Ce n'est pas «l'effet ramadhan». Mais l'expression claire que les institutions du pays multiplient les décisions incompréhensibles, sinon mal expliquées. Et finissent par perdre toute crédibilité. Il y a d'abord cette explication sortie de nulle part du gouvernement sur les raisons, difficilement acceptables, qui l'ont amené à augmenter les taxes sur certains documents administratifs dans le projet de loi de finances complémentaire pour 2018 (PLFC 2018), retoqué sur demande du Président. Une explication qui laisse dubitatif sur cette posture du gouvernement, alors qu'officiellement le texte du projet de loi n'a pas été encore rendu public. Le Premier ministère, qui a expliqué la hausse des droits de timbre sur les nouveaux documents biométriques (passeport, permis de conduire, carte d'identité nationale et carte grise), avait-il le droit de faire en quelque sorte une 'mise au point'' alors même que le texte n'a pas été encore examiné en Conseil des ministres ? A ce stade du débat, il aurait été avisé, de la part du Premier ministère, d'expliquer, en cette période d'austérité, les raisons de la confection d'une loi de finances complémentaire, moins de cinq mois après le début d'exécution de la loi de finances 2018. Et, en particulier, était-il nécessaire d'y recourir, alors que globalement les grands indicateurs macroéconomiques se comportent plutôt bien avec une réduction du déficit commercial et une hausse des cours de pétrole ? Le gouvernement Ouyahia, qui a été très prompt à s'expliquer, comme pour justifier des hausses intolérables sur les franchises des documents administratifs les plus demandés par les Algériens, aurait gagné en sympathie citoyenne s'il avait eu le courage de s'expliquer sur les véritables raisons de ce correctif budgétaire. Car, il est établi que l'actuel Premier ministre a toujours eu recours à des LFC à chaque fois qu'il est appelé au Palais du gouvernement. On se rappelle surtout la très austère LFC de 2009 qui avait non seulement gelé les crédits à la consommation, mais introduit le catastrophique crédit documentaire pour réguler le volume des importations. Et, surtout, le très controversé droit de préemption. Des experts se posent ainsi la question de la pertinence d'une LFC pour 2018 alors que les grands équilibres budgétaires commencent à se redresser, notamment avec ce vent frais venu des marchés pétroliers. Et que le gouvernement n'a pas à ajuster, en ce moment, ses dépenses, à moins d'une crise financière majeure. Ensuite, il y a ce blocage subit du projet de règlement intérieur de l'APN qui confirme cet état d'incertitude que renvoie la gestion des affaires courantes du pays. Car l'inquiétude est de mise lorsque les représentants du peuple, en particulier au sein du groupe parlementaire qui a la haute main sur les décisions finales du Parlement, se préoccupent plus de leurs acquis et avantages, en invoquant le droit «d'absentéisme », que l'avenir économique et social du pays, sa croissance et son développement. Le report de l'examen et l'adoption du projet de règlement intérieur au sein de l'APN n'est pas pour faire grandir cette institution du peuple à qui sont confiés la gestion, l'examen et l'adoption des lois qui font fonctionner le pays, dont les lois de finances. Enfin, il y a cette embarrassante accusation d'une organisation onusienne selon laquelle l'Algérie maltraite les migrants subsahariens et les expulse dans des conditions «inhumaines ». Là aussi, les explications du gouvernement restent vagues.