Après l'interdiction de l'importation de la céramique de Castellón qui a hypothéqué toute l'économie d'une région, à l'Est de l'Espagne, considérée comme la capitale de l'industrie céramique ibérique puisqu'elle concentre plus de 90% de la production nationale, un autre coup dur vient de toucher le secteur. Le président de l'Asebec, l'Association espagnole des fabricants de machines et outils pour l'industrie céramique, Juan Vicente Bono, vient d'annoncer, se référant à une source du ministère de l'Economie, que «l'Algérie a décidé d'interdire l'entrée de machines pour la production de céramique sur son marché». Bono a expliqué que les producteurs de ces machines n'ont reçu pour le moment aucune notification officielle concernant cette interdiction comme ce fut le cas pour les produits céramiques finis à l'image des carrelages et dalles de pavement. Cependant, le président de l'association patronale Asebec a confirmé avoir des informations sur certains problèmes liés aux opérations commerciales du secteur en Algérie. «Nous savons que certains importateurs qui envisageaient d'acheter des machines espagnoles n'ont finalement pas pu effectuer l'opération parce que les autorités ont arrêté l'acquisition finale», a déclaré Bono. Quoi qu'il en soit, le président d'Asebec a confirmé que si les nouvelles révélées par la source ministérielle devenaient officielles, le préjudice serait remarquable. «Il est vrai que ces derniers temps nous vendions beaucoup en Algérie, après que le gouvernement du pays ait bloqué l'importation de carreaux et que l'industrie a eu besoin de machines espagnoles pour sa production locale», a précisé le président de l'Asebec. Pour rappel, la décision algérienne d'imposer des licences d'importation pour le secteur de la céramique, concernant les carreaux et dalles de pavement, a fait vaciller l'Espagne et plus particulièrement les entreprises castellonaises puisque l'Algérie est le cinquième client mondial de la céramique espagnole. Avant l'instauration des nouvelles licences, l'industrie céramique espagnole avait augmenté, en un mois, de 49,6% ses exportations vers l'Algérie. Selon el Mundo, cette accélération des exportations avait pour but d'anticiper la mesure algérienne déjà annoncée en amont. Le chiffre, affirme-t-on, est particulièrement important si l'on considère que le marché algérien a terminé l'année 2016 sur une note négative pour les Espagnols qui n'ont pas réussi à redresser la barre. Les exportations de céramique espagnole vers l'Algérie se sont élevées à 123,4 millions d'euros sur l'ensemble de l'année écoulée, ce qui représente une baisse de 5,2% sur l'année d'avant, selon les données de l'Association espagnole des fabricants de carreaux pavage céramique (Ascer). Cette tendance, souligne-t-on de même source, a radicalement changé en ce début 2017. Au mois de janvier, le secteur de la céramique espagnole a réussi à exporter des produits d'une valeur totale de 10.132 millions d'euros, ce qui représente une hausse de 29,5% et place ainsi le marché algérien comme le cinquième plus important pour ce secteur industriel espagnol. Un mois plus tard et avec la crainte d'une adoption rapide des mesures protectionnistes annoncées par le gouvernement algérien, le secteur de la céramique espagnole a exporté pour près de 15 millions d'euros en février, ce qui représente une augmentation des exportations vers l'Algérie avoisinant les 67,3% sur un an.