Ils sont venus de toutes les wilayas du pays pour crier leur ras-le-bol sur le vieux Rocher. Les médecins résidents qui ont organisé hier à Constantine une impressionnante marche nationale à laquelle ont participé plus de 17.000 personnes, selon les organisateurs (moins de 7000 selon les estimations des services de sécurité), en signe de protestation contre le silence de la tutelle et les pouvoirs publics en général face à leurs revendications qui portent essentiellement sur l'abrogation du service civil, le droit à la dispense du service militaire après 30 ans, la révision du statut du médecin résident, l'amélioration de la formation pédagogique et la mise à disposition des médecins d'un plateau technique. «Y'en a marre, y'en a marre», scandaient des milliers de voix tout au long du parcours de la marche qui a pris son départ devant le CHU Constantine, aux environs de 10 heures, pour descendre vers le pont Salah Bey (pont géant), avant de bifurquer vers le centre-ville au niveau de l'avenue Aouati Mostefa. Les médecins résidents, dont certains ont été accompagnés de leurs parents, qui ont été rejoints par un large mouvement de solidarité des médecins généralistes, des pharmaciens et des dentistes, ont été bloqués par un cordon sécuritaire à la sortie de cette avenue qui mène vers la Place des Martyrs devant le palais de la culture Med Laid Al Khalifa. Les représentants du Collectif autonome des médecins résidents algériens (CAMRA) ont engagé des négociations avec les services de sécurité pour libérer la voie mais en vain. Les marcheurs devaient rebrousser chemin et reprendre le chemin par où ils sont arrivés, afin de regagner le CHUC. Les discussions n'ont pas trop duré et les représentants des services de sécurité réussiront à convaincre la CAMRA que les routes et ruelles du centre-ville n'étaient pas bien indiquées pour cette manifestation où se trouvent engagés de milliers de personnes. Il y avait un risque patent de dérapages incontrôlés, à tout moment, dans les rues du centre-ville, estimait un officier de police. «Mieux vaut revenir sur vos pas et faire en sorte que cette marche se termine comme elle a commencé, dans une organisation irréprochable», estimait-on. La marche a été pacifique de bout en bout, aucun heurt à signaler ni le moindre écart. Les services de sécurité qui encadraient la marche ont loué le sens de civisme des manifestants, qui étaient vraiment à la hauteur de leur réputation de gens instruits et cultivés qui ne cherchent qu'à satisfaire leurs revendications socioprofessionnelles par des moyens pacifiques. Jusqu'à présent, soit après quatre mois de grève, le statu quo caractérise la situation. Certes, la situation est délicate, avoue le Dr Hadibi Abdelmoumen, membre du bureau national de la CAMRA, mais il faut dire que sans résultats concrets, la grève se poursuivra. La dernière rencontre du 26 février dernier entre les représentants de la CAMRA et les membres de la commission intersectorielle chargée d'étudier les revendications des médecins résidents ? Les représentants de la CAMRA estiment qu'«il s'agit d'une reprise du dialogue rompu depuis le 4 février, mais cela n'a apporté aucune réponse sérieuse à nos doléances, notamment les questions essentielles qui se rapportent au service civil, au service militaire et le statut général, ainsi que le volet pédagogique». «La situation est, certes, délicate après quatre mois de grève, mais nous sommes déterminés à continuer notre mouvement de protestation jusqu'à la satisfaction de nos revendications. Nous ne craignons pas l'année blanche», enchaîne Melle Hadjab Meriem, représentante des médecins résidents. Cette dernière a parlé d'une simple reprise de dialogue, en évoquant la rencontre du 26 février dernier entre les représentants de la CAMRA et la commission intersectorielle chargée d'étudier les revendications des médecins résidents. «On n'a pas trouvé de réponse convaincante. Rien de concret après cette réunion et on demande à présent l'intervention du président de la République pour régler ce dossier, car nos doléances dépassent les prérogatives du ministère de tutelle», soulignera-t-elle. Une réunion des 12 membres du bureau de la CAMRA se tiendra après cette imposante marche à Constantine, à l'issue de laquelle on devrait décider des suites à donner à ce mouvement de protestation qui s'enlise dans le pourrissement.