La solidarité s'organise pour dénoncer le maintien en détention de leurs collègues accusés de négligence dans l'affaire de la mort d'une parturiente et de son bébé à Djelfa. Des établissements de santé du pays s'organisent : des sit-in spontané et des menaces de démissions sont signalés à Oran, Annaba, Ben Aknoun. Au CHU Mustapha Pacha (Alger), le personnel a déposé un préavis de grève pour mardi. « La corporation a été solidaire avec le personnel médical injustement incarcérée. Cette mobilisation n'est ni pour des salaires ni pour un quelconque autre statut mais clairement contre l'injustice. L'enquête n'a pas encore tout révélé et cette détention abusive est d'une injustice sans précédent dans le milieu médical déjà mis à rude épreuve avec une gestion et des moyens qui laissent souvent à désirer», s'indigne Amira Bouraoui, gynécologue obstétricienne à l'hôpital de Kouba (Alger), qui fait écho sur sa page Facebook du mouvement qui touche plusieurs établissements hospitaliers du pays. Le Syndicat nationale des praticiens de santé public (Snpsp) soutient le personnel et réitère son appel à la libération des personnes incarcérées. «Nous soutiendrons et nous ferons partie de toute démarche qui aboutirait à mettre la lumière sur ce qui a conduit à ce drame. Le SNPSP réitère son appel pour la mise en liberté de toutes les personnes détenues en attendant les conclusions de l'enquête», réclame le président du Snpsp, Dr Lyes Merabet. Où est le rapport des sages-femmes ! Le syndicaliste qualifie de « déplorable » la décision du ministère de la Santé de se constituer partie civile pour appuyer la plainte déposée contre ses fonctionnaires avant même qu'il ait entamé une enquête administrative. Selon le syndicat des praticiens, l'administration locale et le ministère ont été destinataires de plusieurs rapports rédigés par le personnel pour dénoncer les conditions de travail et le manque de moyens et de personnels, notamment un rapport daté du 23 mars 2016 des sages femmes de l'EHS mère et enfant de Djelfa. Le syndicat se lève contre le statut de «bouc émissaire» que « veulent nous faire porter des responsables qui n'ont pas fait leur travail à différents niveau de l'organisation de l'offre de soins ». « On ne peut plus travailler ou plutôt continuer à occuper les espaces professionnels en l'absence de moyen. D'ailleurs l'article 14 du décret 92-276 portant code de déontologie interdit à tout praticien de prodiguer des soins lorsque les conditions de l'exercice ne sont pas réunis », explique Merabet. Le syndicat appelle à la mise en mise en œuvre de « démarches urgentes » pour apporter des solutions concrètes aux problèmes du secteur à travers une large consultation impliquant les organisations syndicales et professionnelles, les associations de malades et les élus parlementaires. Le SNPSP devra convoquer son conseil national à la rentrée. « Il était (le conseil) prévu depuis le mois de mai pour octobre. Il est fort possible que la date soit rapprochée vu tout ce qui se passe », signale le président.