Dans son rapport 2016 sur la liberté religieuse, dans le monde, le département d'Etat US a dressé un tableau noir et très critique sur l'Algérie. En clair, il dénonce le harcèlement et les cas d'emprisonnement de « minorités religieuses », comme les «Ahmadis». C'est le Bureau: Démocratie, droits de l'Homme et Travail du département d'Etat qui, énumère très succinctement, toutes les entraves, les atteintes et les pressions sur les libertés religieuses, en Algérie, qui sont exercées, autant sur les individus que sur les communautés religieuses, dont les «Ahmadis», ou certains convertis au christianisme. Le rapport, qui explique que la Constitution algérienne garantit la liberté de culte, précise, tout de suite, après que « l'Islam est religion de l'Etat ». Le rapport US pointe particulièrement, ce qu'il estime, les pressions subies par les nouveaux convertis au christianisme. « Bien que la loi dispose que la discrimination, fondée sur la religion, est interdite et qu'elle garantit la protection de l'Etat pour les non-musulmans et la tolérance et le respect des différentes religions, elle ne prévoit pas de sanctions pour discrimination religieuse », explique le rapport selon lequel « de nombreux représentants chrétiens ont signalé des cas de convertis ou de personnes manifestant un intérêt pour le christianisme, agressés par des membres de la famille ou contraints de renoncer à leur conversion. » Le document cite ainsi le cas d'un Algérien converti au christianisme et accusé d' « insulte envers le Prophète Mohamed », et condamné à trois ans de prison ferme. Le même rapport cite, également, un autre cas d'un homme condamné à cinq ans de prison ferme pour le même délit. Il y a, également, les cas d'un journaliste condamné à trois ans de prison ferme, de deux autres personnes condamnées à cinq et trois ans de prison ferme pour des attaques contre l'Islam et le Prophète sur les réseaux sociaux. D'autre part, le rapport du ministère des Affaires étrangères américain souligne que si la loi algérienne n'interdit pas la conversion religieuse, « le prosélytisme de non-musulmans envers les musulmans, de quelque manière qu'il s'exerce, est pour autant un délit majeur puni d'un emprisonnement qui peut aller jusqu'à cinq ans de prison ferme et un million de dinars d'amende. » Le département d'Etat relève, en outre, les cas « de menaces, de discrimination à l'emploi et d'intolérance » envers des musulmans nouvellement convertis au christianisme », les pratiquants de « rites religieux musulmans autres que sunnite, les juifs et les chrétiens contraints de faire profil bas ». En outre, souligne le même rapport, « l'offense et l'insulte au Prophète de l'Islam et à d'autres prophètes sont punies par des peines de trois à cinq ans de prison ferme », rappelle le document. Mais, le rapport US estime que la principale atteinte aux libertés religieuses, en Algérie, a été enregistrée contre la communauté «ahmadite», ciblée par près de 83 arrestations dans les villes de Sétif, M'sila, Blida, Biskra et Skikda, pour activités religieuses non autorisées telles que les prières collectives et la publication de livres religieux. « Le 13 juin, la police a arrêté 9 musulmans ahmadis, à Blida, pour manifestation religieuse non autorisée. Le 2 octobre, dans la wilaya de Skikda, 18 ont été arrêtés pour avoir organisé des prières du vendredi, en dehors d'un lieu de culte autorisé ». Quant aux restrictions religieuses, le même rapport relève que les pouvoirs publics continuent de contrôler l'importation des livres religieux, alors que des associations chrétiennes se plaignent de voir leurs demandes d'importer des bibles, sans réponse ou repoussées indéfiniment. Le rapport reconnaît, d'autre part, que des voix officielles ont dénoncé, à plusieurs reprises, l'appel à la violence au nom de l'Islam, et ont également critiqué la propagation du salafisme, du wahhabisme, et de l'islam chiite, ahmadi et Bahai. Ainsi, selon le département US, des groupes religieux, des associations de chrétiens font face à des « entraves administratives », qui attendent indéfiniment d'être reconnus officiellement, alors que leurs demandes auprès de l'administration sont restées sans suite. En outre, le rapport américain sur la liberté religieuse en Algérie revient sur l'affaire des deux protestants, arrêtés à Béjaïa pour transport de « publications religieuses non autorisées ». Sur le cas des juifs algériens, le département d'Etat les estime à 200, qui « préfèrent taire leur identité religieuse. » « Après qu'un journaliste israélien a obtenu un visa pour l'Algérie, en mai, une publication en langue arabe a écrit que ce dernier avait un nom qui sonnait très juif », souligne le rapport. Dans sa réaction au rapport 2015 sur les libertés religieuses en Algérie du département d'Etat, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aissa, avait affirmé que « nous n'avons pas besoin d'une tierce partie pour nous juger ou nous évaluer ou nous donner des leçons. »