Livres Economie du tourisme. Un investissement d'avenir pour l'Algérie. Essai de Karim Chérif. Casbah Editions, Alger 2017, 196 pages, 750 dinars La seule contribution du tourisme au Pib mondial, environ 10%, est plus importante que celle de l'industrie automobile, pétrolière ou agroalimentaire. Et, quand le secteur du tourisme crée un emploi direct, il en génère dix indirects ou induits, dans d'autres secteurs. Ce qui n'est pas rien. Des chiffres incontestables, incontournables, qui montrent et démontrent le rôle actuel du tourisme (au sens large du terme) dans la création de richesses et d'emplois. Et, cela, bien des pays à travers le monde en ont pris conscience. Même les pays habitués à la rente pétrolière, le développement étant saisi comme un concept global, et la chute des cours de ces dernières années ayant accéléré le processus de recherche d'alternatives. L'auteur cite (et explicite), à titre d'exemples, le cas de plusieurs pays qui ont réussi la mue ou, alors, qui ont fait du secteur du tourisme et de l'hôtellerie une source non négligeable de ressources financières (quand il s'agit, entre autres, de visiteurs étrangers) ... sans compter les retombées culturelles et socio-politiques (quand il s'agit, entre autres, des touristes nationaux et du tourisme domestique) sur l'image de marque du pays : La Chine, la Tunisie, la Turquie, le Maroc, l'Arabie Saoudite, la République dominicaine, l'île Maurice, l'Egypte... sans parler des pays industrialisés qui sont à la pointe touristique comme la France, les Etats-Unis, l'Espagne, l'Italie, la Suisse... Bien des choses avaient été faites en Algérie : de 1967 à 1979, le flux des touristes étrangers avait connu une croissance annuelle de 10%, avec une moyenne annuelle de 240 000 touristes/an, ce qui n'était pas si mal... et les partenariats avec les grands tour-opérateurs européens étant nombreux» Hélas, dès le milieu des années 70, «diverses pratiques créent des dysfonctionnements dans la gestion du parc hôtelier»... avec une gestion étatique dominante et dominatrice et une pléthore d'organismes... et, cela a eu pour effet d'éloigner les touristes de la destination Algérie. Les investissements s'affaissent littéralement (1,36% du montant global lors du second plan 1973-1977... contre 2,5% lors du premier plan 70-73). Quant au tourisme domestique, il restait embryonnaire. Le reste est une toute autre histoire, intimement liée à l'évolution politique du pays» et à la rente (en hausse ou en baisse) pétrolière. La décennie rouge a compliqué encore beaucoup plus les choses. : entre 1990 à 1996, le nombre de touristes étrangers passe de 359 895 entrées à 18 451, soit une baisse de 95%. Depuis 2000, les lignes ont commencé à bouger (dans une société en pleine évolution rapide et «connectée» et avec une grande «curiosité» internationale) mais cela reste encore bien insuffisant pour donner au secteur la place désormais absolument nécessaire au sein de notre économie. Que faire pour relever le nouveau défi économique ? L'auteur fait l'historique, présente des comparaisons, dresse un diagnotic (du secteur et de ses métiers, des richesses et des atouts) ... et, surtout, avance des propositions assez concrètes ... pour rendre attractive la destination Algérie aux nationaux et aux étrangers et pour la «vendre». Bien sûr, pour cela, il faut «une autre approche» (avec une offre plurielle et une offre globale....et une diplomatie touristique très active), un «autre dessein», donc un «autre regard», et une «autre vision». Pas facile ! Mais pas impossible. On en sent d'ailleurs les frémissements. L'Auteur : Karim Chérif Athmane, jeune entrepreneur oranais, investi tout particulièrement dans le secteur touristique et immobilier au niveau de la région ouest, Pdg du Groupe Eden (dont l'hôtel Eden Phoenix), la cinquantaine (né en 1967 à Oran), gradué en gestion (diplôme de l'Idrh), diplômé d'une école supérieure de commerce à Paris, formé aux techniques des métiers de l'hôtellerie et du tourisme (Lycée hôtelier de St Quentin en