Selon la presse espagnole, le ministre de l'Intérieur Juan Ignacio Zoido devra rencontrer, cette semaine, le jour n'étant pas encore fixé, l'ambassadeur d'Algérie en Espagne, Taous Feroukhi, pour discuter des harraga' algériens, de plus en plus nombreux, ces derniers temps à débarquer sur les côtes espagnoles. L'arrivée massive des pateras' a alarmé les autorités espagnoles qui comptent demander à leurs homologues algériens de renforcer le contrôle frontalier de ses mille kilomètres de côtes afin de stopper ces débordements coordonnés d'immigrants illégaux et éviter les tragédies humaines qui en découlent. Selon le quotidien espagnol d'information générale ABC', 600 Algériens ont débarqué à Almeria et Murcie, entre le 26 octobre et le 3 novembre derniers. Pour le journal, ces données signifient qu'Alger n'arrive pas à endiguer l'immigration clandestine. ABC' explique ce nombre important de débarquements à «des dates inhabituelles» par le beau temps et à la mer calme qui favorise les traversées maritimes de moins de 200 km, dans des embarcations qui voyagent, habituellement, avec 10 à 12 passagers. Selon la même source d'information, chacun paye environ 600 euros pour le voyage qui commence, généralement, vers 2h et se termine à 5 ou 6 heures plus tard. «Presque tous sont interceptés et secourus en haute mer par les Secours maritimes ou la Garde civile, mais un petit nombre coule - ce qui est prouvé -, et une autre partie, aussi minime, parvient à échapper à la surveillance et à atteindre la côte ; nous le savons parce qu'il y a des bateaux abandonnés», expliquent, encore, les sources policières. Ce week-end à Murcie, rapporte encore le journal, 49 bateaux ont été détectés, dont 41 interceptés, en haute mer, tandis que 3 autres ont atteint la côte, en particulier à Cabo de Palos. «C'est inhabituel, en fait l'opération Índalo' s'est terminée en septembre». Indalo, c'est le dispositif de l'Agence européenne pour le contrôle des frontières extérieures (Frontex), déployée chaque été, pour contrôler la côte sud de la péninsule, d'Algésiras à Murcie, dirigée par la Garde civile et dans laquelle la police nationale et d'autres pays européens collaborent, en moyens et personnel. Pour Madrid, «l'Algérie ne surveille pas ses côtes car elle estime que ses citoyens n'ont aucune raison de quitter le pays en raison de la richesse pétrolière», ce qui est faux car «nous savons qu'ils en sortent et beaucoup», résument les sources consultées. ABC' indique, également, que les harraga', interceptés et placés dans un des centres d'internement des étrangers (CIE), seront libérés au cas où ils ne sont pas identifiés comme Algériens par les autorités consulaires algériennes. S'ils peuvent être identifiés, l'expulsion des Algériens entraîne une autre difficulté. L'accord signé avec Alger admet, seulement, que les immigrants clandestins soient rapatriés par bateau et non par avion, de sorte que les sièges qui peuvent être occupés dans le ferry qui part d'Alicante sont rares (quinze ou vingt personnes par bateau, gardés par la police nationale dans une zone spéciale). Certains des harraga' quand ils savent qu'ils seront expulsés, organisent des émeutes dans les CIE pour être jugés et interrompre ainsi le processus de rapatriement.