Le gouvernement ne veut pas créer de discrimination dans le monde du travail Qui seront concernés par cette décision et qui seront exclus? Telle est la grande question qui taraude sans cesse le gouvernement et la Centrale syndicale de l'Ugta. Elle risque de compliquer la donne. La sélection des métiers pénibles, qui ne seront pas concernés par l'annulation de la retraite anticipée, promet un véritable casse-tête chinois. Tous les secteurs veulent être inclus. Le gouvernement est interpellé de partout. Face à la situation critique que traverse la Caisse nationale des retraités (CNR), la conjoncture économique et un front social en ébullition, l'Exécutif ne sait plus comment s'y prendre. Qui seront concernés par cette décision et qui seront exclus? Telle est la grande question qui taraude sans cesse le gouvernement et la Centrale syndicale de l'UGta. Alors que le projet de la retraite n'est pas encore soumis au débat au sein de l'APN, les syndicats passent déjà à l'action. Devant une telle situation, la Centrale syndicale prévient le gouvernement quant à ne pas céder à la pression. Amar Takdjout, président de la Fédération nationale du textile invite le gouvernement à ne pas tomber dans le piège du populisme en prolongeant la liste des métiers pénibles à des secteurs peu contraignants. Malgré la mobilisation sur le terrain, le gouvernement ne doit pas concéder pour éviter de créer une discrimination dans le monde des travailleurs. En plus clair, il estime que le gouvernement doit être ferme dans l'application de cette décision quelle que soit la contestation. «La retraite anticipée doit être maintenue uniquement pour les métiers pénibles dont les travailleurs sont souvent exposés à des maladies avant d'atteindre l'âge de la retraite», a-t-il soutenu. Le président de la Fédération nationale du textile reconnaît sérieusement la difficulté pour l'Ugta de mener une telle mission puisqu'elle compte parmi elle une Union des retraités de plus 330 adhérents. Ainsi, l'organisation de Sidi Saïd aura à mener une mission difficile pour ne pas dire impossible prochainement. S'expliquant sur cette liste jeudi dernier, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, a rappelé qu'une commission comptant des experts de différents domaines, dont des médecins, a été mise en place pour faire les propositions concernant ces métiers, qui seront examinées ultérieurement. L'élaboration de la liste risque de provoquer la fitna au sein de la famille ouvrière dont les conséquences seront désastreuses sur l'économie. Les syndicats peuvent même décréter des grèves illimitées pour forcer la main au gouvernement. Afin d'apaiser la tension et expliquer les raisons d'une telle décision, l'équipe Sellal mène toute une campagne d'information sur ce projet. Lors de son intervention à une journée d'information tenue jeudi dernier, El Ghazi a affirmé que les dispositions du projet de loi relative à la retraite étaient de nature à conforter les droits des citoyens et garantir les équilibres financiers de la Caisse nationale des retraites (CNR). Le ministère a fait savoir que plus de 52% du nombre total de pensions de retraites directes sont servis aux retraités avant l'âge de 60 ans, avec une charge financière annuelle de plus de 405 milliards de dinars. Depuis son entrée en vigueur en 1997, ce dispositif a entraîné des départs en vague à la retraite à partir de 50 ans, ce qui a causé à la Caisse nationale des retraites (CNR) «un manque à gagner pour les recettes de cotisations et surtout une augmentation significative de la dépense de retraite». Il y a lieu de rappeler que la CNR sert actuellement plus de 3 millions de pensions et allocations de retraite pour une dépense globale annuelle de plus de 870 milliards de DA. Le document élaboré par le ministère démontre que le ratio du nombre de travailleurs cotisants pour un retraité est actuellement à 2,1, alors que la norme pour garantir la viabilité d'un système de retraite est d'au moins cinq actifs cotisants pour un retraité. Or, ces arguments interviennent un peu en retard pour dissuader les syndicats.