Les infections virales négligées ou mal traitées peuvent entraîner des cancers du cou ou de la tête. C'est ce qu'a confié le professeur Adda Bounedjar, président de la société algérienne de formation et recherche en Oncologie (SAFRO) et chef de service d'Oncologie médicale au CHU de Blida, au Quotidien d'Oran'. En précisant que le cancer de la tête et du cou touche beaucoup plus les sujets jeunes, dans les pays du Maghreb dont l'Algérie, contrairement aux pays occidentaux, où la tranche d'âge touchée par ces cancers est celle de plus de 60 ans. Et d'ajouter que même les causes ne sont pas les mêmes, puisque en Occident, c'est surtout la consommation du tabac et de l'alcool, mais dans notre pays et dans notre région, c'est généralement les infections virales non traitées qui sont à l'origine de ces types de cancer. On ne parle pas des infections virales dites ordinaires telles que la grippe, le rhume, l'angine, ou encore la rhinite, mais les infections qui sont incriminées sont le plus souvent le Papilloma, virus humain appelé le «HPV ». Un virus très courant qui peut affecter la peau et les muqueuses qui bordent certaines parties du corps à plusieurs endroits. Certaines formes de ce virus sont connues pour être cancérigènes. Les spécialistes alertent, si l'infection n'est pas éliminée et si elle n'est pas bien traitée, la personne atteinte peut bien développer un cancer de la tête ou du cou. C'est le cas, aussi, du virus d'Epstein Barr (EBV) qui est un virus de la famille des Herpès et qui peut entraîner un cancer du Cavum, s'il est négligé ou mal traité. Ce type de cancer n'existe que dans les pays du Maghreb (Algérie, Tunisie et Maroc) et en Chine, précise le Pr Adda Bounedjar, d'où la nécessité de faire des études pour mieux cerner «ces cancers» afin d'assurer une meilleure prise en charge des malades et pour adopter une meilleure stratégie de prévention. Le professeur Adda Bounedjar a beaucoup insisté, lors de la tenue du 1er Master class sur les cancer de la tête et du cou qui a été organisé, dernièrement, par la Société algérienne de formation et de recherche en Oncologie (SAFRO) en collaboration avec l'Association des médecins arabes de lutte contre le cancer (AMAAC), sur la nécessité de développer davantage les études cliniques, en Algérie. Et ce, en impliquant précise-t-il, le maximum de patients «d'autant plus qu'en matière de cancer du cavum, les malades algériens ne peuvent même pas bénéficier d'études internationales du moment que sa localisation se situe au Maghreb». Le Pr regrette qu'en Algérie, les études cliniques, pour tous les types de cancers, n'impliquent que 100 malades alors qu'à l'étranger elles dépassent les 30% du nombre de malades atteints de cancer.