L'activité bancaire en 2017, en dépit de la crise financière, est qualifiée de «positive» par le président de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF), M. Boualem Djebbar, qui a annoncé l'arrivée de produits bancaires liés à la finance islamique. Il a expliqué, hier lundi à la radio nationale, que «la masse des crédits à l'économie est en hausse de 7% par rapport à 2016 avec un encours de 8.400 milliards de DA à la fin du premier semestre 2017». En dépit de la crise financière, a-t-il dit, «l'activité des banques reste positive avec les crédits à l'économie octroyés aux investisseurs». «La maturité de plus de 75% de ces crédits est à moyen et long termes, soit des crédits d'investissements aux entreprises et même aux particuliers», a souligné M. Djebbar, également P-DG de la BADR. En outre, 52% de ces crédits ont été octroyés au secteur privé et 48% pour le secteur public, alors que les particuliers ont reçu 500 milliards de DA dont 98% sont «des crédits immobiliers, le reste étant des crédits à la consommation, relancée en 2016 et qui prend de l'ampleur avec les contrats pour l'achat de voitures». Sur la question de la baisse des liquidités bancaires, il a expliqué qu'elle est le résultat de deux facteurs, le premier étant lié aux importants crédits à l'économie. «La première raison est liée à la dynamique enregistrée par les banques, qui ont octroyé d'importants crédits durant les cinq dernières années. A ce moment-là, il y avait un excédent de liquidités bancaires, et tout le monde en parlait». «Avec cette dynamique des banques, il y a eu donc une hausse des crédits à l'économie de 26% en 2014, 20% en 2015 et 16% en 2016. Ces crédits ont été octroyés à 75% pour les investissements», a-t-il détaillé, relevant que le délai minimum de remboursement de ces crédits a fait qu'il n'y a pas de retour de ces crédits sous forme de remboursements aux banques. La seconde explication donnée par M. Djebbar quant à la baisse des liquidités bancaires est relative au recul des recettes pétrolières, qui a affecté les banques et tout le système bancaire. «Il y a aujourd'hui une normalisation de la situation», a-t-il dit. Plus globalement, il a imputé la baisse des liquidités des banques à «la baisse des recettes d'hydrocarbures, ensuite par une forte consommation des crédits des banques, donc un argent qui ne revient pas aux banques rapidement». Les secteurs stratégiques de l'économie nationale ont été les plus «boulimiques» en terme de consommation des crédits à l'économie, dont les aciéries, le ciment, l'agriculture, l'agroalimentaire (une grande proportion de ces crédits). «Les crédits, a-t-il précisé, vont vers les secteurs productifs et qui ont un potentiel d'exportation». Sur les difficultés de remboursement des crédits par les jeunes dans le cadre du dispositif de l'Ansej, le président de l'ABEF a souligné que cette situation s'est «répercutée sur les banques». «Avant 2011, il y avait des conditions plus difficiles pour l'octroi de ces crédits, les jeunes promoteurs devaient déposer un apport personnel allant de 5% à 10% du montant total des crédits demandés», explique M. Djebbar, qui a rappelé également qu'après 2011, »il y a eu un assouplissement des conditions d'octroi de crédits pour les projets Ansej, avec des remboursements après trois ans d'activité et un apport personnel entre 1 et 2%», avec une bonification de 100% des intérêts. Dès lors, «nous avons pris des mesures, explique M. Djebbar, pour permettre aux jeunes promoteurs de rembourser leurs crédits avec un calendrier de remboursement et l'annulation des pénalités de retard» pour ceux ayant bénéficié de crédits avant 2011. Un délai supplémentaire de six mois a été en outre accordé à ces jeunes promoteurs pour le dépôt de leurs dossiers de remboursement, a-t-il ajouté. Sur les opérations de paiements électroniques, il a expliqué que le processus se déroule normalement, soulignant que la loi de finances 2018 va obliger les commerçants à avoir des TPE (terminaux de paiement électronique) pour les opérations commerciales, notamment les grandes surfaces. Le président de l'ABEF a affirmé d'autre part que l'introduction en Algérie de la finance islamique se déroule normalement, que «c'est un service de plus» à la clientèle. «Cela existe déjà dans certaines banques», a-t-il dit, avant de préciser que les banques publiques se préparent pour proposer des produits liés à la finance islamique. «C'est pris en compte avec des préparatifs techniques et législatifs», a-t-il dit, soulignant que «nous sommes entrés dans une phase de maturation du dossier au niveau des banques». La CNEP propose depuis le début de l'année un produit «islamique» avec le crédit pour l'accès au logement, alors que la BADR, selon son P-DG, «aura prochainement des produits pour les agriculteurs et les investisseurs».