Snobé par Donald Trump en raison du soutien marqué que le Maroc a prodigué à sa rivale démocrate Hillary Clinton lors de la course à l'élection présidentielle américaine et en délicatesse avec la famille régnante saoudienne pour son refus de rompre avec celle du Qatar accusé par Ryadh de financer le terrorisme et d'entretenir de coupables relations avec l'Iran, l'ennemi intime et absolu de la monarchie wahhabite, le roi Mohammed VI est en quête de son absolution par ces deux acteurs internationaux dont son royaume ne peut se passer des subsides et de l'appui diplomatique vitaux que leurs Etats lui dispensent. Pour ce faire, il s'en est pris à l'Iran sachant que dans l'état de guerre pratiquement ouverte dans lequel sont les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite avec ce pays, Donald Trump et Salman lui en marqueront de la reconnaissance et cesseront de le bouder. Le monarque alaouite a en effet décrété la rupture des relations diplomatiques de son pays avec l'Iran en la justifiant par des considérations qui vont dans le sens des griefs que Washington et Ryadh formulent à l'encontre de Téhéran. Rabat s'en dit détenir des preuves attestant que le Hezbollah soutenu par l'Iran «entretient des rapports avec le Front Polisario de façon à porter atteinte à la sécurité et à la stabilité du royaume» notamment en le finançant et en entraînant ses éléments et que Téhéran serait l'inspiratrice de cette «collusion anti-marocaine». Les officines du Makhzen qui ont soufflé au roi l'idée de s'en prendre au Hezbollah et à l'Iran en étant certains que cela produirait un effet favorable à Washington et Ryadh ont en même temps cherché à nuire à l'Algérie auprès de ces deux capitales en en faisant la complice de leur présumé dessein de déstabilisation du royaume. En rompant avec l'Iran, le roi du Maroc a peut-être trouvé le moyen de se réconcilier Washington et Ryadh qui s'activent à former une alliance diplomatico-militaire la plus large possible contre l'Iran, mais s'est fourvoyé en s'en prenant à l'Algérie. Rabat a formulé des accusations gravissimes contre notre pays dont la véracité n'a été démontrée par aucune preuve probante, le Makhzen n'en ayant produit aucune tout en s'ingéniant à assener des affabulations aussi grotesques que pitoyables exactement comme l'a fait Benyamin Netanyahu à l'égard de l'Iran. La pseudo-collusion entre le Hezbollah et le Front Polisario que les services marocains ont «opportunément» découverte permet au Maroc de diaboliser dans le même temps Téhéran et Alger avec le calcul que cela vaudra à cette dernière la rancune et de Washington et de Ryadh sans compter celle évidemment de Tel-Aviv. Le tout étant pour Rabat d'en tirer dividende dans l'affaire du Sahara Occidental. A trop forcer sur les mensonges et les grossières tentatives d'intox, le Makhzen a perdu pied en cette affaire. Après avoir présenté le Polisario comme une organisation terroriste ayant des liens «avérés» avec Al-Qaïda avec la bénédiction de l'Algérie, le voilà qu'il le dénonce comme faisant cause commune avec l'arc chiite et ses deux composantes «agressives», l'Iran et le Hezbollah, mais toujours sous la tutelle algérienne. A ce degré d'incohérence auquel est parvenu le comportement des autorités marocaines, l'Algérie se doit d'avoir une vigilance extrême car il est révélateur que le pays voisin est tenté par l'aventure pour peu que son allégeance platement formulée à l'endroit de Washington et Ryadh lui rapporte leur absolution permissive.