Le mouvement de revendications du Collectif des médecins résidents algériens (CAMRA) pour l'amélioration de leurs conditions de travail, serait dans l'impasse. Non seulement le dialogue entamé avec le ministère de la Santé est au «point mort», sinon gelé par la tutelle, mais le mouvement semble se diviser. Devant cette situation pour le moins préjudiciable aux revendications des médecins résidents, dont l'abrogation du caractère obligatoire ou le réaménagement du service civil, le Collectif a annoncé, hier, mardi, l'organisation, aujourd'hui, de trois marches régionales pour rappeler aux autorités, et au ministère de la Santé, ses revendications. Le CAMRA a, dans un communiqué, appelé l'ensemble des résidents à participer à des marches régionales ,ce mercredi, 21 février. «Le CAMRA appelle l'ensemble des résidents à la mobilisation et à la poursuite du mouvement de protestation, en organisant des marches pacifiques régionales dites «marches de fierté», le 21 février en cours, à travers trois wilayas, à savoir ; Blida (région Centre), Sétif (Est) et Oran (Ouest)», indique le communiqué du CAMRA. Celui-ci rappelle également «l'extrême vigilance face aux manœuvres d'intimidation des forces de l'ordre» et à «faire preuve de sagesse, de persévérance et de solidarité». Le CAMRA ajoute qu'il entame le quatrième mois de grève «avec un triste constat et une immense amertume», et se félicite «du courage dont ont fait preuve plus de 15.000 médecins résidents algériens». Mais, «loin de répondre aux revendications légitimes de l'ensemble des résidents en Sciences médicales, la tutelle, par le biais de la Commission intersectorielle, mise en place, afin d'œuvrer pour un sortie de crise rapide et efficace, a décidé de suspendre toute forme de dialogue avec les représentants des résidents en Sciences médicales», déplore le CAMRA dans son communiqué. «Les résidents maintiennent leur position et renouvellent leur volonté indétronable à trouver des solutions effectives visant à améliorer la qualité de soins prodigués aux citoyens algériens, en priorité, ...», ajoute le même communiqué du CAMRA. L'annonce de ces marches «de la dignité» dans les chefs-lieux de wilaya de Blida, Sétif et Oran intervient après une violente charge du Premier ministre et chef du RND, Ahmed Ouyahia, contre les médecins résidents. Il a qualifié, vendredi dernier, lors d'un meeting célébrant le 21ème anniversaire de la création du RND, qu' «il est facile pour le ministre de la Santé ou autre responsable de satisfaire leur revendication, portant abrogation du service civil. Le ministre habite la Capitale mais est-ce que nous voulons un désert médical en Algérie?» Il a ajouté, mettant dans le même sac les grévistes de l'enseignement et les médecins résidents qu' «il est temps d'arrêter le train de l'anarchie. Si on lui cède le passage, il nous conduira à de graves conséquences. Il faut dire aux grévistes Barakat.» Le mouvement de revendications des médecins résidents bat de l'aile, après le gel des négociations avec le ministère de la Santé, à travers une Commission intersectorielle, dirigée par le Pr Bendib. Ces discussions ont été, en réalité, interrompues le dimanche 4 février, lorsque les membres de la commission intersectorielle avaient exigé le gel de la grève, en contrepartie de la poursuite des négociations. Ce que le CAMRA avait refusé. «Pour l'instant, il n'y a aucune perspective de résolution du conflit, ils ont essayé de nous diviser, de nous infiltrer, ils ont essayé de négocier avec certains résidents non représentatifs, ils ont essayé la force et les intimidations, ils ont ponctionné les salaires, dans certains hôpitaux, seulement pour semer le doute, ils ont essayé de retourner les citoyens contre nous, mais en vain», a affirmé le Dr Taileb, membre du CAMRA, dans des déclarations de presse. De son côté, un membre du CAMRA de Blida, a confirmé au Le Quotidien d'Oran' que certains médecins résidents, évitant de parler de membres du CAMRA, ont bien tenté de négocier avec des représentants du ministère, qui leur ont proposé une prime d'installation (dans le sud du pays) allant jusqu'à 500.000 DA. «Oui, nous avons appris que certains, parmi nous, ont négocié avec des représentants du ministère», a t-il précisé, ajoutant que d'autres ont négocié «des dispenses du service national». «Ce qui fait que notre mouvement a été affaibli», souligne ce médecin résident, qui se spécialise en Pédiatrie. «Nous avons donc décidé de mettre en branle des marches régionales pour maintenir nos revendications», ajoute-t-il, non sans reconnaître qu'il y a une tentative des pouvoirs publics de diviser le mouvement des médecins résidents. Les revendications des médecins résidents portent notamment sur l'abrogation du caractère obligatoire du service civil, introduit dans les années 1980, la dispense du service national pour les plus de 30 ans, comme le reste des citoyens, et un statut pour les médecins résidents. Selon le Dr Taileb, Ahmed Ouyahia «n'a même pas pris la peine de lire nos revendications, parce qu'à aucun moment nous n'avons demandé la suppression du service civil. On ne demande qu'un service civil facultatif, plus efficace et avec plus de mesures incitatives.» Dans son attaque contre les enseignants et médecins résidents grévistes, Ouyahia avait parlé d'«anarchie». Difficile, dans ce cas, qu'une issue rapide à ce conflit social soit trouvée.