, d'un accord international sur ce projet où l'Algérie s'est engagée avec 20 millions d'euro. L'Algérie et l'UE devraient signer officiellement l'accord entérinant l'adhésion de l'Algérie à PRIMA, avant la fin de l'année.