Lors de notre rencontre avec le président de la FAF, Kheireddine Zetchi, nous avons évoqué tous les sujets brûlants de l'heure. Il a fait preuve d'une entière disponibilité et a répondu à toutes nos questions, même celles paraissant gênantes. Pour ce faire, le président a souligné que les décisions qui ont fait l'objet de contestations ont été prises dans le cadre légal et en parfaite collégialité. Tout a été passé au peigne fin, l'équipe nationale, Madjer, les sélections de jeunes, la violence, la LFP, le projet de lé réforme du football, la coupe Arabe ainsi que les relations avec la CAF et la FIFA. Nous avons retenu l'appel de Zetchi qui a réitéré que la refondation du football algérien est l'affaire de tout le monde, et pas seulement de l'instance fédérale. Le Quotidien d'Oran : Commençons par la question de l'heure relative au phénomène de la violence qui commence à prendre des proportions alarmantes. Kheireddine Zetchi : Il faut d'abord souligner que la violence, qui n'est pas un fait nouveau dans nos stades, est l'affaire de tous, pas seulement de la FAF. Certaines personnes n'hésitent pas à nous juger autour d'une table, mais qu'ils sachent qu'elles sont également concernées par ce phénomène que nous devons tous combattre. En tant que structure fédérale, nous dénonçons énergiquement ce qui s'est passé dernièrement à travers nos stades, et nous n'allons pas rester les bras croisés. Nous allons sévir mais également réfléchir avec toutes les parties concernées afin de trouver les solutions qui s'imposent pour redonner à l'Algérie la meilleure image possible. Quant aux sanctions infligées aux clubs, ce n'est pas la FAF qui a statué et elle ne statuera jamais sur ce genre d'affaires, c'est la commission de discipline de la LFP qui est, il faut le souligner, indépendante dans toutes ses décisions. Je souhaite que certains acteurs du football ne profitent pas de cette situation pour créer des polémiques inutiles. Q.O.: Que pensez-vous du feuilleton Kerbadj - LFP ? K.Z.: Pour moi, personnellement, et pour tout le bureau fédéral, cette affaire est close et nous nous concentrons sur l'avenir. Après avoir attiré l'attention de la LFP sur plusieurs entraves réglementaires par le bureau fédéral qui avait fait auparavant quelques remarques de gestion, le bureau fédéral s'est réuni à Sétif et a pris en toute transparence la décision de retirer la délégation de gestion des deux championnats professionnels à la LFP. Nous l'avons fait dans l'intérêt de notre football pour mettre fin à certains réflexes. On a pris les décisions qui s'imposent en toute responsabilité. La décision de retrait a été prise selon les règlements en vigueur et à l'unanimité par le bureau fédéral. D'ailleurs, même le TAS a confirmé notre décision. En outre, le jugement du tribunal administratif d'Alger a confirmé la décision déjà prise en faveur de la FAF par le TAS, et qui conforte ainsi l'instance fédérale dans sa démarche qui n'a fait qu'agir dans le cadre strict de ce que lui confère la loi et appliquer la réglementation en vigueur. A présent, nous sommes en train d'étudier la situation afin de mettre en place les mécanismes nécessaires pour restructurer la LFP et revoir le côté juridique de gestion ainsi que ses statuts. Il est certain, qu'avec l'élection d'un nouveau responsable, ce sera un nouveau démarrage sur de nouvelles bases. Q.O.: Beaucoup de rumeurs circulent ces derniers temps autour de l'EN et du sélectionneur Rabah Madjer. Votre commentaire ? K.Z.: Les rumeurs n'arrangent pas les affaires de l'EN et celles du football national. C'est l'équipe de tous les Algériens ce qui signifie, à mon avis, que nous devons tous se mobiliser derrière elle. Même s'il est encore prématuré de porter un quelconque jugement sur le travail de Madjer et son staff. Personnellement, je pense que le premier bilan du staff technique national n'est pas du tout mauvais comme le pensent certains. Le facteur temps est déterminant afin de lui permettre de mettre en place son programme de travail en fonction des échéances qui attendent l'EN et des objectifs assignés. De notre côté, nous ne ménageons aucun effort, en tant que bureau fédéral, pour mettre l'EN et son staff dans les meilleures conditions possibles. A cet effet, je lance un appel à tous les acteurs de l'EN d'éviter les déclarations qui ne servent en rien les intérêts de notre équipe nationale et de notre football. L'Algérie est et restera une grande nation de football et, à l'avenir, nous devons éviter ce genre de comportements pour faire avancer les choses. Pour cela, je me suis entretenu dernièrement avec Madjer et le manager général de l'EN Hakim Meddane, pour débattre la situation. Ce fut une réunion fructueuse à tous les points de vue et nous nous sommes engagés à mettre tous les moyens à la disposition de l'EN afin d'atteindre les objectifs tracés en 2019. Q.O.: Où en êtes-vous avec le projet de réforme du football national ? K. Z.: Il fallait d'abord procéder par priorité, ce qui nous a pris un peu de temps car il fallait