La démagogie jusqu'au bout. Même lorsqu'il y a une menace potentielle touchant la santé publique, celle des Algériens, et un péril épidémique qui menace tout un pays. Un des responsables de la Santé a donc eu le sens de la démesure en affirmant que ses services ont eu le courage d'annoncer aux citoyens qu'il y a une épidémie de choléra qui menace la santé des Algériens. Une maladie à déclaration obligatoire selon les recommandations de l'OMS, mais qui n'a pas incité ce même responsable et sa hiérarchie à déclarer depuis le début de l'apparition de cette maladie effroyable de quoi il s'agissait en réalité, car ils soupçonnaient que c'était bien le choléra qui est réapparu, 20 ans après avoir été «éradiqué». Entretemps, des cas de plus en plus nombreux se déclaraient sans que les services de ce ministère ne prennent la mesure de la dangerosité de l'épidémie, se cantonnant dans un étrange silence, allant même jusqu'à imposer une chape de plomb au sein des services sanitaires. Car lorsqu'on est devant des déclarations farfelues de gastro-entérite de responsables de la Santé, alors que les responsables des services sanitaires de proximité parlent plutôt de symptômes similaires au choléra, il y a indubitablement une volonté politique de masquer la vérité, de tenter de gagner du temps, alors que l'épidémie commence à devenir réelle, menaçante. D'autant que des interrogations se font jour, après la reconnaissance officielle de l'apparition de cette épidémie, sur le silence des autorités sanitaires et, surtout, le retard dans l'envoi de résultats des analyses demandées par les hôpitaux spécialisés dans les maladies infectieuses. En fait, le ministère et l'Institut Pasteur soupçonnaient depuis le début que le choléra était revenu et que les cas enregistrés étaient au moins à 50% confirmés. La question de savoir pourquoi ce long silence des autorités sanitaires sur une dangereuse affection, très contagieuse, que tout le monde croyait disparue, se pose d'autant que plus que la non-déclaration de cette maladie et le silence officiel seraient pour beaucoup dans l'instauration d'une véritable psychose au sein de l'opinion publique. Ce que des représentants du ministère de la Santé ont tenté d'occulter, incriminant tantôt l'eau de robinet, tantôt des aliments «infectés». Bref, le trop long silence des autorités sanitaires sur cette épidémie a achevé de braquer l'opinion publique qui savait cependant que la situation dans la wilaya de Blida et celle de Bouira notamment était préoccupante. Pour avoir sciemment imposé depuis le début un black-out sur la vraie nature de la menace sur la santé publique, les autorités sanitaires doivent des explications plus convaincantes aux Algériens, aux familles touchées et, dans la foulée, elles ont surtout donné du temps à la maladie de se propager en bloquant également l'information, vitale, que réclamaient les équipes médicales des hôpitaux chargés de la lutte contre les maladies infectieuses.