De nouveau, les nuages se sont dissipés sur l'état des relations tumultueuses entre les principaux soutiens à un 5ème mandat du président Bouteflika. Moins de deux semaines après des déclarations «inamicales» de Djamel Ould Abbès sur les conditions qu'aurait posées le RND pour le soutien du candidat Bouteflika, les deux hommes forts du FLN et du Rassemblement se sont rencontrés lundi pour vraisemblablement mettre un terme à une étrange polémique sur le rôle des uns et des autres dans l'élection présidentielle de 1999. Au Palais du gouvernement, la tension est tombée et l'ambiance était plutôt bonne et l'incident clos, selon les déclarations des secrétaires généraux du RND et du FLN. Finis alors les moments d'incompréhension entre les deux responsables politiques ? Il faut le croire, car les déclarations faites à l'issue de cette rencontre ouvrent la voie à un raffermissement des liens stratégiques entre les deux partis qui ont un seul objectif: convaincre leur candidat, le président Bouteflika, à briguer une 5ème mandature et «à se sacrifier» une fois de plus pour l'Algérie. L'incident sur les propos de Ould Abbès sur ce qui s'est passé en 1999 serait clos et les deux responsables politiques appellent leurs troupes au ralliement, mais également pour raffermir le front du soutien à une dernière mandature du président Bouteflika. Les deux partis, en dépit des sorties médiatiques souvent hasardeuses de Djamel Ould Abbès, qui voit des ennemis politiques et des adversaires au 5ème mandat partout, y compris au sein de sa majorité, sont en phase pour aller avec leurs alliés, des partis-satellites, préparer l'élection de 2019 avec une candidature de Bouteflika qu'ils appellent de leurs vœux. Mais, au-delà de l'image idyllique de deux partis du pouvoir qui font semblant de se réconcilier après une brouille conjoncturelle, c'est de l'élection présidentielle et de ce qu'elle augure pour les Algériens qu'ils ont surtout parlé. De leur alliance stratégique, de leur soutien indéfectible à une candidature de Bouteflika, de la continuité politique et de l'état de la Nation. C'est comme si, et cela en a toutes les apparences, le FLN et le RND montrent à ceux qui en doutent qu'ils sont en réalité au sommet de la décision politique et qu'ils sont à la source des décisions stratégiques qui font tourner le pays. Leur appel répété à un 5ème mandat du président Bouteflika est, par ailleurs, un autre signe que ces deux partis ne veulent pas d'une autre configuration politique pour le pays autre que celle qu'ils défendent. C'est de bonne guerre, mais à condition que les termes de cette présidentielle remplissent les conditions que ne manquera pas de poser l'opposition. Le moment n'est pas encore venu pour ces jeux de coulisses et il suffit pour l'instant de relever que le FLN tout comme le RND sont de grands comédiens et jaloux de défendre leur audience auprès du chef de l'Etat dans la conduite de leurs affaires, car après quelques escarmouches sans lendemain, ce sont des retrouvailles un peu trop médiatisées. Comme s'ils jouent une partition qui leur a été préparée et qu'ils exécutent comme de simples acteurs d'un opéra qui a été écrit ailleurs, dans d'autres cercles, sans eux. A partir de là, on pourrait comprendre leur insistance à appeler le chef de l'Etat «à se sacrifier une fois encore» pour le pays. Alors qu'en face, l'opposition reste engluée sur des postures éculées et n'arrive pas à se rassembler pour rassembler un électorat qui ferait la différence pour une réelle alternance au pouvoir. Le tandem FLN-RND et leurs satellites peuvent déjà crier victoire, tellement les antagonismes brident l'action de l'opposition.