L'octroi des autorisations par le ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière pour les essais cliniques des médicaments a été réduit à deux mois. Un délai qui reste acceptable comparativement aux années précédentes où l'autorisation n'était remise qu'après six mois et plus et parfois jamais. Cette nouvelle disposition a été inscrite dans le projet de loi de la santé en débat actuellement à l'APN. C'est d'ailleurs ce qu'a confié au Quotidien d'Oran le professeur Adda Bounadjar, président de la société algérienne de formation et recherche en service oncologie (SAFRO). Pour ce professeur la réduction des délais est bénéfique «si elle sera effectivement appliquée sur le terrain». Pour lui les essais cliniques constituent un enjeu important en terme d'accès aux médicaments innovants pour les patients et un moteur dynamisant la formation et notamment la recherche clinique algérienne. Il a indiqué que les grandes firmes pharmaceutiques fuient l'Algérie en raison des difficultés pour avoir les autorisations pour des essais cliniques de médicaments. Elles choisissent le Maroc et la Tunisie qui leur accordent toutes les facilités possibles. Ce qui est en faveur de notre pays, note le professeur, est le fait que ces essais sont proposés à l'Algérie après avoir subi le troisième ou le quatrième test. Ces essais sont très importants, sachant qu'il existe souvent des différenciations génétiques des populations humaines pour la réponse aux médicaments qu'il faut impérativement prendre en considération. Le président de la SAFRO et vice-président de l'Association des médecins arabes de lutte contre le cancer (AMAAC), Adda Bounedjar, a affirmé que récemment un de ses étudiants, en l'occurrence Derbouz Zoubir, a obtenu le deuxième prix à Tunis lors du 18ème congrès Panarabe contre le cancer. Justement, l'étude portait sur l'évaluation des effets secondaires de la chimiothérapie chez la population algérienne, dont les résultats ont démontré qu'il y a toute même une différence par rapport à la théorie. L'étude qui a été réalisée au CHU Frantz Fanon de Blida a ciblé, selon le professeur, 40 patients qui ont subi une cure de quatre séances de chimiothérapie. Effectivement, les résultats ont démontré que contrairement à la théorie, les effets secondaires des trois médicaments chimio-thérapeutiques contenant des sels de platine (Cisplatine et l'oxaliplatine et le carboplatine) sont d'un degré de toxicité différent chez la population algérienne par rapport à d'autres population et par rapport à la théorie ou à la «notice». Mais toujours est-il qu'il faut d'abord généraliser cette étude sur l'ensemble des centres d'oncologie en Algérie pour l'obtention de résultats définitifs, conclut le professeur. L'autre facteur qui pourrait faciliter l'accès de l'Algérie au médicament innovant à des prix plus au moins réduits, «est la création d'une agence du médicament maghrébine ou arabe», dira le professeur Bounadjar, pour être au diapason de tous ce qui concerne les médicaments innovants en oncologie et surtout pour mieux négocier, en groupe, les coûts des traitements innovants. Le professeur a regretté le fait que tous les pays arabes ou maghrébins négocient en solo l'enregistrement des médicaments innovants. Contrairement à l'agence européenne des médicaments qui œuvre pour assurer l'accès aux traitements innovants en négociant collectivement les prix avec les firmes pharmaceutiques, qui souvent sont exorbitants. Certes, dit-t-il, l'Algérie a pu enregistrer, rien que pour le début de cette année, une dizaine de traitements innovants contre le cancer, dont l'immunothérapie qui a été enregistrée en janvier 2018 et qui est cédée à 10.000 euros pour une cure d'un mois. «On doit penser désormais à créer une instance régionale pour l'accès aux médicaments innovants à des prix meilleurs», espère-t-il.