Quelques jours après la reprise par l'Algérie des opérations de rapatriement de Subsahariens en situation irrégulière, la présidente du Croissant-Rouge algérien (CRA), Mme Saïda Benhabilès, a révélé hier vendredi que plus de 9.000 enfants et femmes de nationalité nigérienne ont été acheminés en Algérie par des réseaux spécialisés dans le trafic d'être humains. Mme Benhabilès a expliqué dans une déclaration à la chaîne TV Ennahar qu'''actuellement, les services de sécurité ont recensé quelque 3.000 femmes et 6.000 enfants, qui s'adonnent à la prostitution et à la mendicité sur le territoire national''. En 2014 et à la demande des autorités nigériennes, l'Algérie avait procédé, a-t-elle rappelé, 'au rapatriement des migrants de ce pays (Niger) suite à la découverte de l'implication de réseaux spécialisés dans le trafic d'êtres humains dès leur arrivée sur le sol algérien. Des femmes et des enfants étaient envoyés via ces réseaux en Algérie pour les entraîner à la mendicité et à la prostitution''. La présidente du CRA, qui a confirmé la reprise, dès mardi 1 août, des opérations de rapatriement des ressortissants nigériens en situation irrégulière, a souligné par ailleurs que l'opération de rapatriement de décembre 2016 avait coûté à l'Etat algérien quelque 800 milliards de DA. En trois ans (2014-2017), au moins 18.640 Subsahariens avaient été rapatriés dans leurs pays, dont des Nigériens et des Maliens. L'annonce de la reprise des opérations de rapatriement des Subsahariens en situation irrégulière avait été officiellement annoncée mardi dernier par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif, qui a précisé que cette décision des autorités algériennes avait été prise, 'en étroite collaboration avec leurs homologues nigériennes. Une décision qui a été immédiatement exécutée, puisque le grand camp de Subsahariens d'Aïn Naadja, installé sous le pont de Baraki au niveau de l'autoroute Est-Ouest dans la wilaya d'Alger, a été 'vidé'' et évacué, a-t-on constaté. Jeudi en milieu de journée, il n'y avait plus aucun signe matériel de la présence, il y a seulement quelques jours, de plusieurs centaines de Subsahariens, qui vivaient dans des conditions déplorables dans ce camp. Mais, ailleurs, à Alger, à Blida et Boufarik, il y a toujours la présence de Subsahariens. Selon la présidente du CRA, l'opération de rapatriement des Subsahariens en situation irrégulière sur le sol algérien se poursuivra. Dans son communiqué de mardi dernier, le ministère des Affaires étrangères avait indiqué que 'dans l'objectif de mieux faire face au phénomène de l'immigration irrégulière et lutter contre les réseaux de la traite des personnes, les autorités algériennes ont décidé, en étroite coordination avec leurs homologues nigériennes de la reprise à compter du 1er août 2017, des opérations de rapatriement de ressortissants nigériens en situation irrégulière en Algérie». Ces opérations, ajoute le ministère, font partie 'd'une série de mesures prises par le gouvernement algérien en vue de renforcer la coopération avec les pays d'Afrique subsaharienne, notamment le Niger et le Mali, à l'effet de juguler les flux migratoires irréguliers auxquels notre pays se trouve confronté». Le dispositif de rapatriement des migrants subsahariens, qui associe 'tous les secteurs et acteurs concernés dont le Croissant-Rouge algérien, a été mis en place en vue de permettre la mise en oeuvre des opérations de rapatriement dans les meilleures conditions possibles et dans le strict respect de la dignité et des droits humains, conformément aux engagements internationaux de l'Algérie en la matière», explique le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. En outre, les autorités algériennes «ont veillé à ce que les opérations de rapatriement s'effectuent, tout au long de ses différentes étapes, dans des conditions optimales de confort et de sécurité», dont une prise en charge médicale et psychologique, a-t-il souligné. En fait, le rapatriement des Subsahariens, dont la présence massive en Algérie avait suscité au mois de juin une vive polémique entre la société civile et des partis, sur fond de vague xénophobe dénoncée sur les réseaux sociaux, était en préparation par le gouvernement. Le chef du gouvernement Abdelmadjid Tebboune avait évoqué le dossier devant les parlementaires, fin juin dernier. Tebboune avait notamment expliqué que 'la présence de nos frères africains dans notre pays sera réglementée et le ministère de l'Intérieur procède actuellement à travers les services de police et de la gendarmerie au recensement de tous les déplacés''. Il a ajouté qu'une carte de séjour sera octroyée à 'chaque réfugié dont la présence en Algérie est acceptable, ce qui lui permettra de travailler'', alors que pour 'ceux qui ne seront pas considérés comme réfugiés, le gouvernement prévoit de les reconduire vers leurs pays d'origine dans des conditions acceptables'', comme cela avait été organisé en novembre dernier pour des migrants nigériens et maliens. A la suite de cette déclaration du Premier ministre, le chef du RND Ahmed Ouyahia avait fait une déclaration sur les Subsahariens, qui avait non seulement enflammé les réseaux sociaux, mais qui lui a valu une 'volée de bois'' des ONG de défense des droits de l'homme. '( ) ces gens-là sont venus en Algérie de manière illégale'', a-t-il affirmé, ajoutant que 'cette communauté étrangère, qui réside en Algérie de manière illégale, est source de crimes, de trafics de drogue et plusieurs autres fléaux''. Ouyahia avait ajouté: 'nous ne disons pas aux autorités, jetez ces migrants à la mer ou au-delà des déserts. Mais le séjour en Algérie doit obéir à des règles''. Plus diplomatique, le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel avait déclaré mi-juillet dernier que les autorités algériennes suivent 'de près le phénomène de l'immigration clandestine des Africains pour qui, l'Algérie est devenue une destination». Il avait annoncé que le gouvernement est «en phase de prendre des mesures urgentes pour faire face à ce flux important de migrants clandestins derrière lequel se cachent des réseaux organisés. Ces réseaux de trafic de personnes constituent désormais «une menace pour la sécurité nationale''. Au mois de décembre 2016, l'Algérie avait rapatrié plus de 1.400 Maliens et Nigériens, de concert avec les autorités de ces deux pays, ce qui a, cependant, été dénoncé et critiqué par des ONG des droits de l'homme, dont Human Rights Watch (HRW), qui avait appelé les autorités algériennes à mettre fin 'aux expulsions sommaires'' de Subsahariens.