La sécurité de la Tunisie et de ses frontières est importante pour l'Algérie, a affirmé jeudi à El Tarf le ministre de l'Intérieur Nouredine Bedoui lors d'une visite de travail dans cette wilaya où il s'est rendu au poste frontière d'Oum T'boul. «La coordination algéro-tunisienne en matière de sécurité et d'échanges d'informations est permanente», a-t-il expliqué, avant de souligner que l'Algérie et la Tunisie travaillent de concert pour «relever le défi sécuritaire ensemble et en étroite collaboration». Dimanche dernier, la Tunisie a une nouvelle fois été victime d'une attaque terroriste, près du mont Chaambi, fief de plusieurs branches d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et de l'Etat islamique (EI). L'attaque avait ciblé une patrouille de la Garde nationale, faisant six morts et trois blessés lorsque leur voiture a été attaquée avec un engin explosif artisanal près de la ville de Aïn Soultane, dans le gouvernorat de Jendouba. L'attaque terroriste a été ensuite revendiquée dans la nuit de dimanche à lundi par le groupe de la branche tunisienne d'Aqmi, Okba ibn Nafaa. L'Algérie, par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères Abdelaziz Cherif Benali, avait condamné «avec force» cet attentat terroriste. Cette attaque avait en même temps rappelé que des groups terroristes sont toujours présents au mont Chaambi, que les forces de sécurité tunisiennes n'ont pu jusqu'à présent déloger, ni éliminer. Au sein de la classe politique tunisienne, cela a provoqué un choc, certains milieux ayant ouvertement accusé les milices et autres groupes djihadistes libyens. Le ministre algérien, qui a réitéré la condamnation de l'Algérie de cette attaque terroriste, a réaffirmé l'engagement de l'Etat algérien à «lutter contre les résidus du terrorisme jusqu'à l'éradication de ce fléau». M. Bédoui a également rappelé l'importance de «poursuivre la coordination» entre les deux pays dans le domaine sécuritaire. Mais, plus que toute autre préoccupation, c'est le secteur touristique tunisien, selon ces milieux, qui est visé. «Aucune annulation n'a été enregistré« a assuré en revanche Khaled Fakhfakh, le président de la fédération tunisienne de l'hôtellerie. Comme la présence de M. Bédoui au poste frontière d'Oum T'boul pourrait être interprétée comme un message aux autorités tunisiennes, après que des informations ont fait état d'une hausse des tarifs des hôtels tunisiens concernant exclusivement les touristes algériens. Le ministre algérien a appelé dans des déclarations à la presse durant sa visite au poste frontalier d'Oum T'boul, à la promotion «des relations commerciales entre l'Algérie et la Tunisie», et au renforcement «de l'échange des expériences, notamment dans le secteur du tourisme». Là également, Khaled Fakhfakh a démenti les propos du secrétaire général adjoint du Syndicat algérien des agences de voyages (SNAV), Cherif Menacer, selon lequel les hôteliers tunisiens ont augmenté leurs tarifs pour les seuls touristes algériens. Selon le président de la fédération tunisienne de l'hôtellerie, cette hausse des tarifs «a été décidée par l'ensemble des hôtels et pour tous les clients». Pas de discrimination, donc, qui viserait les touristes algériens. Selon des tours opérateurs tunisiens, cette hausse des tarifs des hôtels est due à la chute du dinar, appelant «les touristes algériens à faire leurs réservations par le biais des agences de voyages, cela leur permettrait d'obtenir des tarifs plus avantageux». Toujours au niveau d'Oum T'boul, le ministre de l'Intérieur a par ailleurs inauguré «le pavillon piéton», aménagé de manière à assurer aux voyageurs transitant par ce poste frontalier un bon confort et un bon accueil. Sur place, le ministre, qui a souligné l'importance de recourir, durant les formalités douanières, au système de gestion du flux des voyageurs par anticipation, a mis en exergue l'impact de ce système dans l'amélioration du service et la réduction du délai d'attente des touristes transitant par ce poste frontalier. Selon les données présentées au ministre, le poste frontalier d'Oum T'boul est le plus important des frontières algéro-tunisiennes, avec un flux de plus de 2,4 millions de touristes, soit 52% des flux en 2017 par rapport aux postes frontaliers d'El Ayoun (wilaya de Tarf), d'El Hadada (wilaya de Soukh Ahras), et de Bouchebka dans la wilaya deTébessa. Une hausse de touristes de 60% en 2017 par rapport à 2016. Ce poste frontalier est prisé par les touristes algériens car il est à moins de 2 kilomètres de la ville côtière de Tabarka, puis vers Beja ou Bizerte par la côte. Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur a rencontré les responsables et la société civile, avec comme ordre du jour les préoccupations en matière de développement local, l'emploi, et l'habitat dont l'habitat rural. Le ministre a annoncé sur place plusieurs mesures pour améliorer la situation, avant de pointer du doigt la bureaucratie qui bloque tous projet d'investissements dans la région. La lutte contre les incendies de forêts, avec le début de la saison estivale, et la protection de l'environnement ont été en outre l'autre axe important du déplacement dans la wilaya d'El Tarf de M. Bédoui, qui a visité un camp de jeunes dans la région du lac Tonga.