Le tribunal criminel d'Oran a condamné, jeudi, quatre personnes à des peines allant de 5 ans de prison à la réclusion à perpétuité pour détention et commercialisation de stupéfiants en bande organisée. Selon l'acte d'accusation, les faits remontent à mars 2015 lorsque, agissant sur renseignements, les éléments de la police d'Oran ont interpellé T. A. Farès, 25 ans, dans le quartier de Miramar, sur des soupçons de revente de cocaïne. Une perquisition au domicile du prévenu permettra la découverte de 12 capsules de cocaïne, une petite quantité de kif traité et 13 cartes Sim avec des noms d'emprunt. Interrogé par la police, le jeune homme reconnaît les faits et donne les noms de quatre complices présumés : un fournisseur, C. Hichem, dit El-Maghnaoui, et trois autres acolytes. Farès dévoilera les détails du trafic, le prix d'achat (5 000 DA la capsule), celui de la revente (12 000 DA), la part d'El-Maghnaoui (8 000 DA sur l'unité), la fréquence de l'approvisionnement (60 capsules par semaine), etc. La police arrête les complices présumés à l'exception d'El-Maghnaoui qui s'est évanoui dans la nature. À l'instruction, Farès revient, toutefois, sur ses déclarations, affirmant que la cocaïne trouvée en sa possession n'était pas destinée à la vente, qu'il la gardait seulement pour son ami : "Hichem El-Maghnaoui m'avait confié 15 capsules et j'en avais consommé trois. Je suis un consommateur, pas un dealer", a-t-il répété à la barre. "J'ai été torturé, on m'a frappé, électrocuté. Ce ne sont pas mes déclarations !", a-t-il tenté d'expliquer à la cour. Interrogés à leur tour, les deux coaccusés présents, O. Hocine, 25 ans, et B. Fethi, 23 ans, ont tous les deux nié leur implication dans le trafic de drogue. Hocine (chez lequel la police a trouvé une capsule d'ecstasy) soutiendra que Farès a cité son nom par vengeance (un différend au sujet d'une femme les opposait) et Fethi jurera que son seul tort est d'avoir été le chauffeur d'El-Maghnaoui, sans qu'il sache ce que son passager fabriquait. Assertions que le ministère public réfutera. "Tous les faits tendent à prouver que nous avons affaire à une bande organisée spécialisée dans le trafic de drogue dure. Les aveux de Farès devant la police, la cocaïne trouvée, les détails révélés..., tout prouve la connivence et l'entente", lancera-t-il en réclamant la peine de 15 ans et un million de dinars d'amende pour l'ensemble des accusés présents. Manifestement remonté contre les forces de l'ordre qui, a-t-il affirmé, "ne reculent devant rien quand il est question de cocaïne», l'avocat de Farès dénoncera la torture de son client (coups et électrocution) et appellera la cour à faire preuve de clémence. "Mon client a reconnu les faits, il sait qu'il a commis des erreurs mais il est jeune et l'affaire n'est pas si importante que cela", a-t-il plaidé en soutenant que le penchant de son mandant pour les drogues, les boissons ou les mauvaises fréquentations ne font pas de lui un dealer. Les autres avocats plaideront l'innocence de leurs clients pour absence ou insuffisance de preuves. Après délibérations, la cour condamnera T. A. Farès et O. Hocine à huit années de prison et B. Fethi à cinq ans. Quant à Hichem El-Maghnaoui, en fuite et objet d'un mandat d'arrêt, il écopera de la prison à perpétuité. S. Ould Ali