bien réfléchir sur les mécanismes à mettre en place pour éviter de tomber dans les mêmes erreurs. Il fallait, dans un premier temps, procéder à la restructuration d'où la nomination de Rabah Saâdane comme DTN et Boualem Charef comme directeur des équipes nationales. Aujourd'hui, on aborde la suite du travail qui nous attend pour relever le défi. Le chantier est aussi grand que la responsabilité qui pèse sur le bureau fédéral, appelé à trouver les solutions pour le développement du football algérien. A présent, la réforme du football national est en marche. Nous sommes sortis avec des résultats probants lors de du dernier symposium qui nous a permis d'analyser tous les aspects du football algérien et dégager des recommandations à suivre pour réaliser les objectifs assignés quant à la refondation du football algérien. Les recommandations de ce symposium sont appelées à être mises en œuvre avec le concours des pouvoirs publics après avoir installé le comité de mise en œuvre et de suivi de ces recommandations selon un plan de travail qui a été mis sur pied avec des tâches bien définies des membres du comité. Q.O.: Où en êtes-vous avec le projet lié à la formation des jeunes ? K.Z.: La colonne vertébrale du football a été définie avec l'installation de Rabah Saâdane et de Boualem Charef. Après un état des lieux, nous avons établi une feuille de route, en déterminant les actions qui seront entreprises par les responsables techniques concernés. Boualem Charef, directeur des équipes nationales, aura pour mission prioritaire de mettre en place des sélections nationales permanentes qui travailleront sur le long terme et qui ne seront pas dissoutes systématiquement après d'éventuels échecs ou éliminations des compétitions dans lesquelles elles sont engagées. D'un autre côté, nous avons pris la décision de renforcer au fur et à mesure la direction technique nationale selon les besoins de celle-ci. Nous sommes satisfaits du travail effectué jusque-là au niveau de la DTN. Il faut reconnaître qu'un gros travail a été fait au niveau de la formation des différentes équipes nationales jusqu'à l'heure actuelle. Mais, ce n'est pas du jour au lendemain que nous allons récolter les fruits de ce labeur, c'est dire que cela nécessite du temps pour avoir les résultats escomptés. Q.O.: Un mot sur vos relations avec la CAF et la FIFA K.Z.: Jusqu'à preuve du contraire, nous avons de bonnes relations avec la CAF et la FIFA comme en témoigne l'intégration de Bachir Ould Zmirli à l'une des commissions de la structure continentale. Encore plus, nous avons eu des rencontres avec des responsables de fédérations africaines dans la perspective de signer prochainement des conventions qui seront, à mon avis, profitables à nos jeunes sélections nationales. Lors de mon dernier entretien avec le président de la CAF, Ahmad Ahmad, ce dernier m'a fait la promesse de venir pour une visite en Algérie après la coupe du monde 2018. A travers cette visite, nous comptons renforcer davantage nos relations et notre partenariat avec l'instance continentale. Quant à la FIFA, son président Gianni Infantino s'est dit prêt à soutenir la FAF dans son plan de refonte du sport-roi en Algérie et s'est dit prêt à contribuer financièrement dans les études et la construction des quatre centres fédéraux de formation que nous projetons de construire prochainement dans quatre régions du pays. Lors de notre dernière rencontre, le président Infantino nous a assurés du soutien de la FIFA et de son staff pour nous accompagner dans notre politique de développement. Cela a été confirmé par le directeur général zone Afrique et Caraïbes de la division associations membres de la FIFA, Veron Mosengo-Omba, lors de sa dernière visite à Alger. Q.O.: La désignation du MCA comme troisième représentant de l'Algérie à la prochaine coupe arabe a suscité bien des commentaires K.Z.: Le choix du MCA en tant que troisième représentant de l'Algérie dans le championnat arabe répond aux critères déterminés par le bureau fédéral. Ce sont des critères techniques déterminés collégialement par la FAF pour permettre une meilleure représentativité de l'Algérie. On travaille dans un esprit de collégialité. Chaque point est débattu par les membres du bureau fédéral. Tout cela dans le cadre de la répartition des tâches au sein du bureau fédéral. Q.O.: Un mot pour conclure K.Z.: Nous avons été élus pour une mission bien déterminée, celle de reconstruire le football algérien qui est aujourd'hui en perte de vitesse. Nous sommes concentrés sur notre travail, et c'est là où se situe la réponse du nouveau fédéral. Nous n'avons pas de baguette magique. La refondation du football national constitue le cheval de bataille du nouveau bureau fédéral, mais cela nécessite du temps pour récolter ce que nous sommes en train de semer pour permettre au football algérien de revenir au-devant de la scène. En ce qui nous concerne, nous sommes pleinement concentrés sur nos objectifs. Nous voulons réussir notre mission et nous ferons tout pour y arriver.