Après les manifestations de samedi, la mobilisation et la condamnation de la décision américaine sur le statut d'Al Qods comme capitale d'Israël se poursuivaient hier dimanche dans plusieurs parties du monde. En Cisjordanie occupée, des protestations ont eu lieu à l'entrée de la ville de Beit Lehm, où des heurts ont éclaté avec les soldats israéliens. D'autres affrontements ont eu lieu dans le camp de réfugiés d'Arroub, également en Cisjordanie, où un Palestinien a été blessé par des balles en caoutchouc, selon des sources palestiniennes. Au Liban, les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour disperser une rare manifestation près de l'ambassade des Etats-Unis au nord de Beyrouth. Lundi, une autre manifestation est prévue dans le sud de Beyrouth à l'appel du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. En Afghanistan, à Jalalabad, des centaines de manifestants ont brûlé une effigie de Donald Trump en chantant «mort à l'Amérique, à Trump et à Israël». Et à Jakarta, quelque 5.000 Indonésiens ont protesté en solidarité avec les Palestiniens devant l'ambassade des Etats-Unis. Au Caire, des centaines de personnes ont manifesté à l'université d'Al-Azhar, alors que d'autres protestations ont eu lieu à l'université du Caire et à celle d'Aïn Shams dans la capitale. Depuis jeudi, quatre Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza, deux lors d'affrontements avec des soldats et deux membres du Hamas dans des raids aériens israéliens. Des centaines de Palestiniens ont été blessés par des tirs ou des coups des forces de sécurité ou intoxiqués par inhalation de gaz lacrymogène, selon le Croissant-Rouge palestinien. Sur le front diplomatique, les présidents français, Emmanuel Macron, et turc, Recep Tayyip Erdogan, ont indiqué qu'ils vont travailler ensemble pour essayer de persuader les Etats-Unis de revenir sur leur décision de reconnaître Al Qods comme capitale d'Israël. La France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie et la Suède ont déploré vendredi à l'Onu la décision de Donald Trump et invité les Etats-Unis à présenter des propositions détaillées pour la paix entre Israéliens et Palestiniens. Le président truc avait demandé une réunion d'urgence, pour la semaine prochaine, de l'Organisation de la coopération islamique (OCI). Au Caire, les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe, à l'issue d'une réunion tenue samedi, ont appelé Washington à annuler sa décision de reconnaître Al Qods comme capitale d'Israël, dans une résolution rendue publique hier dimanche. Les ministres arabes affirment dans cette résolution que les Etats-Unis se sont «retirés comme parrains et intermédiaires du processus de paix» au Proche-Orient et demandent que «les Etats-Unis annulent leur décision sur Al Qods». La ligue arabe a également appelé la communauté internationale à reconnaître un Etat palestinien «avec Al Qods-Est comme capitale», la partie orientale de la ville annexée et occupée depuis 1967 par Israël. Présent à cette réunion, le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel a souligné lors de son intervention que la décision du président américain sur la reconnaissance d'Al Qods comme capitale de l'Etat hébreu est «condamnable et dangereuse. Elle constitue une violation grave de la légalité internationale et des décisions onusiennes». M. Messahel a appelé à une action concertée pour faire face à cette décision et que la communauté internationale doit «assumer ses responsabilités à l'égard du peuple palestinien et mettre un terme à la souffrance qu'il endure depuis l'occupation de son territoire». Il a également invité les Etats-Unis à abandonner la décision prise par le président Trump et s'inscrire dans l'attitude de neutralité qu'appelle son rôle et sa responsabilité au titre du processus de paix dans la région. Pour le ministre algérien, «l'instabilité que connaît le monde arabe est intimement liée à l'échec de la communauté internationale à trouver une solution juste, globale et définitive à la question palestinienne». Pour lui, l'unité des rangs palestiniens est un atout vital pour la cause palestinienne. En outre, il a réaffirmé le soutien de l'Algérie au peuple palestinien dans «sa lutte courageuse et son droit légitime» à l'établissement de son Etat indépendant avec Al Qods comme capitale dans les frontières de 1967, «conformément à la légalité internationale et aux décisions onusiennes». Il a rappelé, dans la foulée, «la communauté arabe sur la nécessité d'une action rapide et urgente, et d'examiner tous les moyens possibles afin de structurer ce rejet international au service des efforts de recouvrement des droits palestiniens, en mettant notamment l'Onu, le Conseil de sécurité et les autres organisations internationales et régionales face à leurs responsabilités». Plus dure et poignante a été également la réaction du ministre libanais des Affaires étrangères qui a mis les pays arabes devant leur responsabilité historique sur la question palestinienne. Dans son intervention durant cette réunion urgente de la Ligue arabe, il a notamment déclaré qu'»Al Qods n'est pas n'importe quelle cause, mais la Cause. Parce qu'elle constitue le titre de notre identité arabe. Al Qods ne peut appartenir à un Etat unilatéral, ( ) Al Qods appartient aux juifs, aux chrétiens et aux musulmans. Nous sommes les fils d'Ibrahim, de Aïssa et de Mohammad. Nous voulons tous prier à Al Qods. Et nous ne permettrons à personne de nous en empêcher».