Elle se prêterait à toutes les lectures, cette rencontre entre le Premier ministre et UGTA-Patronat, en vue de préparer la tripartite. Annoncée pour aujourd'hui à travers un communiqué lapidaire des services du Premier ministre, dont l'objet indiqué évoque «un échange de concertation et examen de points à soumettre à la tripartite, ainsi que la fixation de la date et du lieu de la tenue de la rencontre dont l'organisation est prévue prochainement», la rencontre demeure objet de dissertations des observateurs de la scène nationale, toute ouïe tendue pour suivre les développements de cet épisode qui intervient dans un contexte si particulier, marqué par des tensions apparentes entre les principaux animateurs de la tripartite. Il y a eu d'abord cet incident «protocolaire» de l'Ecole des assurances où Haddad a été prié de quitter la salle avant l'arrivée du Premier ministre pour la remise des diplômes, suivi par le déclenchement des mises en demeure à l'encontre du groupe ETRHB, donnant lieu à la formation d'un bloc de soutien au Président du FCE, constitué par les principaux partenaires sociaux signataires du Pacte économique et social de croissance. Ces derniers auraient sérieusement envisagé d'aller vers une riposte musclée, mais ils ont dû ravaler leur colère et suivre la voie administrative, dont les réponses froides'', réglementaires, du groupe ETRHB aux mises en demeure dont il a été destinataire, sont révélatrices de cette attitude raisonnable. C'est que, dans le fond, tout le monde se serait rendu à l'évidence, aucune partie parmi les partenaires du Pacte national économique et social de croissance ne peut couper les cordes qui les lient ensemble, car la signature du Pacte est parrainée par le président de la République et tous les partenaires, y compris le gouvernement, travaillent de concert à l'exécution de son Programme économique. D'ailleurs, c'est ce qui a été clairement exprimé lors d'une récente rencontre, organisée dans le sillage des récents évènements, par les partenaires sociaux et signataires du Pacte économique et social de croissance, qui ont renouvelé leur engagement à poursuivre le dialogue et la concertation avec le gouvernement et à préserver la paix sociale. La couleur est annoncée, la crise ne débordera pas de son cadre relationnel. Peut être bien que les partenaires sociaux auront l'occasion de mettre sur tapis leurs préoccupations et le Premier ministre une opportunité pour mieux expliquer sa démarche, mais le but est le même et seules les voies pour y arriver peuvent différer. Car, doit-on le rappeler, le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, avait signalé lorsqu'il a annoncé la séparation de l'argent et le politique, lors de la présentation du plan d'action du gouvernement devant le Parlement, en juin dernier, qu'il ne cherchait nullement une quelconque confrontation avec les hommes d'affaires. Il avait également affirmé que le gouvernement s'attellerait à l'ouverture de canaux de dialogue et de concertation avec toutes les composantes du tissu national, qu'elles soient politiques, syndicales, académiques ou associatives pour expliquer la démarche de l'exécutif, obtenir la confiance et l'adhésion de tous, soulignant que le gouvernement est conscient qu'un consensus autour des questions nationales majeures facilitera grandement la réalisation des objectifs tracés dans son plan d'action pour la mise en œuvre du programme du président de la République. On relèverait plutôt que la fronde est née d'un autre côté, celui des syndicats autonomes qu'on n'a pas l'intention d'associer à ce dialogue et concertation, comme promis. Pour rappel, le Pacte national économique et social de croissance avait été signé lors des travaux de la tripartite de février 2014 entre le gouvernement, l'UGTA, la CGEA, FCE, l'UNEP, CNPA, la CIPA, la CAP, l'UNI, la CGP-BTPH et l'AGEA.