Le président du MSP a commis une grave erreur de méthodologie en formulant son offre politique L'ANP connaît ses missions et s'en tient à la légalité républicaine qui la met sous l'autorité du chef de l'Etat. Après les réserves émises par le FLN sur la proposition du MSP qui entendait donner à l'Armée nationale populaire un rôle de garant d'une transition politique qui se ferait en dehors de la légalité constitutionnelle, l'institution militaire, par la voix de son chef d'état-major, a définitivement fermé «la petite parenthèse politique» de l'été. Les propos du général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, sont on ne peut plus clairs et relèvent objectivement du bon sens, en raison principalement des missions qui sont les siennes et surtout du simple fait qu'elle est sous l'autorité directe du président de la République. En d'autres termes, lorsqu'on veut impliquer l'Armée nationale populaire dans n'importe quel processus, c'est à son chef suprême qu'on est censé s'adresser. Or, dans son «offre estivale», le président du MSP est passé outre cette règle universelle et s'est fourvoyé dans une logique anticonstitutionnelle en faisant mine «d'oublier» qui est le seul et véritable chef de l'ANP. De fait, la transition qu'il dit promouvoir, porte en elle une sémantique «complotiste», voire «putschiste», à bien suivre le raisonnement du parti islamiste. La réaction forte et sans nuance du vice-ministre de la Défense nationale vient remettre de l'ordre dans une proposition qui porte en elle les germes d'une dérive politique et institutionnelle, dont les conséquences seraient un véritable saut dans l'inconnu. En relevant qu'«il n'est autre tuteur pour l'ANP, digne héritière de l'Armée de Libération nationale, que les orientations de Son Excellence, le Moudjahid, le président de la République, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale», le chef d'état-major ne fait rien d'autre que rappeler une réalité constitutionnelle et incontournable. Toute initiative, qui remet en cause ce principe essentiel, est frappée d'illégalité et remet en cause la crédibilité de son auteur. C'est dire que le président du MSP a d'abord commis une grave erreur de méthodologie en formulant son «offre politique». Il ne s'est pas adressé à la bonne personne. Pis encore, l'homme qui se donne la posture de l'opposant qui veut «démilitariser» le pouvoir en prenant langue avec l'armée, ne sait-il pas que le pouvoir en Algérie est d'essence civile? Le président de la République a le pouvoir de nomination et de radiation sur l'ensemble des cadres militaires du pays. S'il maintient de hauts gradés à leurs postes, c'est tout simplement parce qu'il estime que ces derniers servent la République. Toutes autres explications servies dans certains «cercles» relèvent de la pure rumeur. La faute politique de Makri aura été de croire à ses rumeurs, de bâtir toute sa stratégie sur le «qu'en dira-t-on» et sur les «il paraît que». La vérité tient dans le propos du général de corps d'armée et néanmoins, chef d'état-major de l'ANP. Le message est on ne peut plus clair: l'Algérie est dirigée par un civil conformément à une Constitution approuvée par les représentants du peuple. L'armée connaît ses missions et s'en tient à la légalité républicaine qui la met sous l'autorité du chef de l'Etat. Lequel a engagé un long processus de modernisation de l'Etat et de ses institutions. Entre 2011 et 2016, beaucoup de réformes ont vu le jour et couronnées par une révision conséquente de la Loi fondamentale. Le MSP, qui a été convié à tous les rounds du dialogue, fait mine de n'avoir rien vu et propose sa «transition» en dehors du processus politique initié par la présidence de la République. Quel crédit peut-on donc donner à un parti qui construit son combat politique sur le refus du dialogue pour ensuite appeler l'institution militaire en dehors de son chef légal à parrainer un autre processus sans queue ni tête? En fait, Abderezzak Makri sort de son rôle de premier responsable d'une formation politique et entre dans la «peau» d'un lobbéiste qui veut profiter de ce qu'il croit être une «opportunité en or» lui ouvrant les portes du pouvoir, sans recourir aux suffrages des Algériens. Disons-le clairement, Makri et son parti sont tellement loin de la moindre chance de déranger le chef de l'Etat électoralement qu'ils ont imaginé cette «entourloupe» politique en s'appuyant sur les «bruits» qu'émettent certains salons des hauteurs de la capitale.