Au su des réactions et déclarations de Donald Trump et d'Emmanuel Macron suite à la fausse information propagée par les extrémistes du groupe rebelle islamiste « Jaïch Al-Islam » d'utilisation d'armes chimiques par les forces gouvernementales syriennes dans la ville de Douma, l'ultime îlot de résistance qu'ils tiennent encore dans la Ghouta orientale, l'on s'attendait que les Etats-Unis et la France entreprennent conjointement une opération militaire « punitive » contre le régime. Cela d'autant qu'en l'absence de toute preuve tangible, les deux chefs d'Etat occidentaux ont sans équivoque pointé la responsabilité de ce régime dans le prétendu gazage et se sont engagés à exercer des représailles contre lui. Avant-hier soir, une importante base aérienne de l'armée syrienne située près de la ville de Homs a été effectivement la cible d'une attaque aux missiles, ce qui a pour un temps semblé confirmer que Washington et Paris avaient décidé de passer à l'action contre le régime syrien. L'attaque n'a été cependant ni le fait de l'armée américaine ni de celle de la France mais une agression perpétrée par l'aviation israélienne. Les responsables politiques et militaires israéliens ont sauté sur l'occasion que leur a donnée le prétendu gazage pour ordonner à leur armée de commettre à nouveau le forfait d'une agression militaire en Syrie en espérant que son timing fera croire qu'elle a eu lieu en représailles de l'acte imputé à l'armée syrienne. Qui peut croire que c'est le sort de la population de Douma qui a ému ces responsables israéliens au point de décider de lancer l'aviation de leur pays dans une opération de représailles en solo contre l'armée syrienne ? Ils ont en réalité saisi l'opportunité de la grande tension suscitée entre Washington et Paris d'une part et Moscou de l'autre par la prétendue utilisation d'armes chimiques à Douma pour passer à l'attaque avec l'estimation qu'incertains de l'origine des missiles envoyés, Syriens et Russes n'emploieraient pas leurs défenses aériennes au plein de leurs capacités pour que l'attaque ne se transforme pas en confrontation militaire totale entre les deux camps. Ayant accompli une opération militaire qui a visé une base militaire qu'ils prétendent être aux mains de l'Iran et du Hezbollah, les ennemis prioritaires de leur Etat, les Israéliens ont du même coup satisfait les Etats-Unis et la France qui ont l'intention eux aussi de « punir » le régime syrien. Ce service rendu leur vaudra de compter sur leur compréhension et protection au Conseil de sécurité saisi par la Russie suite à l'attaque aux missiles contre la base syrienne. La France « grande » amie et « protectrice historique » du Liban tiendra certainement pour négligeable que l'aviation israélienne a violé l'espace aérien et la souveraineté de cet Etat pour aller commettre son agression en Syrie. La prétendue utilisation d'armes chimiques est venue « à point » donner arguments et justifications aux tenants d'une intervention militaire occidentale en Syrie contre le régime. Elle est pour eux l'ultime recours contre la défaite militaire et géopolitique qui se profile pour l'Occident au Proche et Moyen-Orient. Dans cette optique, les concours d'Israël et même de Daech leur sont indispensables. Cette organisation terroriste qu'ils prétendent par ailleurs combattre leur a clairement fait une offre de service en tentant aussitôt après l'attaque aux missiles par l'aviation civile de lancer une offensive contre les positions de l'armée syrienne dans les zones d'Alep et de Homs.