Le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni, a confirmé que l'Algérie ira bien vers l'exploitation des gaz de schiste, mais 'pas maintenant». Comme il a assuré que la hausse du prix de l'électricité et du gaz est inévitable, pour approcher de 'la vérité des prix''. Il a expliqué jeudi devant la Commission des finances et du budget de l'APN, en marge de l'examen du projet de loi portant règlement budgétaire de 2015, que l'Algérie va également se tourner vers l'exploitation du gaz de schiste. Selon M. Guitouni, 'tout ce qui a été fait à ce jour entrait dans le cadre de l'évaluation des réserves nationales et qu'aucun projet d'exploitation n'a été lancé''. S'il confirme la volonté du gouvernement de diversifier la production d'hydrocarbures, il calme cependant le jeu, en prévision de réactions de la société civile contre l'exploitation des shale oil, indiquant seulement que 'l'exploitation ne pourrait pas commencer avant une dizaine d'années''. Se voulant encore plus convaincant, il a souligné que les techniques utilisées pour l'exploitation du gaz de schiste avaient fait leurs preuves dans de nombreux pays, sans 'présenter de danger pour la nature ou les eaux souterraines''. Il ne cite pas, toutefois, ces pays, qui se compteraient sur les doigts d'une main, Etats-Unis et Canada en tête. Pour les questions qui intéressent les contribuables, le ministre de l'Energie maintient le cap du gouvernement en matière de hausses des tarifs de l'électricité et du gaz, affirmant devant la commission des finances de l'APN qu'''il est impératif d'aller vers les prix réels de cette énergie, sans affecter les classes moyennes''. 'L'augmentation des prix touchera les grands consommateurs, ce qui permettra de généraliser la culture de l'économie d'énergie'', a-t-il ajouté, précisant que 'les prix de l'électricité dans le secteur agricole continueront à être subventionnés.'' Dans la foulée, le ministre de l'Energie a rassuré sur la volonté des pouvoirs publics de maintenir la cadence des raccordements des foyers dans les zones rurales isolées aux réseaux électriques et de gaz naturel. Le taux d'électrification rurale est de 99% contre 55% pour l'introduction du gaz de ville. Mais, pour poursuivre ces programmes, il faut justement intensifier les investissements, et ce sera le rôle qui sera dévolu à la loi sur les hydrocarbures, actuellement au stade de projet de révision. Le ministre de l'Energie a affirmé que 'la règle des 51/49% ne sera pas reconsidérée dans le projet de loi sur les hydrocarbures, en cours d'élaboration au niveau du ministère, particulièrement en ce qui concerne les champs et les grands projets à caractère de souveraineté nationale». Il a expliqué aux membres de la Commission des finances et du budget de l'APN que la révision de la loi en vigueur a pour objectif de lever les obstacles administratifs, évitant de parler de bureaucratie, à l'investissement local et étranger et capter des investisseurs et des capitaux pour garantir une production suffisante aux marchés local et international. 'L'investissement dans les grands champs demeurera soumis à la règle 51/49 mais des mesures incitatives seront offertes à d'autres niveaux pour attirer des partenaires», a t-il relevé. En outre, M. Guitouni, qui a rappelé que le groupe algérien des hydrocarbures Sonatrach est engagé dans plusieurs projets à l'international, notamment au Pérou, en Irak, ou en Bolivie, a souligné que Sonatrach peut également investir dans des raffineries à l'étranger. «Rien ne s'oppose à cela'', a-t-il dit, mais, précise t-il, 'si le projet est rentable pour l'économie nationale». Il a souligné que les projets de Sonatrach à l'international sont surtout concentrés sur l'exploration et la production. Quant aux raffineries prévues à Tiaret et à Hassi Messaoud, le ministre a indiqué qu'elles seront réalisées dans les délais et 'permettront au pays d'arrêter l'importation et de s'orienter vers l'exportation du carburant''. Selon M. Guitouni, l'Algérie a reçu des demandes de pays africains, qui souhaitent être approvisionnés en carburants, avant d'annoncer que des négociations sont en cours avec la Libye pour l'exportation du surplus de production d'électricité. Par ailleurs, faisant le bilan énergétique de l'année 2015, le ministre a indiqué que la fiscalité pétrolière était de près 1.723 milliards de dinars sur la base d'un prix de référence de 37 dollars le baril alors que le total des recettes de la fiscalité pétrolière s'élevait à 2.293 milliards de dinars contre 3.324 milliards de dinars en 2014, soit un recul de 31%. Les recettes d'hydrocarbures en 2015 se sont effondrées à 33,1 milliards de dollars contre 59,2 milliards de dollars en 2014 (-43%).