Voilà, c'est fait. Le FLN se jette à l'eau et annonce qu'il a demandé au président Bouteflika de briguer un 5ème mandat. C'est son SG Djamel Ould Abbès qui, sans doute sous la hantise qu'une autre partie ne prenne la décision de cette annonce, et donc lui coupe l'herbe sous les pieds, a tenu à rendre publique la bonne nouvelle pour ses plus de 700.000 militants. Pour autant, la demande insistante du FLN pour que le chef de l'Etat brigue un 5ème mandat n'est pas en elle-même une nouveauté, ni une étrangeté dans l'actuel paysage politique monotone qui est proposé aux Algériens. Ce qui est par contre inquiétant, ce n'est pas tant cette supplique d'un parti qui tombe dans la décrépitude des vieux réflexes de la flagornerie politique, mais cette dramatique insistance du FLN à vouloir imposer à ses militants, et aux Algériens, la candidature d'un président qui a déjà fait quatre mandats. Et, au-delà, lui forcer la main pour, peut-être à son corps défendant, entrer dans la course à la présidentielle de 2019 qui ne sera en réalité qu'une simple formalité. Le FLN, plus réaliste que jamais, et autant pour sa direction, ne veut donc pas d'un autre candidat à la prochaine présidentielle et, dès lors, ferme une fois encore les portes aux espoirs réels pour l'émergence d'un jeune postulant qui n'aurait pas appartenu à la vieille génération, celle de Novembre 1954. Ce n'est pas impossible ni blasphématoire que le FLN, si jamais il se réveille aux réalités socioculturelles d'aujourd'hui, désigne comme candidat un jeune cadre, plein de compétences et qui fait l'unanimité autour de lui. Et, surtout, qui serait adoubé par le président Abdelaziz Bouteflika lui-même. Un jeune du FLN qui sera également non seulement soutenu par le chef de l'Etat, en tant que «patron» réel du plus vieux parti algérien encore en activité, mais par l'ensemble des cadres et militants qui, à l'occasion, mettront leurs divergences de côté pour présenter aux Algériens un visage new-look du parti. Nous ne sommes pas dans cette configuration politique 3.0, mais il est pour le moins logique que le FLN, et jusqu'à preuve du contraire, c'est-à-dire un retrait de la scène politique du concerné, propose comme son candidat à l'échéance d'avril 2019 M. Bouteflika. Envisager une autre éventualité du FLN ou un revirement de son SG est impossible, impensable dans la situation actuelle qui prévaut au sein des rouages du «parti des Algériens». Sur un autre registre, l'annonce du candidat du FLN pour la présidentielle de 2019 est par ailleurs une sorte d'exercice du droit de propriété que pense avoir M. Ould Abbès sur la candidature de M. Bouteflika. Comme pour dire aux autres partis de la majorité que ce privilège appartient au parti du président, ni au RND ni aux autres. C'est en quelque sorte un exercice périlleux de droit de propriété que tente d'exercer Djamel Ould Abbès sur une candidature qui reste encore suspendue à la décision du chef de l'Etat. Car beaucoup de facteurs liés à la décision de M. Bouteflika restent encore liés autant à sa santé qu'à sa volonté de briguer ou non un 5ème mandat. Ou même son désir de raccrocher, tout simplement. Et, sur ce registre, tout dépend de ce que va décider le président lui-même, qui n'a, en réalité, pas besoin que le FLN le désigne pour aller à cette élection présidentielle. Même avec ou sans bilan sur les réalisations accomplies sous ses quatre derniers mandats, comme veut le faire croire le SG du FLN qui a zappé pour la énième fois la réunion du Comité central, la renvoyant à chaque fois aux calendes grecques. Du reste, le président n'a jamais attendu que le SG du FLN, en position d'attente, le propose pour briguer un ou plusieurs mandats présidentiels. Mais, cette fois-ci, ce sera, selon la nouvelle Constitution, la dernière fois. Si toutefois le président se présente sur la ligne de départ pour l'élection de 2019. D'ici là, toutes les options restent ouvertes.