Yvelines, France). Extraits : «Quand le secteur du tourisme crée un emploi direct, il en génère dix indirects ou induits dans d'autres secteurs» (p 15), «Une personne qui vient pour la première fois dans un pays, touriste ou homme d'affaires, se forgera un ressenti sur ses premiers contacts (...). Certains de nos compatriotes doivent s'imprégner de cette réalité, et adapter leurs attitudes en conséquence» (p 19), «Aujourd'hui, les consommateurs sont devenus leurs propres organisateurs de voyages. De moins en moins d'agences ont pignon sur rue. Le candidat se prépare sur plusieurs sites pour décider où il ira, ce qu'il visitera.» (p 66) Avis : Pour un fois qu'un entrepreneur algérien parle beaucoup plus de son secteur et du développement du pays que de ses «exploits» managériaux (seulement un tout petit paragraphe consacré aux parents, dont le papa, ancien officier de l'Aln, qui ont inculqué aux enfants la valeur du travail (p 195) ! Pour une fois qu'un entrepreneur écrit et signe un ouvrage ! La nouvelle vague ? Pas partisan, pas dogmatique, aucune démarche politique... Seulement attaché à l'initiative privée et à l'économie de marché. Peut-être un peu trop optimiste, ne tenant pas assez compte des pesanteurs politiques toujours changeantes et des boulets économiques (socialistes) du passé ? Destiné tout particulièrement aux décideurs et autres professionnels du tourisme (pour une mise à niveau ?) ainsi qu'aux étudiants de la spécialité... Cependant, le grand public y trouvera matière à comprendre pourquoi ça «rame» si fort encore ! - dans le secteur. Citations : «Un secteur se juge sur sa capacité d'innover. Cela implique professionnalisme et formation. L'innovation est naturellement liée au savoir, et est un élément essentiel de cette nouvelle économie, celle de la connaissance sans laquelle aucune stratégie de développement ne peut réussir» (p 40), «A l'Etat d'être un facilitateur, un régulateur. Ses fonctions sont avant tout régaliennes mais il se doit d'être aussi un stratège» (p 105), «L'ère des politiques industrielles gérées à la verticale est révolue, le parti est à la transversalité» (p 108), «La vocation touristique d'un pays ne peut s'affirmer pleinement que si celui-ci possède d'autres atouts que du sable fin ; il faut notamment qu'il possède un substrat culturel» (p 177) «Le chef d'entreprise est avant tout celui qui prend des risques, il continuera d'ailleurs à en prendre tout au long de sa vie professionnelle. Avec ses bénéfices, généralement réinvestis, il s'inscrit alors dans une démarche que l'on pourrait qualifier de vertueuse» (p 196) Tourisme magazine. Revue mensuelle du tourisme. Editée par Interexpo, Beni Messous, Alger. N°82, juillet 2017, 40 pages, 100 dinars Sujets abordés : Les agences de voyages (2 041 opérationnelles, soit une agence pour 1 200 entrées sur le territoire et une agence pour 48 lits... Maroc : Un millier d'agences soit une agence pour 10 800 touristes et une agence pour 254 lits... Tunisie : 600 agences soit une agence pour 9 600 touristes et une agence pour 400 lits) ), les forêts récréatives, le projet de Confédération nationale du Tourisme et voyages (avant fin 2017... mais, attention aux «coquilles»... on dit «coup de pouce» et non «coup de pousse»), le point sur le Sitev 2017 («on a l'impression que ce salon est turco-tunisien», selon un membre de la Fnat), les parcs aquatiques («une option touristique indéniable»), les sites archéologiques insuffisamment exploités (l'Algérie compte près de 470 sites culturels protégés dont plusieurs sont classées patrimoine mondial par l'Unesco), l'incontournable sujet, bien sûr, s'agissant du foncier touristique (avec un pillage qui atteint des proportions inquiétantes dans certaines régions), l'animation touristique, le tourisme dans le monde arabe (qui connaît de nouvelles tendances dont, peut-être, la plus lourde est l'engouement des touristes dits du «Golfe» - en non Golf - pour les destinations européennes), le tourisme gastronomique, le rôle primordial du ministère des Affaires étrangères (dans les facilités à accorder des visas aux touristes étrangers). Il y a, aussi, les produits artisanaux («entre qualité et cherté des articles»), et l'incontournable réflexion technocratique sur «le tourisme : une alternative aux hydrocarbures». Un sommaire très riche et varié Extraits : «Les agences de voyages locales sont mues par le gain, elles ne cherchent que leurs intérêts. Elles sont plus des agences de «Omra que de tourisme» (pp 10-11), «L'Algérie peut et se doit d'être une destination touristique... Seulement, il ne faut pas négliger ou omettre les insuffisances et les carences de cette destination, telles que : l'absence de lisibilité, le déficit du marketing, l'insuffisance de l'offre hôtelière et faiblesse de la capacité d'hébergement, le manque d'offre foncière pour l'investissement touristique, la faible utilisation des Tic, le manque d'articulation de la chaîne touristique, l'inefficacité de transversalité intersectorielle... la vulnérabilité des sites naturels, les risques majeurs, la forte densité de la population sur la frange côtière...» (p 35) L'Auteur : Slimane Seba, directeur de la publication. Tél-fax : 023 13 13 46. E-mail : [email protected] et www.tourismemagazine-dz.com Avis : Utile car, en plus des articles d'analyse publiés, il y a des pages de présentation (fiches techniques assez courtes mais claires... mis à part l'absence d'une fourchette des prix pratiqués qui permettent d'éviter toute «surprise») de restaurants haut de gamme... d'Alger et d'Oran, surtout d'Alger. Des «Etoiles» pourquoi pas ? Pour ma part, je pense que la revue devrait se limiter à promouvoir la destination Algérie... et un papier sur «Marrakech» (la ville de «rêve des mille et une nuits») me paraît de trop. Citations : «Le problème du tourisme en Algérie se situe au sommet de l'Etat ; c'est à ce niveau-là, et seulement à ce niveau que le tourisme marchera, quand il sera décidé que celui-ci doit marcher » (p 11) Visions d'Algérie. Magazine trimestriel de géographie et de voyages. Edité par SMH Commnunication, Rouiba, Alger. N37, Juillet-Août-Septembre 2017, 70 pages, 200 dinars En fait, ce numéro est un spécial Photos... de Bou Saâda, Biskra et Timimoun... avec des textes «extraits des n° 23, 24 et 25». Bou Saâda, protégée par trois montagnes et au climat changeant... ancien point de transit et de stationnement des légions impériales romaines. Bou Saâda dont la fondation est liée à deux hommes : Sidi Thameur ben Ahmed et Sidi Slimane ben Rabie. Le premier était taleb ayant fait ses études dans les zaouias ; le second, originaire de Saguiat el Hamra était un homme d'action, volontaire et généreux... Bou Saâda dont le nom avait été décidé, dit-on, par les deux hommes. C'était vers la fn du 15e siècle Biskra et ses paysages fabuleux ; Biskra, point d'attache du Sahara et de l'Algérie. Biskra, nom venant de Veskèra (l'entrepôt) ou venant de Beckéra (la sucrée), extrême limite des Oasis, aujourd'hui deuxième porte du royaume des palmes, du reg caillouteux et des dunes fluides, où les oasis se sont multipliées. Timimoun, ville caravanière prestigieuse, avec son «temps de la contemplation» et son «cercle des réjouissances». Timimoun, capitale du Gourara, entre le Touat au sud et la Saoura plus au nord, une enclave qui fut des siècles durant un important relais de commerce transsaharien. Extrait: «La découverte de nouveaux territoires, la rencontre des autres scandent l'attitude des photographes arpenteurs du monde» (p 5) L'Auteur : Ali Brahimi, directeur de publication. Tél-fax : 017 08 66 51. E-mail : visionsalgerie@ yahoo.fr.Photographies de Ali Brahimi Avis : Très belle présentation et très belles photographies. Deux remarques : un encart publicitaire (sur les destinations) d'Air Algérie qui «date»... et d'autres encarts consacrés à une marque (respectable et utile au demeurant ) de matériels de... nettoyage. Citation: «L'œil du photographe se nourrit à toutes les visions, mais seul un œil tendre, un œil ami porté sur le monde peut nous offrir de bonnes photographies «(p 5)