Le vice-ministre de la Défense et chef de l'état-major de l'ANP, le général de corps d'armée Gaïd Salah, a balayé jeudi dernier on ne peut plus sèchement et catégoriquement les supputations ayant été échafaudées par le landernau politico-médiatique à partir du présupposé que le chef du parti MSP Abderrazak Mokri n'aurait pris l'initiative de relancer la proposition d'une feuille de route politique prévoyant l'instauration d'une transition dont l'institution militaire en serait le pilote et le garant qu'après s'être assuré que cette dernière serait disposée à s'impliquer dans cette démarche. Gaïd Salah l'a fait en rejetant toute idée d'implication directe de l'institution qu'il commande dans une quelconque initiative politique et en traitant les supputations ayant crédité le contraire de dérisoires élucubrations dont certaines personnes et parties sont coutumières à l'approche de chaque échéance électorale. Le chef de l'état-major de l'armée a formulé le rejet par l'armée de la suggestion émise par Mokri en usant de propos dénués d'ambiguïté ou susceptibles d'interprétations tendancieuses. Le message qu'il a ainsi délivré au nom de l'armée dément qu'il ait eu connivence de celle-ci avec Mokri et les milieux qui marchandisent l'option d'une transition et ont même été jusqu'à prétendre qu'il y aurait eu deal sur celle-ci entre le président du parti islamiste et le chef de l'état-major. Si Gaïd Salah n'a pas précisément dévoilé qui sont ces milieux qui cherchent à impliquer l'ANP dans l'initiative politique de Mokri, il a tout de même porté à leur encontre l'accusation de se croire investis d'un droit de tutelle sur l'armée qu'il leur a fermement récusé et de la sorte a donné à comprendre qu'il cible la flopée de généraux à la retraité qui se penseraient toujours en capacité de dicter ses positions à l'institution militaire. Il apparaît plausible que ce sont certains d'entre eux qui ont soufflé au chef du MSP l'idée de relancer le débat sur la transition et l'ont assuré qu'ils s'emploieront à la faire prendre en compte par le commandement de l'institution militaire. Si cela a été le cas, Abderrazak Mokri aurait fait preuve indubitablement de naïveté en n'ayant pas intégré que dans le système algérien les « ex » qu'ils soient politiques ou militaires perdent irrémédiablement toute emprise sur les centres décisionnels du pouvoir. La remise des pendules à l'heure signifiée par le chef de l'état-major a dû le sonner et lui faire prendre conscience qu'il a été l'objet d'une instrumentalisation dont il résulte pour lui d'avoir perdu sur tous les plans. Dans son propre parti où il ne manquera pas de lui être reproché de s'être engagé à la légère dans une démarche qui par son échec jette le discrédit sur le MSP, au sein du courant islamiste dont il aspire au leadership mais où les partis qui en sont constitutifs ont condamné sa démarche, sur l'échiquier de l'opposition au régime qu'il a déjà échaudée en mettant à mal ses tentatives de constituer un front solidaire face à ce dernier. Et enfin dans l'opinion publique blasée par les ambiguïtés du positionnement du MSP tant à l'égard du pouvoir que de l'opposition.