L'institut des sciences et techniques physiques et sportives (ISTAPS), avec la collaboration de l'association sportive universitaire, vient d'organiser au niveau de l'auditorium, son 3e colloque national sous l'intitulé «La pratique sportive et la culture nutritionnelle saine chez la femme». Le colloque qui s'est étalé sur deux jours et a porté le slogan «Sport pour tous, une santé durable», a abordé essentiellement la problématique de la promotion du sport féminin et la compréhension de ses caractéristiques afin d'atteindre de meilleurs exploits. Le directeur de l'ISTAPS, principal organisateur du colloque, nous indiquera à cet effet que «considérant l'environnement approprié et le caractère conservateur de notre société, la pratique sportive est encore sous l'emprise des coutumes qui influencent les représentations sociales envers la femme en général, souvent argumentées par sa nature féminine qui ne lui permet pas de pratiquer le sport comme le ferait un homme. Malgré cela il y a des femmes qui pratiquent le sport, mais leur proportion reste faible». Il nous éclairera un peu mieux dans son évocation en ajoutant : «Nous remarquons ses dernières années le développement du sport féminin de qualité en raison des activités sportives scolaires et universitaires, bien que peu d'institutions sont équipés convenablement, mais elles ont joué un rôle prépondérant dans la promotion de la culture sportive parmi les filles et les femmes en général. Cependant beaucoup de pratiques commencent à opérer des changements sur le mode de vie des familles algériennes». Le docteur Redouane Mihoubi, professeur à l'Istaps, le relayera pour nous donner un aperçu sur sa communication sur «Les traditions modernes dans la relation corps (confusion des normes)», «Je parle de la mutation sociale qui ne cesse de s'imposer notamment dans les pays du Maghreb et principalement en Algérie, en sachant que la pratique sportive dans les pays musulmans ne fait pas l'unanimité, la femme qui se lancera dans l'activité sportive voire athlétique se lance réellement dans un combat identitaire d'existence pour conserver son acculturation traditionnelle et moderne, ou sombrer dans la confusion avec la culture traditionnelle. Je fais mienne la citation de notre illustre anthropologue des religions, feu Malek Chebel, qui a dit que le contrôle de la femme passe par le contrôle de son corps essentiellement dans sa dimension sexuelle. Donc, le mouvement corporel chez la femme est vu d'un œil masculin, ce qui alimente beaucoup plus la dualité tradition et modernité et lance la femme dans le conflit de l'égalité des sexes et des statuts sociaux accordés au corps de la femme et à celui de l'homme. Le sport est ainsi conçu comme l'éloignement de la femme de son identité originelle régie par la tradition et la religion. Le corps féminin reste donc un moyen primordial de tension même concernant sa tenue vestimentaire, etc.» S'agissant des objectifs assignés à cette rencontre nationale sur la pratique sportive chez la femme, le président de ce colloque, le professeur Djamel Khiri, indiquera : «Nous allons essayer d'établir un diagnostic et déceler les raisons qui empêchent la femme de pratiquer le sport et définir les maladies causées par le manque de l'activité sportive et les solutions possibles, ou au moins comment atténuer les effets négatifs, et comment réunir les conditions pour un environnement propice à la pratique du sport chez la femme algérienne. Cette année nous fêterons l'année mondiale du football féminin. Ce colloque dédié au sport féminin est une opportunité pour les chercheurs, les spécialistes et les enseignants du pays pour échanger leurs travaux».