De violents affrontements, ayant fait au moins une dizaine de morts et plusieurs blessés depuis jeudi dernier près de la ville de Kidal, dans le nord du Mali, entre groupes touaregs signataires de l'accord de paix d'Alger (juin 2015) font peser sur la région de réelles menaces. D'abord sur le processus de paix, ensuite sur une reprise des affrontements dans la région qui ne profiteront qu'aux groupes terroristes, selon des membres de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) , qui a condamné dans un communiqué 'ces violations du cessez-le-feu.'' ''La MINUSMA constate avec consternation et inquiétude des violations continues et accrues du cessez-le-feu par les deux mouvements signataires de l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali'', indique la Mission, qui explique que ces 'violations comprennent des mouvements de convois armés dans la région de Kidal, des provocations et des combats, dont les affrontements armés en cours au sud d'Aguelhok en sont la parfaite illustration.'' Selon Mohamed Saleh Annadhif, responsable des casques bleus au Mali, ''il s'agit de violations de l'Accord de paix et des résolutions du Conseil sécurité. Si elles persistent, elles affecteront non seulement la mise en œuvre de l'Accord de paix, profitant ainsi au terrorisme pour gagner davantage du terrain, mais elles risquent également de saper la confiance des Maliennes et Maliens et de la communauté internationale toute entière en la bonne foi des mouvements signataires en tant que partenaires sérieux et crédibles dans la quête du Mali pour une paix durable.'' De son côté, l'Algérie, qui a déployé beaucoup d'efforts pour amener les groupes armées dissidents du nord du Mali à signer l'accord de paix d'Alger, a exhorté 'les responsables (des mouvements signataires de l'accord de paix) à assumer pleinement leur responsabilité et à agir promptement afin que cessent ces agissements, à privilégier le dialogue et la concertation et à intensifier les efforts visant à surmonter les difficultés sur le terrain». Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali-Cherif a indiqué que l'Algérie suivait avec «attention les derniers affrontements armés» dans la région de Kidal. 'Ces affrontements (...) constituent des violations graves des termes de cet accord et affectent l'esprit d'entente, qui anime les différentes parties maliennes dans sa mise en oeuvre effective». Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, ces «développements négatifs, qui profitent en premier lieu aux activités des groupes terroristes et au crime organisé dans la région, risquent de porter atteinte à la crédibilité des mouvements signataires de l'accord de paix et à leur engagement de manière résolue dans le processus de paix». Les affrontements armés opposent depuis jeudi les éléments de la Coordination des mouvements Azawad (CMA) et ceux du GATIA, le Groupement d'Auto Défense Touaregs Imghad et Alliés. Les affrontements ont été provoqués par un incident survenu jeudi, selon le journal en ligne mali-web.org, lorsque trois véhicules du Gatia, en majorité de l'ethnie imghad sont entrés à Kidal, et que les éléments de la CMA, en majorité des ifoghas, auraient ouvert le feu sur eux. Le Gatia a ensuite riposté. La CMA aurait perdu deux positions dans la ville de Kidal, et 'ces affrontements, selon la presse malienne, montrent combien est compliquée la gestion consensuelle de la ville de Kidal, en dépit d'un accord signé il y a une semaine à Niamey''. Dans un communiqué diffusé le jour même de ces affrontements, jeudi 6 juillet, la CMA, qui a imputé la responsabilité de ces accrochages au GATIA a affirmé qu'elle a agi 'en légitime défense''. Dans ce communiqué signé par un de ses responsables, Almou Ag Mohamed, la Coordination des Mouvements de l'Azawad 'informe la Médiation Internationale, le Gouvernement du Mali, l'opinion nationale et internationale, d'une attaque menée tôt ce matin du 06 juillet 2017 contre une de ses positions basée à une dizaine de Kilomètres à l'Ouest d'Intachdayt , par une colonne du Gatia venue d'Anefif sous la conduite d'un certain Akhmadou Ag Asriw'', qui serait coupable, selon la CMA 'd'exécutions sommaires, enlèvement de personnes, passage à tabac et humiliations de toutes sortes.'' 'La CMA regrette et condamne cette violence qui lui est régulièrement imposée depuis le début du processus de Paix par une organisation qui ne s'est jamais inscrite dans la logique de la Paix'', ajoute le communiqué. La CMA 'demeure attachée à l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d'Alger et au cessez-le-feu'', ajoute-t-elle, rappelant que 'la seule solution réside dans la mise en oeuvre de cet Accord et un dialogue sincère, franc et dépassionné.'' Deux ans après sa signature, l'accord de paix d'Alger reste encore à 'appliquer'' sur le terrain, estime la presse malienne. 'L'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali n'a pas connu de grandes avancées'', souligne Madiassa Kaba Diakité du journal Le Républicain. Il ajoute: 'les groupes armés continuent aussi de s'affronter régulièrement et très violemment pour le contrôle de Kidal qui est toujours interdit aux autorités maliennes'', 'les réfugiés et les déplacés ne sont pas encore de retour'', et, 'pire, on assiste à une recrudescence d'actes terroristes contre les forces militaires maliennes et étrangères'', alors que ''les conflits intercommunautaires au centre du pays prennent des proportions inquiétantes.''